Non, je ne vous prends pas pour des truites.
Non, je n’ai pas bu.
Non, je n’ai pas Alzheimer.
Cependant, j’ai pensé qu’il serait de mauvaise foi de ma part d’exclure Benedict de mon joli panthéon. Mais retenez vos culottes les filles, au delà de l’acteur, c’est à la naissance d’un phénomène que nous allons nous intéresser.
Have you met Benedict Cumberbatch ?
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Profession: Acteur /producteur
Né le : 19 juillet 1976
Nationalité : britannique
Signes distinctifs : So british. Adorable sociopathe.
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- Le phénomène Cumberbatch.
Soyons honnête dès le départ: Comment un homme qui revendique de son plein gré d’avoir un physique de loutre et un nom qui sonne, je le cite « comme un pet dans un bain » a-t-il pu susciter un tel engouement mondial ?
Certes, le monsieur a du charme et un très joli regard mais son physique un peu atypique est bien loin des canons hollywoodiens, type Brad Pitt, avec le sourire à la barre fixe et la symétrie abdominale bien ordonnée. Alors pourquoi à 37 ans, le monde entier s’est-il retourné sur son passage, tandis que les portes dorées d’Hollywood s’ouvraient devant lui?
Le talent, mes doux agneaux, le talent ! D’Atonement à Three Stars en passant par Parade’s End, Hawkings ou Le Cinquième Pouvoir, Benedict Cumberbatch a su démontrer patiemment et avec brio sa capacité à se glisser dans les personnages les plus singuliers et pas forcément les plus confortables.
De la radio, du théâtre, du petit et du grand écran, cet homme-là semble savoir tout faire avec la même aisance et paraît jongler avec les prestations sans difficulté. Se glisser en motion capture dans la peau dans dragon ou prêter sa voix à un tigre ne semble pas plus lui poser de problème que de jouer des jumeaux à lui tout seul.
Bouleversantes, touchantes, dérangeantes mais jamais anodines, ses interprétations ont le don de venir cueillir les émotions tapies au fond de nous. A ce talent il ne manquait qu’un rôle pour se révéler et faire de Benedict Cumberbatch une icône du cinéma.
- Sherlock: naissance d’une icône et autres complications.
Le 25 juillet 2010, alors que la période n’est pas à proprement parler propice à un lancement de série, la diffusion du pilote de Sherlock va faire de Benedict Cumberbatch, une star, en une seule nuit. Une partie du public britannique va découvrir avec étonnement une perle qu’ils avaient déjà sous les yeux depuis de nombreuses années. En moins de deux ans, le reste du monde succombera lui-aussi au plus irrésistible des sociopathes, redécouvrant un personnage pourtant maintes fois incarné.
Mais pourquoi le personnage de Sherlock a-t-il fait grimper en flèche la côte et le sex-appeal de ce cher Benedict ?
Selon moi, la réponse peut se décomposer en deux points :
- La fascination de l’inaccessible ou l’attraction du génie: Depuis sa création par –rthur Conan Doyle en 1887, Sherlock Holmes n’a cessé d’exercer un étrange pouvoir d’attraction sur le public. Son impressionnante intelligence et sa science de la déduction fascinent. On se voudrait capable d’appliquer des méthodes si évidentes au quotidien mais on ne peut rester qu’éblouis devant la vitesse de réflexion et les facultés du brillant détective. Le personnage possède déjà auprès du public un fort potentiel de sympathie que la modernisation inspirée de Steven Moffat et Mark Gatiss et l’interprétation de Benedict n’ont fait que porter à son paroxysme : comment résister à un homme qui, d’un battement de cil, peut deviner l’intégralité de votre journée et ce qui a influé sur le choix de vos sous-vêtements ce matin ?
- L’art et la manière : Certains points du caractère du personnage d’origine ont été accentués dans la série, sans néanmoins le dénaturer. Sherlock est un goujat, un rustre, ignorant volontairement ou non des conventions sociales et des sentiments d’autrui. Il a fait d’ailleurs fait profession de se couper des émotions et sentiments, entraves du bon fonctionnement de la raison. Il est insupportable, grossier et on le soupçonne même parfois d’un peu de misogynie. Pourtant, le public l’aime. Inconditionnellement. Parfois à la limite du fantasme. Parce-que qui est inaccessible attire, intrigue. Mais aussi parce-que nous le voyons à travers les yeux du Docteur Watson, son ami le plus loyal et fidèle. Le seul en réalité. Celui qui le supporte inconditionnellement. Dans la série, outre le regard de Watson, nous avons aussi celui de Lestrade, de Mrs Hudson, de Molly, de Mary et même de Mycroft. Tous, en dépit de son comportement exécrable, lui portent une affection indéfectible. Pour Mycroft on n’en est pas franchement sûr… Ce sont eux qui influencent notre jugement, notre perception.
