Résumé
Editions Kurokawa. Parution : février 2017. Prix : 12.90
« Sherlock. Episode 1. Une étude en rose.
Rapatrié d’Afghanistan à cause d’une blessure et de troubles psychologiques, le Dr. Watson retrouve un vieil ami de l’époque de la faculté de médecine qui lui présente son futur colocataire. D’un seul coup d’oeil, cette personne devine qu’il s’agit d’un médecin militaire de retour du Moyen-Orient, qu’un de ses proches est victime d’alcoolisme ou encore qu’il est suivi par un thérapeute. Le nom de ce colocataire ? Sherlock Holmes.«
Mon avis.
Analyse globale : Esthétique et scénario.
Disons-le d’entrée de jeu, histoire que les choses soient claires : vous ne trouverez rien de nouveau dans ce manga. Et finalement, c’est bien ce qui fait toute sa valeur, son extrême fidélité au script d’origine.
Avec une rare précision, Jay nous livre un manga qui tient tout à la fois du script et du storyboard, tant les détails, les dialogues, les textes incrustés à l’écran et mêmes les plans sont rendus parfois jusqu’au moindre détail. En témoignent cette première apparition de Mycroft ou cette analyse de l’alliance de la dame en rose.
Quand à cette immense case où se dévoile l’appartement du 221b, Baker Street, elle m’a tout simplement mis un petit coup au coeur. Pour avoir eu l’occasion d’observer ce décor en vrai, je peux certifier que c’est fidèle jusqu’au motif du coussin.
Respectant donc l’univers comme l’esthétique de la série, Jay reprend tout aussi scrupuleusement le scénario et les dialogues sont très peu arrangés. Ils sont même généralement fidèles au mot près, sauf lorsque cela pose un souci pour les faire tenir dans une bulle. Une précision à tous les niveaux qui s’explique quand on connaît la base de travail de l’auteur :
« Je me base sur la version traduite du script qu’utilisent les doubleurs
et au fichier de sous-titrage japonais de la série »
D’un point de vue esthétique, on ne peut nier que l’objet soit beau. Je ne suis pas une habituée des mangas qui ont parfois un coup de crayon un peu agressif à mon goût, mais je dois avouer que le coup de crayon de Jay a fait un très beau travail sur ce coup-là. Certes, certains personnages sont moins gâtés que d’autres. Sherlock est particulièrement réussi, ainsi que Donovan, Anderson,Mrs Hudson, Mike Stamford ou le mystérieux assassin. John et Lestrade sont moins différenciables, en dépit d’une fidélité vestimentaire. Ce qui est un peu gênant quand on connaît la différence physique qui existe entre les deux acteurs. Anthéa est plus reconnaissable que Molly qui ressemble à une héroïne de manga standard. Mycroft c’est un autre problème. Certains plans sont excellents, d’autres moins. Il faut dire que la palette expressive de Mark Gatiss est peu évidente à rendre sur dessin, il a tout de même le chic pour nous faire des mines improbables.
Par ailleurs, certaines expressions exagérées, spécifiques à ce type de dessin m’ont parfois gênée, par rapport à la tonalité du moment ou à l’émotion exprimée. Même si globalement l’auteur a collé aux personnages autant que cela était possible.
Cela dit, ce manga n’en est pas moins un très bel objet esthétiquement parlant et il nous livre dans les inter-pages qui séparent les morceaux de l’histoire ou la clôturent, des petits trésors, des esquisses brutes, qui m’ont fait succomber.
Sherlock le manga : pour qui ? Pourquoi ?
Si vous n’avez pas vu la série, la chose n’aura pas grand intérêt pour vous. Vous risquez de trouver cela sympathique sans plus. Au mieux cela vaut donnera envie de la découvrir, ce qui est déjà un bon point mais vous ne saisirez pas l’intérêt de l’objet. Et ce d’autant plus si vous n’avez jamais lu un manga, car cela demande tout de même quelques minutes pour s’habituer au sens et mode de lecture (de droite à gauche, je le rappelle). Autant dire que cela ne facilite pas les choses pour rentrer dans l’histoire si elle vous est totalement inconnue.
En revanche, si vous avez déjà visionné la série, que ce soit une saison ou son intégralité, que vous soyez accro ou public dilettante, vous allez vivement apprécier de retrouver l’univers sous une forme nouvelle. Le temps d’une heure de lecture, on se replonge dans l’atmosphère de Sherlock, appréciant le luxe de détails, savourant le plaisir de retrouver sur papier des scènes, des répliques. C’est un petit péché mignon qui se savoure sans modération.
N’étant pas une habituée de l’univers manga, je craignais d’être réfractaire à l’objet, tout au contraire j’ai énormément apprécié son esthétique et sa conception. J’ai eu l’impression de toucher au rêve de tenir le script de Sherlock entre mes mains. Autant vous le confesser, je ne vais pas tenir longtemps avant d’aller chercher le tome 2, Le Banquier aveugle (The Blind Banker) qui est sorti le 8 juin dans sa version française.
Ps : Mon seul regret sera de ne pas avoir fait l’acquisition du tome en anglais. Si la traduction reste excellente, je l’aurais savouré plus encore en V.O.
Plus d’information.
Critique du Huffington Post.
Critique Manga-News.com
Compte rendu de l’interview de l’éditeur Kurokawa pour Ing.com : Sherlock en manga, pourquoi ? pour qui ?
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