Résumé
Editions Belfond. Parution octobre 2015 Prix : 20.50€ (broché)
A dix-sept ans, Mollie a eu un parcours chaotique qui l’a conduite de foyer en famille d’accueil. Sa dernière bourde lui vaut une peine de cinquante heures de travaux d’intérêts généraux, sous peine d’échouer dans une institution de redressement pour mineurs.
La voilà sommée d’aider une singulière vieille dame de quatre-vingt-onze ans à ranger son grenier. Autant dire toute une vie de souvenirs. Mais Vivian Daly est loin d’avoir eu une vie ordinaire et au fil des cartons, Mollie découvre des souvenirs et une existence qui ne sont pas loin de faire écho aux siens. Entre les deux femmes que des décennies séparent, va se tisser un très joli lien autour de deux enfances dévastées.
Le train des orphelins : leçon d’histoire et moment de lecture lumineux
Une jeune femme paumée, une vieille dame peu ordinaire, une amitié inattendue… d’excellents ingrédients de base pour faire un bon roman, mais jusque-là rien d’extraordinaire. Ce qui va réellement faire la force de cette histoire c’est qu’elle repose sur une réalité. L‘Orphan Train Movement est un mouvement qui a bel et bien existé entre 1854 et 1929 aux Etats-Unis. Fondé par Charles Loring Brace, pasteur et philanthrope, qui patronne la Children’s Aid Society, il a pour vocation de sillonner les Etats-Unis pour retrouver des foyers convenables aux orphelins des grandes métropoles de l’Est américain, laissés à la rue.
Si l’intention était louable et la majorité des familles adoptantes honorables dans leurs intentions, l’absence de procédures d’encadrement et de surveillance de l’adoption laissa hélas place à quelques dérives (maltraitance, exploitation, proxénétisme). On estime néanmoins que 120 000 orphelins ont ainsi pu être placés, dont la grande majorité dans des foyers convenables.
Dans Le Train des Orphelins, Christina Baker Kline se sert avec intelligence de l’histoire présente de Mollie comme d’un levier pour nous plonger dans le passé de Vivian et nous conter le singulier destin de ces enfants. Inspirée par l’histoire familiale de son mari, elle insuffle au passé de la vieille dame une touche émouvante de véracité et retrace avec force détails le cheminement de ces trains qui emportent tant de destins.
Tout au long du récit, les destins croisés de Mollie et de Vivian se font écho, se répondent, avec intelligence et une grande subtilité de plume. Pas question ici de faire de ces orphelines des victimes, mais plutôt de démontrer comment deux êtres écorchés, qu’apparemment tout sépare, peuvent en réalité se comprendre et se compléter.
Découvrir l’histoire de Vivian redonne sens à celle de Mollie. Elle permet à la jeune femme d’évoluer, sans que cela paraisse artificiel ou bien pensant dans le récit. Au contraire, le roman a quelque chose d’indéniablement lumineux, qui fait qu’on se laisse porter, qu’on s’attache à cette histoire sans même y penser.
Entre fiction et réalité, Christina Baker Kline se sert de sa plume avec subtilité pour créer un vrai beau moment de lecture où il fait bon se lover.
Une réponse à “Le train des orphelins”
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