Pour le meilleur et pour le pire, au grand désespoir de certains, je suis absolument fan de Sherlock, la petite perle produite par BBC depuis 2009. Et s’il vous plaît, ne me parlez pas d’Elementary, je m’en voudrais de devoir vous cramer l’argumentaire en bon dragon que je suis.
Pour ne pas me taxer de favoritisme, je vais ici tâcher de développer trois raisons objectives du succès de cette série.
Objectives. Donc autre que :
- Mark Gatiss est formidable.
- Benedict Cumberbach a de beaux yeux.
- Vous aies-je dit que Mark Gatiss était formidable ?
Évitons les lieux communs et les évidences !
L’écriture
L’inspiration : For the love of Doyle.

C’est le moment où je vais dire du bien de Steven Moffat, envers et contre toutes les critiques qu’il a pu recevoir concernant Doctor Who et sa tendance psychotique à torturer les fandoms.
Si on est libre d’en apprécier ou non les effets sur Doctor Who, il faut l’admettre le Mofftiss style ça fonctionne. L’empreinte de la complicité de ces deux là est partout dans Sherlock. Si la série connaît un succès si phénoménal, c’est avant tout parce-que ces deux compères sont des fanboys en puissance. Ne cherchez pas, je tiens cette affirmation de la bouche des intéressés eux-mêmes en convention. Ce que ces passionnés de Sir Arthur Conan Doyle utilisent dans Sherlock c’est le plaisir qu’ils ont eu en lisant l’oeuvre originale, leur bonheur de lecteur. Inutile de leur souffler telle ou telle idée, ils cherchent avant tout à se faire plaisir, en exploitant leur connaissance de l’oeuvre. Et c’est pour cela que la recette marche, car qui mieux qu’un fan peut comprendre un autre fan ?
Le style
Dans Sherlock, tout est une affaire de tempo, de rythme et donc de style. L’humour est piquant, l’écriture est dynamique, les références foisonnent et fusent. Et tant pis si certains clins d’oeil passent inaperçus pour non-amateurs de l’oeuvre originale, la magie opère malgré tout. C’est d’ailleurs pour cette raison que vous pourrez regarder Sherlock à plaisir avant de parvenir à en saisir toutes les subtilités.
Une dernière main talentueuse vient occcasionnellement apporter sa contribution, celle de Steve Thompson, qui ne démérite pas dans ce trio de scénaristes. Au final, si le fan attentif saura distinguer la touche de chacun à travers les différents épisodes, l’écriture reste fine, incisive, pétillante, mais cohérente et totalement fidèle à l’oeuvre.
Pour le fan de Conan Doyle c’est un plaisir de fin gourmet de pouvoir faire l’aller-retour entre les nouvelles originales et cette adaptation, sans jamais y perdre en saveur. On se plaît même à superposer mentalement l’un à l’autre, à analyser la modernisation parfois très fine des éléments et à repérer les clins d’oeil, parfois subtilement dissimulés.
Sachez d’ailleurs que même le set designer Arwel Wyn Jones s’est amuser à dispatcher de petites références. Pour en savoir plus, je vous renvoie à l’interview qu’il a donnée pour les 10 ans de diffusion de Sherlock dans Den of Geek (lien)
Le casting

Calmons-nous les filles ! Je vois les petites culottes voler au fond de la salle. Oui, bien sûr Benedict Cumberbatch. On ne peut pas le nier, le succès repose en partie sur ses épaules. C’est probablement le coup de génie que de lui faire passer l’audition pour ce rôle.Il s’est approprié le rôle de Sherlock de façon incroyable. C’est un acteur doué, talentueux et pas que dans cette série.
De toutes façons, autant tirer sur Steven Moffat est apparemment un sport collectif, autant critiquer Benedict Cumberbatch peut vous attirer les foudres d’Internet. En même temps, je n’ai rien à lui reprocher.
Mais il ne faut pas oublier qu’il n’y a pas de Sherlock Holmes sans John Watson.
Et la performance stupéfiante de Benedict n’existe pas sans le parfait écho que lui fait l’impeccable jeu d’acteur de Martin Freeman. C’est une synergie parfaite.
Loin de se laisser dévorer par le personnage envahissant de son alter ego, Martin Freeman nous offre une incarnation de John Watson, tout en nuances et en finesse. J’avoue avoir été bluffée en particulier par la scène du restaurant ( saison 3, épisode 1) quand John voit reparaître Sherlock vivant.
(Non ceci n’est pas un spoiler. A moins de vivre dans une grotte, le monde entier est au courant que Sherlock meurt et ressuscite. Pour ceux qui veulent râler je les renvoie à la citation de Mark ci-dessous)
La palette d’émotions qui passe à cet instant précis dans le regard de Martin Freeman, c’est touchant et renversant de justesse.

