Si Neil Patrick Harris est devenu le présentateur vedette, coqueluche de toutes les cérémonies hollywoodiennes ou que le monde entier a appris à prononcer le nom de Cobbie Smulders, c’est sans aucun doute grâce à How I Met your Mother.
Retour sur une série qui aura marqué nos imaginaires collectifs, nos tics et nos manies.
Fiche technique.
Diffusion: 2005-2014
Showrunners : Craig Thomas, Carter Bays.
Casting: Josh Radnor, Alyson Hannigan, Neil Patrick Harris, Jason Segel, Cobbie Smulders, Cristin Milioti.
Synopsis.
Devenu père de famille, Ted Mosby raconte à ses enfants comment il a rencontré leur mère et replonge ainsi dans les souvenirs de sa vie de célibataire avec sa bande d’amis et de la longue errance que fut sa quête du Grand Amour.
Pourquoi ça marche.
A l’instar de sa grande soeur F.R.I.E.N.DS, How I Met your Mother s’adresse à un public de 25/35 ans. Le fil narratif principal de la série est la fameuse rencontre de Ted avec la mère de ses enfants, grand amour de sa vie.
Partant de ce point, le récit se construit autour des souvenirs de Ted et de son groupe d’amis pendant la période où ils font les frais du passage à l’âge adulte en tant que tel : vie active et carrière, colocations, relations familiales, déboires amoureux ou professionnels, installation en tant que couple, maternité et transition vers une stabilité matérielle et affective.
Si globalement le postulat de départ est assez banal avec le trio Amis-Boulot-Couple que l’on retrouve dans pas mal de séries du même type, How I Met your Mother se démarque par le fait que le Ted narrateur est omniscient, car c’est le Ted père et mari qui nous parle. Il anticipe donc la tournure que vont prendre les choses et considère son passé de façon relative, avec nostalgie mais également avec une certaine maturité.
Bon, relative aussi la maturité…
Les réactions de ses enfants, qui sont les seuls personnages du futur que l’on verra, nous donnent également des indices, car ils connaissent les protagonistes de ces aventures et possèdent des éléments que nous n’avons pas.
Ainsi que le souligne très judicieusement le Jarvis-Wiki, cela crée également des imbrications dans les situations d’énonciation avec des allers-retours entre différentes périodes de la vie de Ted lorsque l’épisode l’exige ou simplement des allers-retours entre la situation d’énonciation du Ted narrateur et l’action du Ted passé. Ces schémas permettent d’adopter le recul du personnage, d’avoir un décalage à but humoristique et de mieux apprécier les conséquences de certaines actions ou l’importance de certains détails par rapport à l’intrigue principale, tel le fameux parapluie jaune.
Autour de Ted gravite un quatuor de personnages à la fois originaux dans leurs personnalités et basiques dans leurs rôles pour faire progresser l’intrigue :
- Marshall et Lily: c’est LE couple de la série. Donc leur rôle est assez évident: ils sont l’élément conjugal référent. L’exemple stable qui fait envie ou qu’admirent les autres membres du groupe parce-qu’ils se sont trouvés et bâtissent quelque chose ensemble. Néanmoins, même pour eux la route sera longue, semée d’embûches et de remise en questions. Et le moins que l’on puisse dire c’est que l’un comme l’autre ne manquent pas de piquant. On pourrait même dire que leur couple fait des étincelles mais pas dans le sens péjoratif du terme. Loin du cliché du couple plan-plan, la vie de commune de Lily et Marshall est haute en couleur, sans pour autant oublier la réalité du quotidien et ses problématiques.
- Robin: C’est l’élément exotique du groupe: elle est canadienne. Oui on aura vu plus exotique mais le fossé culturel est immense. Elle a eu une carrière d’ado star assez girly alors que paradoxalement, elle a été élevée comme un garçon par son père qui regrettait qu’elle n’en fusse pas un. C’est un peu l’électron libre du groupe car elle n’hésite pas à prendre de la distance. Elle a un caractère fort et indépendant mais sa relation aux hommes reste compliquée car l’engagement et la stabilité semblent l’effrayer. De là à dire qu’il y a un lien de cause à effet avec sa relation avec son père, Docteur Freud nous voilà. Robin est un personnage intéressant de la série car sa complexité permet de faire jaillir de multiples rebondissements. Néanmoins il faut reconnaître que tous les personnages ont un passif relationnel ou émotionnel chargé, ce qui les rend à la fois crédibles et cohérents. Il est facile pour un public cible du même âge de s’y identifier et s’y attacher.
