La Longue Vue  : le bal des illusions perdues

Londres 1950, ce soir Antonia et Conrad Flemming donnent une réception pour célébrer les fiançailles de leur fils Julian et de son insignifiante fiancée.

Mais cet événement qui devrait susciter l’enthousiasme d’une mère accomplie dans la bonne société ne fait que remuer davantage la mélancolie et l’amertume d’Antonia.

A quarante-trois ans, celle-ci ne se retrouve ni dans ses enfants, ni dans sa relation avec son mari qui est un brûlant échec.
Humiliée par ses absences et ses tromperies répétées, Antonia dérive et se noie derrière l’apparence d’une vie convenable.

Les fiançailles de Julian l’entraînent dans une étrange introspection. Remontant le temps à travers ses souvenirs, elle fait l’autopsie de ce mariage raté et de l’échec d’une vie.

1942…1937…1927…1926 les aiguilles tournent, remontant les années jusqu’au point de départ de cet étrange naufrage.

Le bal des illusions perdues

La Longue Vue, paru aux Editions de la Table Ronde, n’est que le second roman de Elisabeth Jane Howard, l’autrice de la fameuse sage des Cazalet. Pourtant, elle y démontre déjà une maîtrise de son écriture sans égale.

En faisant ce choix singulier de remonter le temps, elle déconstruit son personnage sous les yeux du lecteur pour mieux l’analyser.

Qui est cette femme qui se présente au lecteur en ce soir de 1950, examinant ses illusions perdues par le petit bout de la lorgnette ?

Glissant dans ce roman comme dans un coquillage, le lecteur voit Antonia changer de masque. La femme désillusionnée laisse place à la femme meurtrie mais amoureuse, puis à la jeune mariée un peu perdue, manipulée par son mari, avant de revenir à la jeune fille ingénue.

Un compte à rebours minutieux jusqu’à cette déflagration silencieuse qui marque la vie d’une jeune femme et le début d’un échec.

Elisabeth Jane Howard croque ses personnages sans concession, avec une acuité presque acide. Du tableau de cette famille malheureuse et en déroute de 1950, son regard se focalise sur le duo formé par Conrad et Antonia, avant de s’arrêter définitivement sur cette dernière.

Derrière un couple en déroute s’en cachent finalement deux autres qui lui font écho, comme des points arrêtés dans le temps. L’un tourné vers le futur, celui de Julian et de sa jeune fiancée que l’on sent déjà très fragile L’autre ancré dans le passé, les parents d’Antonia.

Jeu de miroir, jeu dans le temps pour mieux souligner la critique des mœurs et ce regard aigu dans l’écriture qui ne rate aucun détail.

Une lecture complexe mais tellement passionnante, dans un récit à l’architecture fascinante.

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