Pour introduire ce film, je vous soumets volontairement (quel sadisme !) l’affiche française que j’exècre. Ce sous-titre provocateur « Enceinte ! Et alors ? » n’étant pas franchement représentatif de ce que le film véhicule.
Cela me met mal à l’aise comme si on biaisait d’emblée l’approche du film. On a l’impression sans en avoir vu plus que Juno est une petite (pardonnez-moi le mot) « pute » irresponsable. Puisque Michael Cera qui interprète Paulie Bleeker, père involontaire de l’objet trouvé est exclu de ce visuel, alors qu’il figure sur l’affiche américaine.Comme si elle ne savait pas qui est le père.
En plus, ils ont carrément viré les rayures oranges et blanches d’origine qui étaient un rappel des fameux tic tac à l’orange. Pour ne laisser que quelques touches. Les spécialistes du marketing aux pensées si haut placées ont du estimer que cela lésaient les daltoniens ou que ça faisait trop gai pour un public français râleur. Je ne sais pas.
J’admet que ça peut venir de moi, de mon côté puriste / pinailleuse/chieuse internationale (rayez-la mention inutile). Mais ça me dérange. L’autre visuel me paraît plus représentatif.

Franchement niveau sous-titre, il n’y a pas photo non ? Ou c’est moi ? Et puis le visuel quoi ! Plus gai ! Plus piquant ! Plus frais ! Ça reste une comédie bon sang de bois !
Sans compter que la mine de Michael Cera intrigue. On se pose la question de leur histoire.
Plutôt que de partir sur des préjugés.
Bref.
Après cette petite entrée en matière un peu acide, allons-y, on refait la séance.
Fiche technique
Sortie : 2007
Réal: Jason Reitman
Scénario : Diablo Cody
Casting: Ellen Page, Michael Cera, Jenifer Gardner, Jason Bateman, Allison Janney, J.K Simmons.
L’histoire en deux mots (ou presque)
Juno McGuff est une adolescente à la personnalité un peu à part mais bien dans sa peau et dotée d’un solide sens de la répartie. Lorsqu’elle tombe malencontreusement enceinte après couché avec son ami Paulie Bleeker, elle prend d’elle-même son avenir en main, en décidant de faire adopter cet enfant plutôt que d’avorter. Étrange aventure pour une adolescente que celle de la grossesse, encore plus quand ce n’est pas dans le but de devenir mère.
Pourquoi le voir ?
Sur la forme : Parce que c’est un film joliment pensé, bien que sans fioritures et effets de réalisation excessifs. En choisissant de découper le film par saison, la réalisation sert avec simplicité le propos du film en nous permettant de suivre l’évolution de Juno et de sa grossesse dans le temps (3 saisons = 3 trimestres de grossesse). Le générique est aussi dans cet esprit, reflétant le côté piquant du personnage de Juno et l’ambiance du film. A noter qu’il n’est pas coupé du film mais fait la liaison avec les premières images du films.
Sur le fond : Juno n’est pas et ne sera jamais un film anti-avortement. C’est un film sur le fait d’avoir le choix.
Loin du cliché de l’adolescente écervelée, Juno nous offre le portrait d’une jeune femme qui prend le parti avec maturité, d’assumer son inconscience d’un instant de façon positive. Il y a une force et une intelligence dans ce personnage qui en fait un modèle positif. Certes, on peut supposer que cela n’est pas représentatif de la majorité des adolescentes dans ce cas. Mais est-on aussi en droit de réduire toutes les adolescentes dans cette situation à des idiotes incapables de décisions sensées ?
Sans aucun parti pris et sans excès de dramatisation, de pathos ou de bons sentiments, Juno traite de cette situation délicate avec justesse, porté par une Ellen Page touchante de naturelle, frayant avec finesse entre la verve de son personnage et son chantier émotionnel interne.
Et je pourrais vous raconter pendant des pages pourquoi c’est une actrice merveilleuse et que ça explose dans ce film, et que même Jenifer Gardner le dit. Mais j’arriverais à vous dégoûter à force je pense.
Le film touche aussi au sujet sensible du désir d’enfant et de l’adoption. En contre-champ parfait de la situation de Juno, Jenifer Gardner nous dresse un portrait émouvant de cette femme tellement dévorée par son travail et son désir d’enfant qu’elle est aveugle aux sentiments réels de son compagnon quant à la situation.
Résistant à la tentation du féminisme radical, Juno nous offre néanmoins trois authentiques portraits de femmes à différentes périodes de la vie : Juno qui fait en somme l’apprentissage de la vie de femme, Vanessa dont la féminité ne peut se trouver épanouie qu’en passant par la maternité et Bren MacGuff (belle-mère de Juno) qui se voit confrontée à la délicate mission maternelle d’assister sa belle-fille dans cette étrange période (la scène de l’échographie est d’ailleurs un grand moment du film sur ce point). Toutes trois se trouvent face à des choix ou des perspectives peu évidentes à assumer mais qu’elles affrontent avec courage.

Juno est un film plein de sensibilité qui aborde avec simplicité et la fraîcheur de la comédie des thèmes peu évidents, sans tomber dans le militantisme ou la leçon de morale. C’est juste l’évidence de certaines réalités de la vie, en particulier de la vie de femme, abordées tout simplement avec humour et intelligence, sur fond d’amours adolescentes.
Récompenses
Juno a remporté 54 récompenses dont un Oscar du meilleur scénario.
Il faut dire que la scénariste, Diablo Cody a eut la brillante intuition de se baser sur des exemples tangibles, y compris de son entourage proche pour écrire cette histoire, sans pour autant tomber dans l’inspiration de faits réels directe qui aurait peut-être plombé le propos du film.
Et c’est pour ça que Juno ressemble à la vie tout simplement.
Il reste indubitablement un de mes films cultes. Un coup de coeur absolu.
6 réponses à “JUNO”
J’avais beaucoup aimé ce film, et le fait qu’il évite tous les écueils dans lesquels il aurait pu tomber vu le thème… Un film qui arrive à surprendre sans gros effets, c’est… surprenant!
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Exactement ! C’était bien mené, tout en finesse. Sans faire d’excès de zèle.
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C’est un de mes films préférés ! J’ai dû le regarder une bonne dizaine de fois 🙂
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Moi aussi. 🙂
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[…] JUNO. (2007) Réal : Jason Reitman […]
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[…] A retrouver en article aussi : JUNO […]
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