L’équilibre du duo est soutenu par un panel de personnages « secondaires ». Je mets le terme entre guillemets, car je pars du principe que tout personnage a son importance et cela va se révéler d’autant plus vrai au fur et à mesure des saisons de Sherlock. Chaque personnage est un rouage, une pièce de puzzle et en sous-estimer un serait une grossière erreur. Erreur qui coûtera d’ailleurs cher à Moriarty mais motus et bouche cousue.
Là non plus le casting n’est pas en reste quant à la qualité de l’interprétation : Una Stubbs, Ruppert Graves, Louise Brealey, Moria…Pardon…Andrew Scott, Lara Pulver. Je pourrais disserter longtemps sur la qualité de ce casting. Mais est-ce vraiment nécessaire d’argumenter pour prouver l’évidence ? Non seulement, le succès de la série parle de lui-même, mais il suffit d’un épisode pour être séduit et s’attacher à chacun.
Sherlock c’est comme un orchestre philharmonique où tout le monde a su parfaitement accorder son violon pour jouer sa partition à la perfection.
D’ailleurs l’un des atouts majeurs de cette série c’est…
L’équipe
Pour ceux qui ont l’habitude de jeter un œil au générique, vous aurez peut-être noté qu’un partie de l’équipe technique de Sherlock vient à l’origine de Doctor Who :
- Les réalisateurs : Euros Lynn, Douglas MacKinnon, Tony Haynes
- La créatrice maquillage/coiffure : Claire Pritchard-Jones,
- Le responsable des effets spéciaux : Danny Hargreaves
- Le set designer : Arwel Wyn-Jones
- La créatrice des costumes : Sarah Arthur
- Une des script supervisor : Non Eleri Hughes
Derrière une série qui marche, il y a souvent une équipe soudée, qui sait comment fonctionner et comment utiliser au mieux le potentiel de chacun. Sherlock avait cet atout en poche et nul doute que cela a fait une part de son succès. Cette énergie d’équipe se ressent dans l’exigence de qualité du show et les fans ne s’y sont pas trompés.
Preuve en est que l’équipe de Danny Hargreaves est aujourd’hui sollicitée par les fans sur les tournages en extérieur au même titre que les acteurs. Et qu’Arwel Wyn-Jones jouit, lui-aussi, d’une grande popularité auprès du public.
Finalement, Sherlock est, pour ainsi dire, une histoire de famille. Une famille de professionnels, passionnés, consciencieux, perfectionnistes, impliqués. Et leur talent c’est d’avoir su le rendre à l’écran autant que de savoir le partager avec les fans behind the scenes.
C’est probablement ça qui fait la grande force de cette série. Ce n’est pas moi qui le dit. C’est Mark Gatiss !
But most of all, it’s the story of a team of dedicated professionnals all of whom have come to love Sherlock and John as much as Steven and I ever did.
Mark Gatiss, september 2014, in Sherlock’s Chronicles
Vous ne pourrez pas tomber sous le charme de Sherlock, sans succomber à celui de son équipe.
10 ans de Sherlock
Aujourd’hui, 25 juillet 2020, cela fait 10 ans que Sherlock a été diffusé pour la première fois sur la BBC. Une date peu propice pour un lancement qui a donné des sueurs froides à ses créateurs. Mais en une nuit la magie a pris.
Pour moi, il aura suffit d’un regard en janvier de l’année suivante pour succomber. Un regard bleu et perçant souligné par une réplique improbable. C’était fini, j’avais signé.
De nouvelles saisons en convention, Sherlock m’a offert bien plus que ce que j’aurais pu espérer. Cinématographiquement parlant, c’est mon péché mignon, mon bonheur d’adaptation. Sa finesse, ses subtilités me réjouissent toujours. Son esthétique, ses plans soignés, étudiés me mettent toujours en émoi. J’aime la recherche d’excellence dans cette série autant que sa volonté d’innover sans trahir. Sherlock n’est pas un ersatz de l’oeuvre de Sir Arthur Conan Doyle. La série n’en a pas pris que juste le nom et la vague apparence, elle en gardé l’essence.
Grâce à la formidable équipe technique, cela a aussi été l’opportunité de plonger toujours plus loin dans les coulisses d’un tournage et ça a été fantastique de partager cela, même en URL.
Sherlock a aussi été une remarquable aventure humaine. Elle m’a offert des amitiés (Su, Mimine, you’re my best team) et des rencontres, m’a amené à sortir de ma zone de confort, me lancer dans un fandom (oh boy !) et même à m’assumer en tant que fan et geek dans le bon sens du terme. Paradoxal pour une série autour d’un sociopathe…
Au bout de 10 ans, j’ignore si un jour il y aura une saison 5 ou non. Mais il y a deux choses que je sais :
- Même sans perspective de nouvelle saison, si vous me demandiez si ça vaut la peine de se lancer dans cette série, je vous dirais d’y aller sans hésiter. Si cela ne vous plaît pas, tant pis. Mais si vous aimez, vous y serez pour un moment.
- Sherlock m’a amené vers d’autres aventures. A suivre son équipe, je suis allée vers d’autres séries. En retrouver une partie dans Good Omens ou Dracula c’était un bonheur renouvelé et un gage de qualité. D’une certaine façon, c’est une aventure qui continue.
Comme d’autres séries de qualité, Sherlock a su faire les preuves de son excellence, par sa longévité, sa notoriété et les nombreuses récompenses reçues, bien sûr, mais aussi en fédérant des personnes radicalement différentes tout autour du globe autour de l’oeuvre de Doyle.
Alors n’oubliez pas : The Game is never over…
5 réponses à “Sherlock BBC”
Avec Sherlock on peut objectivement faire preuve de favoritisme. C’est fantastique, magistral, somptueux et génial… I’m Sherlocked depuis longtemps (et ces années d’attente entre les saisons, ça me tue à petit feu…) ! Cette scène de la saison 3, je suis d’accord. Grande fan de Benedict qui est excellent dans tous ses rôles mais aussi de Martin, qui est un grand acteur tant au cinéma qu’au théâtre (il était magistral dans Richard III que j’ai eu la chance de voir !).
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As-tu eu le plaisir d’aller à la Convention. Mon dieu quel moment. J’ai cru que j’allais me réveiller en sursaut pendant que je faisais la queue pour avoir un autographe de Mark.
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Je n’ai malheureusement pas eu cette chance, c’était trop cher pour l’entrée et avoir tout ce que je voulais, et puis l’aller-retour + hôtel… Peut-être l’année prochaine !
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Si tu le peux, fais le ça valait le coup
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[…] Sherlock BBC […]
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