C’est l’histoire d’un acteur irlandais discret mais indéniablement doué, à l’accent roulant et à la voix de basse, qui faisait son petit bonhomme de chemin avec persévérance. Jusqu’au jour où le rôle d’un grand vilain fait éclater son talent aux yeux du public, car every fairy tale needs a good old-fashioned villain. Et là …
Have you met Andrew Scott ?
Fiche signalétique
Nom : Andrew Scott
Né le : 21 octobre 1976
Nationalité : irlandaise
Signes distinctifs : voix de basse, sourire ravageur, grand méchant irrésistible.
Andrew Scott : Histoire d’une vocation
Avant Sherlock, Andrew Scott avait déjà eu une carrière prolifique, sur les planches comme à l’écran, de Dublin à Hollywood. D’un petit rôle dans Il faut sauver le soldat Ryan de Spielberg à un second rôle aux côtés de Michael Gambon dans le téléfilm Longitude (récompensé aux BAFTA) ou à plusieurs pièces sur les planches du théâtre national d’Irlande, the Abbey Theater, il mène habilement entre l’Angleterre, l’Irlande et les Etats Unis une carrière commencée de longue date.
Car si on en croit la légende, Andrew Scott aurait fait ses débuts à l’âge de 8 ans dans des publicités et obtenu son premier rôle professionnel à 17 ans, sans aucun diplôme.
Attention la publicité ci-dessous peut provoquer des fou-rires.
A 42 ans, il a déjà vingt-deux années de carrière bien remplies au compteur et de nombreuses récompenses pour son travail au théâtre dont un Oliver Award pour sa prestation dans A Girl in a Car with a Man (2004).
Du fait qu’il ait beaucoup travaillé au théâtre et ait longtemps été cantonné dans les seconds rôles, il est difficile d’établir un panorama parlant de la carrière d’Andrew Scott. Du moins un qui rende réellement compte de l’étendue de son talent. Aussi vais-je vous proposer de le découvrir à travers trois rôles marquants.
Sherlock : « And Honey, you should see me in a crown. »
En 2010, si son nom n’est pas encore familier du grand public, son travail lui vaut déjà une certaine reconnaissance et il collectionne les seconds rôles, notamment à la télévision : Band of Brothers (2001), My Life in film (2004), John Adams (2008).
C’est alors qu’il se retrouve au casting de l’adaptation moderne de Sherlock Holmes, dirigée par Mark Gatiss et Steven Moffat.
Alors que les créateurs de la série eux-mêmes craignent pour l’avenir de leur produit avec une diffusion en plein mois de juillet, en une nuit, les spectateurs britanniques tombent sous le charme de Sherlock. Bientôt l’effet se diffuse comme une traînée de poudre dans le monde entier. Et Andrew Scott fait une apparition magistrale en Moriarty, Némésis du célèbre détective consultant, dans l’épisode 3 de la saison 1.
Les spectateurs de la série sont littéralement subjugués par ce méchant de classe internationale, auquel Andrew Scott insuffle un charisme fou. Moriarty est une ombre imprévisible qui plane en permanence au-dessus de Sherlock. Un psychopathe à l’intelligence foudroyante qui joue avec le mal pour ne pas s’ennuyer.
Andrew Scott s’empare du rôle, jouant de sa voix grave et douce, de son regard sombre pour en faire un personnage aussi séduisant que glaçant, qui fait jubiler autant qu’il inquiète.
Ses choix d’interprétation font de Moriarty un personnage définitivement iconique de la série, presque autant que Sherlock lui-même. Il fait le bonheur des fans et de la critique. Ce qui lui vaut une nomination aux BAFTA. De quoi se laisser aller à l’improvisation d’une petite danse…
Mais Sherlock n’est pas la seule série qu’Andrew Scott va marquer de son empreinte. Plus récemment, son jeu d’acteur dans le rôle du prêtre dans Fleabag fait sensation et met le public, notamment féminin, en émoi.
