Feu nourri direction Lyon ! Le Rhône-Alpes vu de la route !
Demain à l’aube, à l’heure où blanchit la campagne, je partirais.
Vois-tu, je sais que tu m’attends.
J’irai par la forêt, j’irai par la montagne,
Je ne puis demeurer loin de toi plus longtemps.Victor Hugo, Les Contemplations
08h00 : Gare d’Annecy
On n’en était tout de même pas là mercredi matin, mais il y avait comme un fond de lever de soleil (à la de purée de cerises) qui piquait mes yeux ensommeillés ce mercredi 10 octobre alors qu’une longue journée s’ouvrait devant moi.
Attention ça ne rigole plus mes enfants, direction Lyon pour une dédicace de notre bon Sire, Alexandre Astier, à l’occasion de la sortie du coffret de l’intégrale des six livres de Kaamelott.
Une dédicace, UNE seule.
Une ville, son fief.
Une règle : ne pas poser de questions sur le film.
10h52 : Lyon Part Dieu
A la sortie de la gare, une seule phrase me vient curieusement en tête : « Pour savoir s’il va y avoir du vent, faut mettre son doigt dans l’cul du coq « . Merci Kadoc. Je n’ai pas de coq et je n’ai pas franchement envie de tester la technique. Mais à cet instant précis, je refilerais bien la combine à Météo France pour les remercier de la précision des prévisions. Boudiou, on se gèle !Il y a du brouillard et je suis presque sûre d’avoir croisé un pingouin !
Allez ! Pas le temps de lanterner, j’ai une équipe de choc à retrouver : Plouf qui lit a pris les devants et mon Charmant Petit Monstre me suit pour assurer les arrières.
Elle est où la poulette ?
11h45 : Fnac de Bellecour
D’étranges borborygmes retentissent dans la rue. « Mordu ! mordu! » « Sortez-vous les doigts du cul ! ».Des passants ont l’air effarés ou sidérés. Aucun doute. Je suis dans la bonne direction. J’y vois comme un élan du destin.
Deux constats s’imposent :
- Il y a un micro-climat pourri sur la gare de Lyon Part-Dieu. Il faut le savoir. Ici la température correspond aux prévisions. Autant pour moi Météo France.
- Je ne voudrais pas faire ma raclette mais il y a du monde… Mais vraiment !
Je prends donc place dans le troisième bloc de queue qui vient d’être installé, un quatrième est déjà en préparation. Pas de panique. S’en suit un moment de dialogue cocasse avec Plouf qui lit sur Twitter.
Au lieu de saute-moutons, c’est saute-barrière et j’aperçois un grand sourire qui me fait coucou par dessus les barrières. Je m’en vais donc demander très poliment aux gens si ça ne les dérange pas que je rejoigne ma copine que je ne connais pas encore. Vive la blogosphère. Et merci aux gens très gentils.
Une demi-heure après on récupère Mimine entre deux barrières. On sympathise avec le monsieur derrière nous. Coucou Mathieu avec un seul T. De trois, nous voilà quatre, et c’est parti pour cinq heures d’attente !
« Excusez-moi, vous êtes là pourquoi ? »
Cinq heures au cours desquelles on sympathise largement avec tous ceux qui sont autour de nous. Je suis épatée par la discipline, la gentillesse et le calme des gens. Ça se passe clairement dans la bonne humeur et ça rigole beaucoup. On débite des répliques de Kaamelott à la louche.
On sympathise aussi plus ou moins avec les gens qui passent : Excusez-moi, vous êtes là pourquoi ? Charmant Petit Monstre répétera avec un sourire et une patience d’ange au moins 2367 fois : Pour la dédicace d’Alexandre Astier. Nos voisins de devant plein d’humour finissent par improviser : On est une manifestation vegan.
Il faut dire que les réactions varient du franchement bienveillant » Ah! Je ne connais pas mais bonne dédicace. » à l’agressif « La planète tombe en morceaux et vous êtes là à attendre comme des cons. » en passant par l’interloquant « Je connais Kaamelott mais je ne le connais pas lui. » ou le clivant « Je me disais bien que c’était surtout un certain type de personnes ».
13h00 : It’s the final countdown
Les choses sérieuses commencent. Un premier groupe d’une centaine de personnes a été admis à l’intérieur. La queue vient d’être fermée. Plus questions d’en sortir pour aller aux toilettes ou chercher à manger, sans courir le risque de perdre sa place. Plus question de sauter une barrière pour rejoindre les copains.
Et on doit réconforter le bal des déçus qui se font refouler. Certains ont été trop optimistes. D’autres n’ont pu prendre que leur demi-journée et arrivent trop tard. Il y a de grosses déceptions, c’est un crève-cœur. On commence à mesurer qu’on a de la chance d’être là, même avec les pieds en compotes.
