Vous l’aurez déjà remarqué, si vous avez fréquenté à un moment ou à un autre un spécimen, mais parler avec un Minion entre trois et six ans ( dix ans ?) relève souvent de l’expérience psychédélique.
Comme dirait Gad Elmaleh, les enfants de trois ans parlent couramment le mec bourré. Encore qu’à cet âge, ça passe. On se dit qu’ils sont dans l’apprentissage et qu’à la fin de la maternelle, ça va être mieux. On s’imagine déjà dans de grandes conversations philosophiques sur la vie.
Échec critique.
Déjà quand on les observe à l’école ou en récréation, on devrait avoir un doute.
Soyons francs, école ou pas, à cet âge, le fil de leur pensée n’est toujours pas totalement structuré logiquement. Par contre, ils veulent s’exprimer beaucoup plus, parce-qu’ils ont une vie intérieure riche et palpitante.
Ce qui nous vaut de passer de l’importance de manger ses petits pois à :
– Tu crois que l’éléphant il descend du mammouth ?
Là, les neurones court-circuitent. L’écart entre les deux sujets est trop violent. Je reste la main suspendue en l’air, un micro-caleçon en main. Je suis saisie d’un doute qui me fiche une angoisse terrible. Et là, je fais LE truc de la mère indigne. J’active la commande vocale du téléphone :
– Et si on posait la question à Google mon chéri ?
Je n’en suis pas fière. Mais déjà qu’il passe des journées à sauter du phoque à l’âne et qu’il y a des moments où je ne pige pas un broc de ce qu’il raconte. Alors si en plus il me pose une colle et qu’il faut se lancer dans les explications compliquées…
Et quand vous êtes un parent-geek, c’est pire. Enfin pire. Plus compliqué disons. Parce-que voyant que combien vos passions vous rendent heureux(se), que cela vous fait rire, pour se sentir plus proche de vous, votre Minion va tenter de les comprendre pour les partager. En se les appropriant à sa façon. Avec SON niveau de compréhension et de raisonnement.
De façon très approximative donc (cf article précédent sur le sujet (ici).
Le problème n’étant pas qu’il reprenne ces références dans son monde imaginaire. Je reste persuadée que Sherlock aurait fait un très bon sauveteur de montagne et que Mark Gatiss adorerait la moto. Non. Le soucis est que :
- On a déjà du mal à comprendre de quoi il parle en temps normal parce-qu’il saute d’un sujet à l’autre, mais alors s’il se met à mélanger le réel, ses jeux et le fictionnel… Bonjour !
2. Il arrive à vous couper le sifflet en replaçant des répliques de VOS séries. Ça promet l’adolescence. En plus, je sens la maîtresse moyennement enthousiaste sur la culture ciné.
3. J’ai eu un mal fou à lui expliquer que, même en étant le premier né, il n’y avait aucune chance qu’il devienne pharaon. Oui parce que, attention, c’est la ratatouille dans sa tête mais ça ne l’empêche pas d’avoir des raisonnements construits. C’est l’ordre d’énonciation des arguments qui est parfois aléatoires.
L’autre jour, quand je lui ai fait remarquer que sa chambre était un vrai souk, il m’a répondu que ce n’était pas la mort du petit cheval.
Hop, tiens ! Effet boomerang dans ta face !
Là mentalement, j’ai fait l’inventaire de toutes les expressions geeks ou sériephiles que j’ai pu lui sortir.
A ce rythme-là, à son prochain anniversaire, ça va être Suit up et It’s gonna be legend… wait for it. DARY mum !
Quand on est un parent geek, on n’est pas laxiste. Je vous l’ai déjà dit. Il est extrêmement rare que je laisse mon fils devant un écran, quel qu’il soit. Et il n’a évidemment jamais vu aucun épisode de Sherlock , The Big Bang Theory ou HIMYM.
Mais ce n’est pas simple non plus, car votre univers au quotidien est plus ou moins occupé par un référentiel diversifié avec lequel vous cohabitez. Or, vous êtes parents donc tout ce qui sort de votre bouche, tout ce qui fait partie de votre personnalité est globalement absorbé par votre enfant.
Seulement si vous êtes un adulte conscient, lucide et responsable. Au moins en partie, sinon légalement. A son échelle minionesque, le réel et l’imaginaire se mélangent de façon approximative. Comme l’huile et le vinaigre dans la vinaigrette en somme. Et la transition en une minute de la Cité de la Peur à Mimi Cracra peut parfois être un peu violente pour les neurones.
Alors, forcément, quand il tente de vous expliquer des trucs après une journée d’école, parfois ça donne ça…
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