Résumé.
Editions Buchet.Chastel. Parution: juillet 2016. Prix : 13€
A Tel-Aviv, un homme venu se recueillir sur la tombe de sa mère apprend par le hasard d’un courrier la mort de sa grand-mère dont il ignorait l’existence.
A travers les pages de son journal intime, il découvre le portrait d’une jeune juive de vingt plongée dans l’horreur de la guerre et de l’extermination. Une jeune femme résolue à vivre, quoiqu’il en coûte. Quitte à devenir un monstre… Devenu une de ceux que l’on nommera les chasseurs de Juifs, elle sacrifie ses compatriotes à l’ennemi pour sa propre survie.
Mon avis.
Inspiré de faits réels et de la vie de Stella Goldschlag, Vera Kaplan est une lecture peu évidente, en ce sens où elle nous met mal à l’aise, nous confronte à nos jugements, à nos interrogations, à la fameuse question du : qu’aurais-je fait si ….? Car, si dans ce récit la victime se fait bourreau, on ne peut occulter le sceau des circonstances et la torture morale que cela représente.
Imaginez un peu, avoir vingt ans et comme seule perspective, la mort ? Même pas une mort propre, nette. Non. Une lente agonie au service de ses bourreaux qui vous dépouille de votre humanité au fils des humiliations.
Pour Vera, face à cette perspective, c’est un instinct de survie monstrueux qui prend le dessus. Un désir de vivre qui confine à la folie douce et qui justifie tout. Entre déni et culpabilité, celle qui se nomme pourtant elle-même la putain, voit dans sa survie, celle d’un peuple, puisqu’à ses yeux, ceux qu’elle sacrifie pour elle sont déjà morts par leur résignation à leur destin. Étrange justification pour ne se laisser envahir par l’horreur et le dégoût de soi qui la rongent pourtant.
Personnage fascinant, sa volonté de vivre au delà de tout nous horrifie tout autant qu’elle nous bouleverse. Dans ce récit sobre, sans concession, ni parti pris, Laurent Sagalovitsch nous pose la question de notre jugement et du regard de l’Histoire par rapport aux circonstances. Sans jamais intervenir, ni prendre position, il nous interroge. Quand l’Histoire elle-même devient monstrueuse, comment s’étonner qu’elle engendre des monstres ? Car en vérité le destin de Vera Kaplan était inexorablement marqué du sceau de la tragédie, par le simple fait d’être née juive, à Berlin, en 1922.
« Dès le départ, elle n’avait aucune chance pour que son histoire se termine bien. »
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