Résumé.
Editions Les Moutons Électriques. Parution : février 2011 Prix : 19€
Sherlock Holmes
a existé !
Mon avis : The game is never over.
» Et si… » tel est le postulat de cette collection Bibliothèque Rouge des Moutons Électriques.
Et si… Fabuleux fantasme n’est-ce pas ?
Et si Sherlock Holmes avait véritablement existé ?
Et si Sir Arthur Conan Doyle n’avait pas été le génial créateur d’un personnage légendaire qui allait fasciner ses lecteurs à travers les siècles, mais l’ami, collègue et agent littéraire d’un certain John. Hamish. Watson ?
Partant du Canon comme fil directeur et coeur de leur fascinante toile,
Mais nos deux auteurs ne travaillent pas que la matière vive du Canon, loin de là. Avec une rare dextérité et se basant sur nombre d’études et de recherches antérieures, ils allient ces éléments fictionnels à un contexte politique, historique, sociologique, culturel pour ancrer avec force notre détective consultant dans le réel.
Lançant par exemple différentes pistes
Considérant chaque hypothèse qui fût un jour lancée au sujet de Holmes, ils analysent, dissèquent, conjecturent, jusqu’à reconstituer, autour de la chronologie et des faits donnés par le Canon, un contexte solide, structuré et cohérent autant quant à la personnalité de Holmes que quant à son époque. Chaque élément évoqué ramène à une parcelle de la personnalité ou des habitudes du grand détective.
Telle la consommation libre et à usage médicinal de la cocaïne, vantée par Freud lui-même qui n’est pas sans expliquer l’addiction de Holmes et sa facilité à la satisfaire. Cela s’achète dans la boutique au coin de la rue, ma bonne dame. Même le fameux dosage à 7% est expliqué, indiquant que la solution était vendue dosée à 10%, donc que Holmes lui-même devait déjà la diluer, sans compter l’intervention de Watson.
Ou encore le contexte de modernisation galopante de Londres (multiplication des gares, modification de la ville, apparition du premier métro souterrain, de l’éclairage électrique, du téléphone) alors même que notre détective semble profondément réfractaire à ces progrès techniques, s’obstinant à envoyer des télégrammes ou prendre des cabs. Lui qui a pourtant en matière de déduction, deux longueurs d’avance sur les méthodes de Scotland Yard. Holmes, bien que résolument moderne dans ses méthodes, est l’homme d’un monde ancien appelé à disparaître.
“There’s an east wind coming all the same, such a wind as never blew on England yet. It will be cold and bitter, Watson, and a good many of us may wither before its blast. But it’s God’s own wind none the less and a cleaner, better stronger land will lie in the sunshine when the storm has cleared.”
In His Last Bow (1917). Arthur Conan Doyle
Ou aussi le pourquoi du comment géographique, sociologique et administratif qui explique que Holmes ne fût pas lancé sur la trace de Jack The Ripper, alors qu’ils furent contemporains. Si vous pensiez là tenir une preuve indiscutable de la non-existence de Sherlock Holmes, cette partie va vous faire ravaler votre moustache, tant elle est brillamment étayée.
Plus qu’une biographie c’est un petit pan de l’histoire anglaise et londonienne qui s’écrit à travers la vie de Sherlock Holmes. Dans cet étrange ballet entre histoire et fiction, nos auteurs amènent à se croiser aussi bien nombre de personnages historiques (Oscar Wilde, J.M Barrie, le roi Edouard VII) que des personnages littéraires tels Hercule Poirot, Arsène Lupin qui côtoyèrent Holmes dans d’innombrables pastiches. De cette façon subtile ils parviennent à insérer la fiction dans la réalité sans déranger les faits, ni d’un côté, ni de l’autre. Les auteurs de caractères fictionnels se retrouvant alors élégamment placés au rang d’agents littéraires (Oh ! Que le jeu sur les mots est joli !) tel Doyle pour Watson. Doyle dont la ligne de vie se trouve habilement enroulée autour de celle de son personnage et que nous retrouverons, en toute logique dans le contexte, à plusieurs points du récit. C’est d’ailleurs quelques lignes après avoir salué son départ, le 7 juillet 1930, nous laisserons Holmes, faute de plus de données, comme à la fin d’un rêve, à son immortalité.
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