Résumé
Editions Scrineo. Parution : octobre 2016. Prix : 20€
4ème de couverture.
La Goranie était un royaume florissant avant de tomber aux mains des Traceurs. Cette peuplade barbare des montagnes fait régner la terreur et pille le pays sans vergogne. Les Traceurs ont cependant accepté d’alléger le joug de la servitude des peuples conquis, en autorisant la procession, une célébration traditionnelle lors d’un mariage populaire. Mais la fête religieuse tourne au bain de sang.
L’époux, survivant du massacre, ivre de vengeance, profite de l’indignation qui se répand pour embraser la révolte. Les Traceurs dépêchent alors leur plus grand chef de guerre pour mater l’insurrection. Des heures sombres s’abattent sur la Goranie…
Mon avis : Roadtrip et politique en Goranie
Ah la Goranie ! Son air pur. Son ambiance animée. Son climat humide. Ses paysages hostiles. Ses mariages sanglants. Son régime politique compliqué. Sa domination par les Traceurs. Ses jeux de pouvoirs. Ses révoltes. Ses pécores embusqués dans la forêts avec des fourches et ses mecs qui se font couper en deux. Un endroit sympathique où aller passer ses vacances si on veut finir éviscéré pour avoir piqué une pomme au marché en somme.

Comme on aime à découvrir de nouvelles coutumes locales, du type faire manger ses informateurs par ses chiens, c’est donc par là que nous sommes allées nous balader avec Plouf qui lit, suivant notre guide de fantasy préféré du moment, Gabriel Katz. Non que nous soyons devenues monomaniaques mais nous avons décidé de tester l’adage : On ne change pas une équipe qui gagne.
Si Aeternia et Le Puit des Mémoires restent largement en tête sur le podium des Katzeries – appelons cela comme ça- La part des Ombres se défend plutôt pas mal en la matière. Une aventure épique de bonne facture, en deux tomes, soigneusement pimentée par le maître, comme à son habitude, de coups de théâtre et de péripéties en tous genres. L’intrigue sait tenir son lecteur en haleine et ne le décevra pas, qu’il soit novice ou non dans l’univers de Gabriel Katz. Complots, mensonges, politique, jeux de pouvoir et petites trahisons entre amis ou en famille, avec quelques bonnes batailles pour relever le tout, voilà ce que nous propose le guide. Sans oublier les dégustations de spécialités locales, comme souvent dans les romans de Gabriel Katz. Un conseil : ne partez pas dans ses romans sans un bout de saucisson à portée de main. C’est un coup à tomber d’inanition.
Il y a aussi une petite touche féministe dans cette ambiance mâle et brute de décoffrage, qui sent la sueur et le sang, puisque les personnages féminins forts et indépendants sont à l’honneur. Des femmes avec du leadership, fines stratèges, avec autant de cœur que de cervelle et qui ne vont pas manquer d’imposer leurs règles dans la partie qui se joue. Autant vous dire qu’il y en a des à qui il ne vaut mieux pas tenter de compter fleurette pour s’amuser, sans une coquille à l’entrejambe et une dague à portée de main.
La Part des Ombres confirme également une impression initiée sur les autres romans : le style de Gabriel Katz ne souffre pas de pause dans la lecture, sous peine d’y perdre de sa saveur en brisant le rythme. C’est comme faire du surf, une fois engagé, il faut suivre l’élan de la vague, sous risque de se casser la binette. Gare donc aux pauses de lecture trop longues. Pour le dire métaphoriquement, il faut finir le pot de glace avant qu’il ne fonde.
On retrouve au passage, dans cette nouvelle épopée, deux figures familières issues des histoires précédentes, Desmeon et Olen dont les chemins se croisent ici à des moments ultérieurs de leurs destins. Un vrai plaisir pour le lecteur averti de les retrouver et d’assister à leur rencontre. On ne peut d’ailleurs que se demander avec une certaine jubilation où cette route commune va les mener.
Mais ceci semble être une autre histoire…