Time to say goobye.

Je vous parlais l’autre jour dans mes tribulations intérieures de l’importance du héros dans l’imaginaire collectif et je vous ai évoqué de multiples fois les aspects positifs (autant que négatifs) du fandom.


Pour ceux qui voudraient retrouver ces articles :


De la relation aux séries.

En corrélation avec ces thèmes précédents, je voudrais vous parler aujourd’hui du lien que nous entretenions avec les séries. Ces liens sont particuliers, car au contraire des films, à l’exception de rares sagas comme Lord Of The Rings, ils s’étendent et se développent dans la durée. Parfois sur des périodes importantes qui englobent une partie de notre vie. Il n’est plus exceptionnel aujourd’hui qu’une série dure huit ou dix ans, voir plus. Sur ces larges périodes, nous nous attachons à ces personnages que nous côtoyons avec régularité, nous nous y identifions quelquefois. Il arrive même qu’une série vous trouve au moment où vous en avez  besoin. Qu’elle vous apporte ce petit truc qu’il vous fallait. Un coup de pied aux fesses, une motivation, un moyen de relativiser… Que sais-je ? Après tout, les liens que nous entretenons avec le fictionnel sont finalement assez complexes : n’a-t-on pas découvert que les contes de fées avaient des significations et objectifs bien moins innocents que ce que l’on imaginait.

Tout cela n’a rien de vraiment inquiétant, si l’on  garde les pieds dans le réel et que l’on reste en dehors du domaine de l’obsession.

Mais au delà de cette relation à la fiction elle-même, les réseaux sociaux, les conventions ont permis des échanges avec les équipes de production, les comédiens, scénaristes, producteurs. Il se crée parfois des connexions très fortes et le tournage comme la diffusion deviennent des aventures communes où l’équipe emmène le fandom à ses côtés via Twitter, Instagram ou Facebook. Des moments de partage virtuels entre fans et avec les professionnels qui ont un goût de communion et d’exceptionnel.

De cette façon, les fandoms sont d’ailleurs devenus un soutien indéfectible et le meilleur moyen de promotion, au moins dans certains cas, de leurs séries. Au delà de l’écran, la série devient une aventure humaine qui tisse des liens tangibles par des moyens virtuels. Etrange paradoxe…. L’exemple le plus flagrant est évidemment la mobilisation exceptionnelle autour de la série Hero Corp qui permit à celle-ci d’avoir trois saisons supplémentaires.

De façon plus internationale, Sherlock aussi, entre les séries 2 et 3, connu un étrange phénomène autour du globe qui vit fleurir les panneaux « I Believe in Sherlock Holmes » et un hashtag viral #BelieveinSherlock. 

Je ne peux m’appuyer ici que sur des exemples que je connais personnellement mais dans les deux cas, l’équipe (cast & crew) entretenait une relation suivie et forte avec son fandom. Une relation qui s’est intensifiée par la suite. En dix ans, jamais le fandom d‘Hero Corp n’a cessé de croire en sa série et de se mobiliser.

De cette nouvelle forme de rapport aux séries, naît comme une émulation mutuelle. Les équipes ressentent une fierté à présenter le travail accompli, comme une surprise longuement mitonnée, tandis qu’on se reconnaît d’un fandom comme d’une patrie, d’une fratrie. On le porte en étendard, les fans se reconnaissent entre eux sur un détail, un accessoire, une expression, une référence. Bien entendu, cela ne va pas sans aspect négatif,  on n’est quand même pas dans le monde des Bisounours. Il y a et il y aura toujours des débordements, des gens qui ne perçoivent pas les frontières invisibles. Cependant, il me semble voir dans cette singulière relation qui dépasse le petit écran quelque chose de positif. De singulièrement humain.

Le temps des adieux.

Seulement voilà, rien ne peut durer toujours. Toute série perdrait de son intérêt à être poursuivie indéfiniment et nous même changeons, mûrissons, modifions nos goûts, tout comme les acteurs ou scénaristes.

Et vient le jour où les choses doivent s’arrêter…

Lors de l’avant-première d’Hero Corp au Trianon, le 24 avril dernier, Simon Astier faisait des adieux particulièrement émouvants à son public de HeroCopains.

Depuis ce matin (les derniers épisodes sont diffusés ce soir à 22h30 sur France 4) l’équipe complète fait des adieux déchirants à cette grande aventure, à la série et à ses fans. Je vous promets, si vous êtes fan, n’allez pas sur Twitter sans mouchoirs.

Même si on peut toujours suivre une équipe sur d’autres projets, il n’est jamais facile de quitter une série qu’on a suivi pendant aussi longtemps et ce pour plusieurs raisons :

  • C’est réaliser que la série représente une partie (temporelle) de sa vie et tout le temps écoulé. #Coupdevieux
  • C’est dire au revoir à une belle aventure humaine, vécue un peu en équipe.
  • C’est faire ses adieux à des personnages, une ambiance, une histoire. Tout un contexte artistique qui nous avait séduit.

