« Lucie, Lucie c’est moi je sais,
Il y a des soirs comme ça où tout…
S’écroule autour de vous. »
Et surtout la programmation culturelle et télévisuelle. Installez-vous confortablement, cela fait un moment que je n’ai point poussé un petit coup de gueule. Depuis la mise en charpie de Canal par l’ami Bolloré au moins. C’est vous dire si je me retiens.
Or, donc, j’me baladais sur l’avenue, le coeur ouvert à l’inconnu, cherchant désespérant quelque sujet exploitable, digne de vous être conté. Quelque bon sujet geekesque de derrière les fagots. Lorsque l’évidence me frappa…
L’immensité de mon brutal manque d’inspiration de l’instant était aussi vaste que l’indigence de la programmation télévisuelle actuelle.
Non que la petite boite de lumière ne soit ma seule source de distraction et de culture. Loin de là, heureusement. Sinon, j’aurais déjà le cerveau confit dans la stupidité telle une marmelade Bonne Maman oubliée dans la cave par le grand-père en 1947.
Mais voilà: je ne peux pas m’acheter touuus les livres de la rentrée littéraire. Qui ne méritent d’ailleurs pas toujours tous qu’on leur porte attention. Je ne peux pas non plus voir tous les films qui m’intéresseraient. Et qui ne valent pas toujours le prix exorbitant de 12.90€ et une migraine, merci la 3D. Et le temps que les nouveautés des séries arrivent par chez nous, je peux ronger quatre fois mon frein. Sans parler de la saison 4 de Sherlock, parce-que là, ce n’est plus de l’attente, c’est une retraite dans un monastère bouddhiste.
Ainsi donc, chaque soir, le même rituel se reproduit. J’inspire profondément. Je fais une prière à Sainte Andouille (patronne des programmes désespérés) et Saint Antoine (patron des trucs perdus, ça peut servir). J’appuie sur la zappette magique et je fais le tour des chaînes. Et mon espoir se dégonfle comme un petit ballon de baudruche. La fatalité m’accable. Est-il vraiment nécessaire d’avoir autant de chaînes pour un tel ramassis d’indigence intellectuelle ?
Faisons un bref tour d’horizon, voulez-vous ?
- Les sempiternelles trois mêmes séries américaines. Les Experts Miami, Manhattan ou R.I.S. Bref un truc dont j’ai l’impression de sans cesse tomber sur les mêmes cinq minutes d’épisode. Peut-être est-ce les mêmes d’ailleurs ?
- Une rediffusion d’un spectacle d’humour, déjà rediffusé 5 fois minimum, type Les Chevaliers du Fiel. Contre qui je n’ai rien mais dont, à force, je connais les dialogues par coeur. Je peux garder le rythme du spectacle en faisant ma vaisselle, remarquez, pratique. Dans le genre, on a aussi Anne Roumanoff ou le Festival de Montreux, clôture, ouverture, fermeture, rouverture, présentation…
- Arte : c’est la nuit ! Donc soit un classique en noir et blanc, diffusé 15 fois mais qui peut servir de refuge intellectuel. Soit un téléfilm allemand. Soit le bon vieux documentaire sur le nazisme. Ça c’est la particularité d’Arte, ils ont forcément un truc sur le nazisme : la femme du Führer, ces français volontaires dans les forces d’occupation, le nazisme c’est mal en dix leçons. Le vendredi soir sur Arte c’est soirée nazie. Remarquez, ça reste de la culture, par défaut, cela ne peut pas faire de mal. Mais si on est dépressif et/ou paranoïaque, ça n’aide pas.
- Un film français. De préférence une comédie française. De préférence nulle. Histoire de se revaloriser le patriotisme. Il y en a forcément une sur une sur une chaîne qui traîne. J’ai fait l’expérience avec Hypercondriaque. On va éviter d’en parler, d’accord. Juste : PLUS JAMAIS ! Pourtant j’avais adoré Bienvenue chez les Ch’tis !
- Une rediffusion d’un film d’action qui marche toujours bien, type Die Hard. 350 visionnage des aventures de John McClane .Ultime refuge du désespoir.
- La nouveauté de plus de 8 mois que tu n’es pas allé voir au cinéma et que tu comprends mieux pourquoi.
- La nouveauté plus récente sur Canal, que tu voulais voir mais que c’est en crypté.
- L’Amour est dans le Pré OU le reportage catastrophiste choc qui t’explique à quel point sortir chercher du pain est devenu dangereux en France, surtout en Seine Saint Denis ou sur l’autoroute des vacances. D’ailleurs qu’il ne faut pas manger de pain, ni de gluten, ni de légumes, ni acheter de couches et que tout ce qu’on te vend c’est de la merde. Qu’après tu vas te coucher complètement flippé, persuadé d’avoir refilé 12 cancers à ton gosse. Spécialité M6, W9.
- Une rediffusion de Bones ou de NCIS. Dans le désordre, histoire de t’énerver encore plus en voyant réapparaitre des personnages déjà morts depuis deux saisons. Ou pire un épisode de Sherlock ou The Big Bang Theory en français ! Merci France 4 pour les versions multilingues et HeroCorp.
- Hanouna qui braille encore à 21h00 passées alors qu’on attend le film (ou un miracle !) et qui te donne envie de jeter ta télévision. Obligée de couper le son pour éviter l’urticaire.
- BFMTV: première chaîne de potins de France où les invités débattent sans s’écouter et donc inécoutable. Et où l’info en direct est faite par des mecs qui filment la neige en train de tomber…
Et soir après soir, le drame se renouvelle. Un vrai Jour de la Marmotte.
Oh je ne dis pas qu’il n’y a pas de petits miracles. Des petits programmes sympas. Mais comme disait l’autre : un jour l’ennui naquit de l’uniformité. Et là, c’est la médiocrité qui est uniforme.
Je pourrais plaider la mauvaise foi pour excuser ce billet de mauvaise humeur.
J’y ai pensé.
Jusqu’à ce que je tombe sur cet article de mon estimée collègue La Sociophobe, concernant la nouvelle émission de M6, Ambition Intime, prévue pour nous pourrir nos dimanches soirs. Je vous laisse savourer l’article ici. Personnellement, à l’issue de cette lecture, j’ai regardé ma petite lucarne dans le fond des pixels et je lui ai dit:
Non, parce-que franchement à ce train-là (et je n’ai pas évoqué les télés-réalités et autres déchets télévisuels), autant qu’elle et moi, on divorce de suite. Car, ainsi que le disait sagement Alexandre Astier un jour où il était de bonne humeur, se cultiver ce n’est pas forcément se prendre la tête.
Ce n’est pas non plus regarder en boucle sempiternellement les mêmes programmes. Donc Amis Responsable de la grille de Programmation, prenez garde, vous semblez gravement bloqués dans une boucle temporelle de connerie. Par pitié :
Après, le vrai courage de l’intelligence serait d’éteindre la chose diabolique et d’aller prendre un livre ? Tout simplement. Au lieu de me complaindre.
Certes…
Mais ne serait-ce pas un aveu d’échec ? Ne pas tenter au moins de jeter un oeil, n’est-ce-pas admettre que tout espoir pour le petit écran est définitivement perdu ? Après tout, sans une zappette approfondie, je ne serais pas tombée sur The King’s Speech et aurais ainsi raté l’opportunité de voir ce bijou. Alors que faire ?
Sombrer dans l’abrutissement, en espérant voir un halo de lumière divine surgir de temps à autre ?
Prôner la rébellion ?
Problème cornélien…
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