Fleabag : le jeu de la tentation
Dans la saison 2 de Fleabag, Andrew Scott incarne donc un prêtre soumis à la tentation par l’héroïne de la série. Son personnage est convaincu d’avoir trouvé sa voie et la paix dans son choix de vie. Si la personnalité de Fleabag suscite son intérêt, ce sont les failles qu’il détecte chez elle qui le pousse à s’intéresser à elle en tant que prêtre porté par sa mission d’empathie. Seulement, on découvre rapidement que notre prêtre est bien moins solide sur ses bases qu’il n’y parait. Mais, ainsi qu’il le révèle lui-même, c’est là tout le plaisir d’Andrew Scott de se glisser dans de tels personnages :
« I do sometimes play characters that are a bit ambiguous. You’ve got to be brave about that sort of stuff. I like the sense of people not feeling too secure, not immediately knowing what they have in front of them. »
Source IMDB
Ce rôle de prêtre aurait pu facilement tomber dans la caricature ou le déjà-vu : la prêtrise, la foi, le doute, le célibat… D’autres se sont penchés sur le sujet. Mais cela aurait été compter sans l’écriture brillante de la série et l’interprétation non moins brillante qu’en donne Andrew Scott. Il irradie littéralement d’humanité, dégageant une incroyable sérénité et une déstabilisante sensation de fragilité. A l’instar de Fleabag, on ne peut que succomber face à ce prêtre peu conventionnel et à la force d’interprétation de son acteur.
Pride : le coup de coeur de June
Andrew (oui on en arrive au stade de l’article où je l’appelle Andrew) fait de multiples incursions sur grand écran : Spectre (2015), Victor Frankenstein (2015), King Lear (2018)… Mais d’un point de vue personnel, la plus marquante reste Pride (2014).
Pride raconte l’histoire vraie d’un groupe d’activistes gay et lesbien venant supporter la grève des mineurs de 1984 sous Margaret Thatcher. Andrew y incarne Gethin Roberts, gérant de la librairie Gay’s the world qui servit de quartier général au mouvement gay et lesbien pour organiser ses actions. Pour l’anecdote, son personnage est en réalité la fusion de deux personnalités activistes du mouvement.
Le film en lui-même est un trésor, tant au niveau de son histoire édifiante, que de son atmosphère, ou de son merveilleux casting (Bill Nighy, Paddy Considine, Imelda Staunton, Dominic West).
Et Andrew… Andrew Scott y est magnifique, désarmant de naturel et de sincérité tout simplement. Est-ce parce que le sujet lui est personnel ? [Andrew Scott n’a jamais caché son homosexualité et son soutien aux groupes LGBT, tout en préservant sa vie privée] Peu importe et on cherchera pas vraiment à le savoir. L’essentiel est qu’il nous livre une performance poignante et pleine d’émotion, sans pour autant « manger » ses camarades à l’écran.
His name is Scott. Andrew Scott
Ce que nous savons d’Andrew Scott, ou pensons savoir, nous ne le voyons qu’à travers ses films. Mais ses multiples rôles révèlent un acteur brillant, talentueux qui a à coeur de ne pas se cantonner à certains types de rôles. Même si tout un chacun reconnaît qu’il fait un fabuleux méchant.
Son parcours dévoile un homme modeste mais posé, aux choix de rôles réfléchis. Peu importe qu’il soit désormais plus bankable, Andrew Scott s’investit dans des rôles qu’il aime, dans lesquels il pense pouvoir apporter quelque chose.
« People get distracted by box-office figures and take jobs because they think it will advance their careers. Of course, it’s nice to get a big cheque and be able to buy a massive house, but my view is that we’re not here long, so why not do something of value ? »
Il y a quelque chose de rayonnant chez cet acteur, une forme d’aura, une étincelle dans le regard qui lui donne tout son magnétisme à l’écran. Un truc inexplicable. Et quand il nous dit qu’être acteur pour lui est une vocation, on le croit volontiers.
D’ailleurs Andrew Scott nous réserve encore bien des (bonnes ?) surprises puisqu’il est à l’affiche de His Dark Material, l’adaptation de la trilogie de Philip Pullman. Il a également été annoncé en septembre pour reprendre le rôle de Tom Ripley dans l’adaptation en série des romans de Patricia Highsmith. Encore un personnage ambigu et tordu dans la peau duquel il devrait nous régaler.
Sources
- Article RED août 2015
- Page Wikipédia
- Page IMDB
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