Tout se met à bouger beaucoup plus rapidement que prévu. Visiblement face à l’affluence, la Fnac a demandé à not’ bon souverain (rain, rain !) de commencer plus tôt. Des gens commencent à ressortir avec un sourire jusqu’aux oreilles. Personne n’est mort, ou ne repart traumatisé, les doléances semblent bien se passer. C’est encourageant.
La salle du Trône
Nous voici dans la queue finale. On fait déjà moins nos marionnettes, car on peut l’apercevoir. Petit coup de pression. Heureusement en bonne compagnie, tout passe comme sur des roulettes. Dans notre petit groupe, ça tourne rapidement à la convention geek improvisée. On parle Sherlock, blog, vlog, Doctor Who et Kaamelott bien sûr…
La queue avance bien quand soudain une des personnes chargées de la supervision vient nous avertir très sèchement que c’est UNE signature par personne car il y a beaucoup de monde. Petit problème : le groupe sorti avant nous, nous avait indiqué que c’était deux. Comme le fait remarquer Plouf qui lit : à ce rythme-là ceux qui sont encore dehors auront juste le droit de passer lui faire coucou.
Et là je vais faire un tout petit point organisation. La Fnac avait bien très bien géré la logistique globale de l’événement. Que ce soit le déroulement ou la mise en place de la file d’attente. Aucune bousculade, aucune gêne pour les passants ou la circulation. Pas de queue hyper compressée. Des petits blocs pour éviter les bousculades et une progression modulée régulière. Ils ont même eu la présence d’esprit de commencer plus tôt pour faire face à la demande.
Mais ils avaient visiblement sous-estimé le nombre de personnes par rapport au timing imparti. Ce qui a, semble-t-il provoqué un certain stress (assez perceptible de leur côté) et cette restriction soudaine. Pas forcément très agréable après plusieurs heures de queue, même si chacun sera d’accord pour reconnaître qu’il ne faut pas abuser. Il m’est avis qu’un poil plus d’anticipation n’aurait pas été de trop, vu l’emballement sur les réseaux sociaux dès que tu places le mot Kaamelott ou le nom Astier.
Bonjour Sire !
On y est. Le sourire jusqu’aux oreilles. Taquin mais gentil. Il est là, tranquille. On le sent comme en famille. Il sort prendre l’air sur la terrasse et on entend une salve de cris de joie et d’applaudissements en bas. Royal.
Pour ne pas être en reste, toute la file à l’intérieur fait de même quand il revient. Surpris, il se marre. Puis, avoue tout penaud, être juste sorti pour se moucher discrètement.
Il a le bon mot, prend le temps pour chacun avec son petit côté bourru, mais vraiment bienveillant. Cruella (dédicace à Plouf) veille au grain sur LA dédicace allouée à chacun. Pas de bol pour elle, notre bon Sire, il s’en tamponne des consignes. Mais alors royal là aussi. Il me prend d’autorité des mains le DVD que j’avais gardé. Mes trois autres comparses se marrent en douce.
Une jeune femme fait une crise de tétanie. L’émotion, la fatigue, l’attente… Ça se comprend. On lui passe un fauteuil. Elle tremble fort. Il lui parle, presque paternel : « Mais tu as mangé ? » Il continue les dédicaces mais fait tout pour la faire rire. Dans la queue, la solidarité joue. Vite, on lui passe qui de l’eau, qui du jus de fruit, qui des gâteaux… Astier rigole.
Il y a quelque chose de très humain dans toute cette histoire. Toute une ambiance agréable, conviviale. L’impression de retrouver une grande famille en partageant avec des inconnus comme si on se connaissait d’hier. Et puis les belles rencontres et les retrouvailles qui rendent cette journée exceptionnelle. Indiscutablement, si je n’avais pas été avec ces personnes-là, je ne l’aurais pas vécu de la même façon.
After au Delicatessen
On ressort de là, heureux et un peu sonnés. Contents d’être ensemble. Décidément ça rend tout meilleur. La file d’attente est toujours impressionnante, même pire. Une large partie attend hors des travées. Ont-ils vraiment une chance ?
On retrouve Anne-Ju des Motordus pour finir en beauté au Delicatessen. Comment mieux finir cette journée qu’au restaurant de Kadoc ? Là-bas aussi c’est blindé de fans de Kaamelott. On trinque avec la table d’à côté. Brice Fournier dédicace lui-aussi à tout-va et fait des photos pour les envoyer à Alexandre Astier. Lui, il aura fini de dédicacer tard, dans la rue carrément. Pour limiter les déçus. Je ne l’en apprécie que davantage et je suis contente de l’avoir croisé. Ce fût un honneur, Sire.
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