– Cheffe, cheffe, on vient de recevoir la chronique de July !
– Ah ben c’est pas dommage ! On allait finir le bouclage … Philharmonia ? Mais keskecé que ça ?
– Je ne sais pas, cheffe. Il a dit qu’il était pour l’éclectisme.
– Nan mais celui-là ! Quinze jours de vacances et il déconne à plein tube ! Après la cuisine, la peinture, v’là qu’il se prend pour Chopin. Et demain quoi ? Les loisirs créatifs, le macramé en série ?
– Qu’est-ce-qu’on fait du coup, Cheffe ?
– On n’a plus le temps alors on envoie la sauce ma bonne Lucette. De toutes façons, avec ses jeux de mots, il va en perdre la moitié en cours de lecture…
Après la peinture, après la cuisine, la musique ! Eh oui, je vais vous parler de Philharmonia qui a été diffusée il y a deux mois sur France 2 et que j’ai vue après-coup. Philharmonia, keskecé ? Non, ce n’est pas un fromage frais qui sert à faire des cheesecakes. C’est une série de 6 épisodes d’une cinquantaine de minutes qui parle de l’arrivée d’une chef[1] d’orchestre à la Philharmonie de Paris suite au décès du chef en place. Mais derrière tout cela, il y a des enjeux, des crimes et des jeux de pouvoir…
En effet, évidemment, les musiciens font des crasses dès le départ à Hélène Barizet, la chef. On lui colle la partition au moment où il faut jouer, on joue Mission : Impossible en guise de bienvenue… Et évidemment, tout le monde fait front contre elle, mais la vaillante et vigoureuse Hélène s’en sort toujours malgré les conflits internes. L’histoire, vous l’aurez compris est assez simple et l’on a rapidement une idée de là où les scénaristes veulent en venir. Le scénario de base est efficace, même si à mes yeux, une histoire de maladie génétique se greffe et c’est presque trop. De là à dire qu’elle se greffe d’orchestre, cela va de soi, surtout pour un calembour foireux.
Dans Philharmonia, tout y passe : Beethoven[2], Dvorak[3], Brahms[4], et évidemment les grands classiques, tels que Bach, Mozart[5]… Les grands classiques ne sont pas pour nous déplaire, même si les mélomanes comme moi les ont déjà beaucoup entendus. Ah oui, scoop : July adore le classique. Une musique qui relaxe, qui détend, qui est violente, qui fait pleurer, qui fait sourire… Et les classiques sont un début. Le non-mélomane[6] se dira que ces thèmes là, il les a entendus quelque part, mais qu’il ne sait plus où. Indice : si ce sont les Quatre Saisons de Vivaldi, c’est probablement à la CAF, à Pôle Emploi ou aux Impôts.
Au casting, on retrouve des acteurs que l’on a vu ailleurs : je pense à Tom Novembre (que l’on ne présente plus, mais pour le fun, je vais dire qu’il a joué dans Caméra Café ou Zodiaque, la saga de l’été de TF1), Laurent Bateau (Un village français, plus récemment Disparue avec François-Xavier Demaison sur France 2 également), Lina El Arabi (que j’ai découverte ici), Marie-Sophie Ferdane (pensionnaire du Français entre 2007 et 2013 mais dont je n’avais pas entendu parler auparavant), Tomer Sisley (allez, pour le fun, on va citer Largo Winch, parce qu’il y joue aussi bien qu’ici…), François Vincentelli (le mec de Hard sur Canal +, c’est lui !), Jacques Weber (respect, c’est tout !) ou Véronique Jeannot (mais avec elle, toutes les chansons racontent la même histoire : son premier, c’est désir, son deuxième du plaisir, son troisième c’est souffrir, ouuuu-ouuuuh, et son tout fait des souvenirs[7]).
Avec un tel casting, y’a quelques scènes qui sont assez sympa. Je pense à celle de Tom Novembre dans le métro ou à la salle inondée, ce qui oblige l’orchestre à improviser des salles de répétition. Mais il faut noter également dans la série quelques moments où les scènes sont surjouées. Notons également que la comédienne principale ne sait pas comment diriger un orchestre. C’est tout de même fort dommage surtout qu’apparemment, les comédiens ont été formés par des musiciens pour avoir l’air crédible[8]. Les néophytes[9] diront qu’ils ne l’ont pas vu. Certes. Mais les initiés diront que c’est dérangeant, les musiciens les premiers[10].
Enfin, certains clichés qui me dérangent : le jeune ne connaît évidemment rien au classique. « Tu connais Purcell, toi ? », dit notre chef à un jeune homme avec son casque… Bref, vous voyez où je veux en venir. Je suis d’accord, les personnes ont tendance à être âgées dans les salles de concert : le cliché veut qu’elles y aillent pour s’emmerder et dire que c’était magnifique en sortant. Mais le classique, ça émeut. Le classique, c’est beau. Il faut prendre le temps. Et les jeunes aussi savent le prendre et l’écouter. Éduquons-les ! Ce n’est pas aux jeunes de venir au classique mais au classique de venir aux jeunes. Arrêtons de les considérer comme des ignares incapable d’apprécier Bach, Mozart, Beethoven, Haydn, Wagner, Schubert, Liszt, Chopin… Y’a un marché à conquérir en allant les chercher.