Personne n’a jamais envie de tourner la dernière page du livre, notamment quand celui-ci est prenant et qu’on est plongé dedans depuis un moment. Ça laisse toujours un vide. Mais comme comme disait Sherlock dans cette citation qui a brisé mon p’tit coeur :

Malgré tout, comment couper le lien ? Comment dire adieux à plusieurs années, parfois une décennie de déconne et de partage ? Ce n’est pas évident n’est-ce pas ? On a beau relativiser, se dire qu’il ne faut pas exagérer, il y a quand même ce petit truc indéfinissable qui s’est créé, toutes ces petites choses qui vont nous manquer.

Je vais vous surprendre mais avec toute ma sagesse de dragon (si, si !), je n’ai pas de réponse à cette question. Cette année, j’aurais dit au revoir à deux de mes séries fétiches avec qui j’ai vécu des tas de bons moments. Le temps des adieux est venu pour Hero Corp et j’ai beau me raisonner, mon côté cartésien se fissure : je sais que ça va me manquer. Il y aura d’autres séries, d’autres coups de coeur, d’autres aventures où je retrouverais des équipes que j’aime, cependant, comme pour les livres, chaque série avec qui je fais un bout de chemin a une place à part. Et ce d’autant plus quand il y a un partage, une connexion, un échange avec les équipes.

Aujourd’hui sur Twitter, avec les HeroCopains et toute l’équipe, c’est un drôle de moment. Un truc génial et triste à la fois. On prend le temps de se dire merci, de se dire au revoir, de parler des bons moments. C’est une connexion incroyable et en même temps ça fait prendre la mesure du vide que ça va laisser.

Si vous êtes un fan « éthique », les réseaux sociaux et les équipes des séries vous offrent la possibilité de prolonger l’aventure au delà de l’écran, de comprendre qu’au delà de la fiction, le cinéma est aussi une aventure humaine, de plonger dans ses coulisses, d’échanger avec ceux qui font la magie. C’est un privilège précieux qu’il ne faut pas gâcher.

Chaque série peut désormais devenir un voyage qui parfois bouscule des existences. Certains vont même trouver leur vocation professionnelle à travers le fandom. Cela reste rare mais ça arrive. Quand vient la fin du voyage, je pense que c’est normal d’être un peu triste. Un peu. Mais il faut savoir saluer la sortie de scène des artistes avec dignité, voir le chemin parcouru, la beauté du voyage et se dire qu’une autre aventure est toujours possible…

Ce soir, pour le final d’Hero Corp, je serais au rendez-vous pour un dernier pinage et plus que jamais je serais fière de mes supers héros et d’être une HeroCopine. 

8 réponses à « Time to say goobye. »

  1. Avatar de Maned Wolf

    Je me garde cette dernière saison pour cet été, histoire de la savourer comme un bonbon vu que c’est la dernière… C’est déjà dingue qu’on ait réussi à avoir autant de saisons vu l’énorme incertitude post-saison 2 ! Mais je vais les regretter aussi, ça c’est sûr… Rah j’en ai des frissons, arrête de poster cette vidéo partout ! J’ai même plus besoin de cliquer sur play pour que ça me rende toute chose… Quand Simon arrive plus à parler et que tout le monde applaudit… Malefjehgewf.

    Aimé par 1 personne

    1. Avatar de juneandcie

      C’est terrible n’est ce pas ? Et ne va pas sur Twitter c’est le carnage émotionnel.

      Aimé par 1 personne

  2. Avatar de Alec

    Au-delà de la tristesse, c’est aussi la nostalgie qui je ressens en te lisant. Tout cela se transformera en bons souvenirs qui te feront sourire. ❤

    Aimé par 1 personne

  3. Avatar de Maïssa
    Maïssa

    Après la tristesse et le manque de la fin de série, vient l’acceptation. Et dans tous les cas, une série ne s’arrête jamais vraiment parce qu’il reste les épisodes que tu peux revoir et même le fandom ne meurt pas vraiment puisqu’il reste les références communes et le plaisir qu’on a partagé. Mais c’est vrai que sur le moment c’est dur.
    Bon courage pour les prochains jours.

    Aimé par 1 personne

  4. Avatar de [Bilan Juin] C’est le 1er, je balance tout ! – Tanuki no monogatari

    […] J’ai beau ne pas être fana d’Hero Corp, j’ai suivi leurs aventures depuis le premier rang grâce à June&Cie. Malgré pas mal de galères, le super fandom autour de cette série fait vraiment chaud au cœur. La preuve avec l’au-revoir écrit par un Dragon au top de sa plume. […]

    Aimé par 1 personne

  5. Avatar de Le P’tit récap de Juin

    […] Enfin une réflexion très personnelle sur ce lien particulier que « les nouveaux médias » nous permettent de construire vis à vis des séries. Analyse… et émotion dans Time to say Goodbye. […]

    J’aime

  6. Avatar de Le p’tit récap de janvier 18 – June & Cie

    […] égalité parfaite (42.86%)  Time to say Goodbye /  La dure vie du […]

    J’aime

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.

I’m June

Welcome !
Livres, films, séries, billets d’humeur humoristiques, coulisses du cinéma, tout un univers geek t’attend ici, ainsi que de joyeux délires.
Alors installes toi et prends donc une tasse de thé !

Let’s connect