Liés par le talent incontestable de Benedict, ces deux points se sont cristallisés au point que bientôt le personnage et l’acteur se confondent dans l’esprit du public, comme deux images qui se superposent. Il faut dire que certains éléments dans ce cas vont favoriser ce glissement: l’image lisse et très britannique de Benedict Cumberbatch, son côté cultivé, mais aussi sa tendance à incarner des génies exceptionnels ou torturés comme Hawking ou Van Gogh vont venir nourrir cette forme de transfert.
C’est presque la création d’un personnage fantasmé. A ce instant-là ce que le public aime de Benedict, c’est ce qu’il aime de Sherlock. De fait c’est une véritable Cumbermania qui envahit à ce moment-là la planète cinéma.
- L’intelligence des choix : Cumberbitches, en route pour Hollywood, notoriété et complications.
La révélation de Benedict Cumberbatch auprès du grand public crée une sorte d’effervescence idolâtre autour de l’acteur et bientôt émerge le terme (navrant?) de Cumberbitches.
Personnellement, c’est un terme que je refuse absolument. Déjà parce que je trouve tout autant dégradant pour les femmes que gênant pour l’acteur. Ensuite, parce-que non merci, ma petite culotte va bien. J’admire profondément Benedict Cumberbatch. Du jour où je l’ai croisé dans Sherlock, j’ai su que je garderais un oeil sur sa carrière. C’est un plaisir pour moi de le retrouver au cinéma ou la télévision. Je serais sûrement médusée et ridicule si je me retrouvais nez à nez avec lui tellement je serais impressionnée. Et je pense qu’il serait extrêmement impressionné lui de la qualité de mon silence. Mais voilà, ça s’arrête là. Ceci étant dit, revenons-en à notre mouton.
Sherlock le propulse donc au rang de superstar et lui ouvre de nouvelles portes. Et c’est véritablement là qu’il révèle son intelligence. Pour éviter de se retrouver coincé dans une case étiquetée « genius » il diversifie énormément ses choix de rôles, passant d’un personnage de grand méchant (Star Trek into Darkness) à un court métrage indépendant qu’il co-produit (Little Favour), se dissimulant dans la peau d’un dragon (Le Hobbit), d’un loup (Les Pingouins de Madagascars), alternant les seconds rôles plus ou moins importants (Twelve Years a slave, Un été à Osage County) avec des rôles plus lourds (The Imitation Game) . Mais chacune de ses apparitions à l’écran est désormais remarquée et même scrutée à la loupe.
En outre, il ne délaisse ni les feuilletons radio (Cabine Pressure), ni les planches (Frankenstein, Hamlet).
En somme, il a l’intelligence de mener les choses comme il l’a toujours fait, sans oublier pourtant de s’imposer outre Atlantique en rejoignant les étalons de l’écurie Marvel avec le rôle de Doctor Strange ou en côtoyant Johnny Deep de près (Black Mass).
Est-il simplement conseillé, bien entouré ? Ou faut-il y voir une preuve d’intelligence ? En tous cas, il soigne son image, évite les scandales, protège sa vie privée en ne donnant que le strict nécessaire à rogner à la presse et ce dans les règles de l’art. Au passage, il fait complexer la moitié de son fandom en épousant la compagne parfaite, cultivée, qui bénéficie d’une notoriété d’estime dans son milieu professionnel.
A ceux qui le trouveraient trop british pour être honnête, il fait cadeau d’un faux pas en ne cachant pas son amertume d’un échec annoncé aux derniers Oscars, pour un film qu’il avait défendu corps et biens, avec une grande conviction personnelle.
Trop policé, trop bien élevé ? Alors pourquoi ne pas se fendre d’un photobomb sur le tapis des Oscars ou donner de sa personne pour un Ice Bucket Challenge qui fera date.
Surprenant Benedict Cumberbatch. Presque insaisissable. On le prend pour l’interprète attitré des génies torturés, on le retrouve à bramer :
On le trouve trop british sous ses allures de posh boy et il s’amuse comme un lycéen sur le tapis rouge.
Derrière celui qui sait si bien prendre la pose pour les photographes, se cache apparemment une singulière personnalité et surtout un acteur au talent précieux qui est bien loin de nous avoir tout montré.
Que l’Oscar lui ait échappé l’an passé est finalement peut-être une bonne chose. Cela lui aura évité de se brûler les ailes. A monter ainsi, si vite dans les étoiles, certains ont vite fait d’exploser en route.
En attendant entre Zoolander2, The Hollow Crown, Doctor Strange, The Current War et The Jungle Book : Origins, il n’a pas fini de nous étonner !
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