« Tous les hommes naissent libres et égaux en droits. […] Que ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression. Et que la libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’Homme.«
Art 1, 2 et 11 de la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen.
Le 13 novembre, je faisais quoi ? Rien de très important. On flemmardait sur le canapé tranquillement, récupérant d’une journée à organiser l’anniversaire du Minion pour le lendemain. Je luttais péniblement contre une conjonctivite de compétition. Le quotidien qui coule en somme. Dernier détour par BFM vers 22h pour attraper les infos-potins. Soudain, cette sueur froide, poisseuse qui vous coule entre les reins. Cette angoisse qui se met à vous grignoter l’estomac. On ne veut pas y croire. On pense à la famille, aux amis. Où sont-ils ? Les messages partent en flèche. Facebook joue les relais d’urgence. Les images défilent à la télévision, surréalistes. On reste figés devant. On pense à ceux qui sont là-bas. Et chaque réévaluation du nombre des victimes est un coup de poignard. Que ça s’arrête. Pas une vie de plus, par pitié.
Ce moment, on l’a tous vécu. Figé dans le temps de différentes façons mais toujours ce même moment. Pour certains, il a brisé leur existence. Elle s’est arrêtée là. Se souvenant d’un billet pour le Bataclan. D’une sortie en terrasse prévue avec les copains. De quelqu’un qui ne rentrera pas ce soir.
De janvier à novembre, de novembre à juillet, les mots sont les mêmes : Not Afraid. Ce n’est pas une affirmation. C’est un refus. Je refuse d’avoir peur. Inlassablement, quoiqu’il arrive, je vais combattre ma peur pour ne pas laisser gagner l’intolérance, l’obscurantisme, l’extrémisme. Je vais combattre ma peur et continuer d’aller vers les autres. Je vais combattre ma peur et ne pas me taire. Je vais combattre ma peur et ne pas me taire. Je vais combattre ma peur et parler de tolérance, d’ouverture d’esprit, de ne pas céder aux tentations des extrêmes. Je vais combattre ma peur et continuer de vivre, d’aller aux concerts, boire un coup en terrasse, de voyager.
Et chaque fois que je le ferais, je continuerais d’avoir une pensée pour ceux qui ne le feront plus. Fugace, comme une étincelle, mais elle sera là. Je vais combattre ma peur encore et toujours et rester debout pour tous ceux qu’ils ont fait tomber.
Debout. Toujours. Et aujourd’hui plus que les autres jours :
#JeSuisCharlie
#JeSuisleBardo
#JeSuisLaTunisie
#JeSuisParis
#JeSuislaTurquie
#JeSuisBruxelles
#JeSuisOrlando
#JeSuisBadgad
#JeSuisNice
#JeSuisLeMonde
Il s’agit pas de sombrer dans l’auto-apitoiement, mais de se souvenir que cela s’est produit et que cela se produira encore. Chez nous ou ailleurs. Que partout autour du monde, des gens meurent à cause du terrorisme. Et que notre seul moyen de lutter contre ça, à notre petite échelle individuelle, est de refuser la peur, de refuser la haine. Rester debout. Ensemble.
« I don’t know who you are. Or whether you’re a man or a woman. I may never see you or cry with you or get drunk with you. But I love you. I hope that you escape this place. I hope that the world turns and that things get better, and that one day people have roses again. I wish I could kiss you. »
From V for Vendetta
Written by Alan Moore
Et comme en juillet, je reprendrais les mots du discours de Victor Hugo, prononcé en septembre 1870. Des mots repris en janvier, place de la République, en hommage aux victimes des attentats :
« Je ne vous demande qu’une chose, l’union !
Par l’union, vous vaincrez.Étouffez toutes les haines, éloignez tous les ressentiments, soyez unis, vous serez invincibles.
Serrons-nous tous autour de la république en face de l’invasion, et soyons frères. Nous vaincrons.
C’est par la fraternité qu’on sauve la liberté. »
Tous ces mots, je les répéterais sans relâche, jusqu’à les graver dans l’esprit des gens qui passent par ici. A chaque fois que cela se produira. Pour endiguer la haine. En mémoire des morts, pour protéger les vivants.
Je me tiendrais debout, gardant la mémoire de ceux qui sont tombés, brandissant l’étendard de nos libertés. Not Afraid.
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