- Barney: C’est La figure iconique du groupe. D’un point de vue narratif, c’est le personnage séducteur, superficiel et immature, celui qui crée le contraste au sein du groupe car il dédaigne le couple et élève l’art de la séduction au rang de mode de vie à part entière. Il est caricatural par excès mais c’est le ressort humoristique et un élément narratif majeur car il est déclencheur de nombre de situations insolites dans lesquelles Marshall et Ted ne prennent pas longtemps pour plonger, parfois à leur insue. Pourtant, Barney lui aussi révèlera ses failles. En attendant il reste la figure phare de la série, auteur du fameux Bro Code, véritablement édité et vendu comme produit dérivé mais aussi d’un florilège de phrases comme de moments cultes.
La chose intéressante à retenir c’est que si Neil Patrick Harris a su insuffler à Barney ses talents de danseur, chanteur et magicien, le personnage en lui-même est devenu tellement iconique qu’il en a dépassé l’acteur. Il l’a presque mangé pour ainsi dire.
Et Ted dans tout cela ?
Eh bien il se situe clairement entre les figures masculines de Barney et Marshall. Par contraste, ceux-ci mettent en valeur tout ce qu’il est et ce qu’il n’est pas. Il est l’intello cultivé parfois barbant et le presque trentenaire qui se laisse encore entraîner par ses amis (en particulier Barney) à faire n’importe quoi.
Il est celui qui envie la stabilité de Lily et Marshall. D’ailleurs si ceux-ci adoptent parfois un rôle parental au sein du groupe, par des jeux d’équilibre, ils échangent régulièrement cette position avec Ted qui se fait alors la voix de la raison. C’est aussi le confident, l’ami qui a de touchantes attentions et le mec un peu maladroit sentimentalement. Bref, il n’est pas forcément le sex symbol de la série, cet aspect-là est clairement porté par Robin et Barney, mais il est l’ami qu’on aimerait avoir et le mec bien, un peu agaçant, qui gagne à être connu.
En quoi tout cela est-il intéressant ?
Eh bien, cela démontre que la série a été extrêmement bien construite. Outre son angle d’attaque narratif inhabituel, elle met en relation des personnages complexes, riches et psychologiquement construits. Du coup, cela insuffle une dynamique d’action et de fonctionnement. Une énergie qui fait que le concept fonctionne.
En dépit du fait que l’on connaisse l’issue de l’histoire dès son commencement – Ted va rencontrer l’âme soeur, se marier et avoir des enfants- le spectateur accroche, s’identifie, prend un certain plaisir à retrouver les personnages et continue d’être surpris alors que quelques running gags le plongent dans un environnement familier où il se sent complice des personnages.
Cependant, au bout de 9 saisons, on ressent l’essoufflement de l’inspiration et certains événements comme le mariage de Barney et Robin sont étirés à l’excès sur plusieurs épisodes. Les scénaristes parviennent malgré tout à créer encore la surprise sur l’ultime dénouement, sensé boucler la boucle. Mais pas pour le plus grand plaisir des fans, ou du moins d’une partie d’entre eux qui juge cette ultime pirouette décevante et inutile.
Quoiqu’il en soit, How I Met your Mother est une série qui su trouver son public, marquer le paysage télévisuel et l’inconscient collectif. Pour preuve, le personnage de Barney reste une référence pour une génération.
D’ailleurs grâce soit rendue au talent de ses interprètes, car ainsi que je le dis souvent, une bonne série découle en partie de l’alchimie et de l’harmonie entre les membres de son casting. On ne court pas 9 saisons enchaînés sans un minimum de coordination et d’investissement.
Sans dire pour autant qu’il s’agit d’une oeuvre impérissable, il faut reconnaître que How I Met your Mother aborde avec intelligence et originalité cette espèce de période transitoire où, pour le résumer prosaïquement, on est tiraillés entre le bonheur de l’inconscience et le besoin d’une certaine forme de stabilité. Ce que l’on pourrait appeler adulescence.
L’humour vient enrober, croquer ou caricaturer certaines situations dans lesquelles, pourtant, il n’est pas difficile de se reconnaître un peu et de rire de soi-même au fond.
Et c’est en cela que malgré une fin en 2014 en demi-teinte, How I Met your Mother reste une bonne série, agréable à regarder. Un bon moment entre amis.
Nota bene : c’est d’ailleurs d’une des vannes de la série que vient le nom de ma rubrique Have You met. Comprendront les initiés.
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