Une saison 2 est possible selon la showrunner mais les rumeurs ont été démenties, par les producteurs d’une part[11], par la politique de France Télévisions imposée par Delphine Ernotte, d’autre part[12]. À titre personnel, j’aurais aimé en savoir un peu plus sur une seconde saison mais il semblerait que les factures de taxi soient plus importantes que le budget séries sur France Télévisions[13] tout comme les livraisons de voitures neuves[14]. Dommage de voir les budgets séries partir en particules fines.
Si l’on recoupe ce dernier point avec la loi, c’est désormais au Président de la République de nommer les directeurs de France Télévisions et de Radio France depuis Nicolas Sarkozy[15]. Et les Européennes arrivent. À bon entendeur, coucou[16].
July
[1] Ne comptez pas sur moi pour écrire cheffe. J’ai beau militer pour une avancée des droits des femmes, y’a des féminisations qui font pleurer les yeux. Et puis les femmes ne gagnent-elles pas ce combat lorsqu’on ne féminise plus mais qu’on garde la même orthographe pour les deux sexes ? On les considère ainsi sur un pied d’égalité et l’on n’est pas obligé de préciser « eh, oh, c’est une femme, regardez, on est progressistes, ici, parce qu’on met des femmes », se servant ainsi des dames comme argument et non comme personnes.
[2] Pour les non-initiés, prononcer Bétovn.
[3] Pour les non-initiés, prononcer Dvordjak.
[4] Pour les non-initiés, prononcer… Non mais sérieusement, là ??
[5] Et surtout Stéphanie de Monaco. Ah non.
[6] J’hésitais avec hérétique, mais je me suis dit que ça n’allait pas le faire !
[7] J’ai eu cette put*** de chanson dans la tête à chaque fois que je la voyais, alors je partage ! Et en même temps, c’est une « mélodie qu’on entend partout : oh I need you babyyyyyyy, yes I doooooooooo ». Welcome in the 80’s. https://www.youtube.com/watch?v=6LgYEz0Td1k, consulté le 25 mars 2019.
[8] https://www.20minutes.fr/arts-stars/television/2444067-20190206-philharmonia-beaucoup-efforts-credibilite-peu-effets, consulté le 25 mars 2019.
[9] Comprendre une fois encore les non-initiés ou les héréti… Ah non, c’est vrai, je peux pas si je veux conserver un lectorat.
[10] Ibidem.
[11] https://www.programme-tv.net/news/series-tv/225233-philharmonia-france-2-y-aura-t-il-une-saison-2/, consulté le 25 mars 2019.
[12] https://www.cbnews.fr/medias/image-delphine-ernotte-veut-elargir-themes-formats-series-france-televisions-38615, consulté le 25 mars 2019.
[13] https://www.lesinrocks.com/2015/09/news/a-france-televisions-aussi-on-prend-trop-le-taxi, consulté le 25 mars 2019, pour ceux qui précédaient Delphine Ernotte à la tête de France Télévisions.
[14] http://www.entreprise.news/couteux-caprice-de-delphine-ernotte-a-france-televisions/, consulté le 25 mars 2019.
[15] https://clesdelaudiovisuel.fr/Connaitre/Liberte-des-medias-audiovisuels-et-regulation/Comment-sont-nommes-les-presidents-de-l-audiovisuel-public, consulté le 25 mars 2019.
[16] Oui, je dis « coucou », parce qu’on dit trop « salut » aux bons entendeurs, et pas assez « coucou ».
3 réponses à “Et si on regardait… Philharmonia ? (ou pas !)”
Ces notes de bas de pages c’est un éclair au chocolat qui sort du four !
Je suis pas d’accord pour cheffe mais chacun fait comme il veut sur l’internet hein ^^
Sinon je connaissais pas parce que j’ai pas la télé chez moi (je pense que c’est une bonne raison), j’aime plutôt bien le classique même si j’y connais pas grand chose (mais je suis sûre d’un truc, j’aime Peer Gynt d’amour) et la série me botte pas trop… Par contre, d’autres manières/médiums pour apprendre des trucs sur la musique (coucou (hihi) Alexandre Astier) je suis preneuse !
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Je ne savais pas que tu aimais tant que ça les éclairs au chocolat ! Aimer le classique sans connaître, ce n’est pas grave. Faut essayer une symphonie de Beethoven, des sonates pour piano, des toccatas pour orgue de Bach, de l’écriture au pif… Et se demander si on aime ou pas, y’a pas plus simple ! 🙂
Et pour Peer Gynt, la mort d’Aase, c’est à mes yeux le plus beau morceau.
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[…] https://juneandcie.com/2019/03/25/et-si-on-regardait-philharmonia-ou-pas/, consulté le 20 avril 2020. June, ne me remercie pas pour tes pages vues quand je m’auto-cite, […]
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