Résumé : Les 10 petits Nègres à Dowton Abbey
Editions Sonatines. Parution : mai 2019 Prix : 22€ (broché)
Dans une forêt obscure, un homme reprend connaissance, perdu, désorienté. Il ne sait plus ni où il est, ni qui il est. Sa seule conviction est qu’une femme est en danger de mort et qu’il doit la sauver.
Perdu dans la plus étrange partie de Cluedo live qui soit, Aiden Bishop a sept vies devant lui, pas une de plus, pour tenter d’élucider le meurtre d’Evelyn Hardcastle.
Mais qui est l’auteur de ce jeu diabolique ? Comment s’est-il retrouvé mêlé à cette partie ? Et pourquoi Evelyn Hardcastle va-t-elle mourir une nouvelle fois ce soir ?
Une partie d’échec sans fin
Voici une lecture qui promettait beaucoup sur le papier, aussi aies-je volontiers accepté l’invitation de ma chère Charmant Petit Monstre de s’y promener en binôme. Bien m’en a pris, car il n’aura pas trop fallu de deux esprits bouillonnants pour tenter de démêler les méandres de cet écheveau infernal.
Ma mère dit toujours …
… Le Mieux est l’ennemi du Bien. Une maxime de mon grand-père qui l’avait emprunté à Voltaire. A trop vouloir bien faire, on finit par gâcher ce qu’on avait de bien. Un dicton qui résume bien mon impression en refermant le livre.
Du bien, du bon, de l’intriguant, il y a en avait pléthore dans ces 7 morts d’Evelyn Hardcastle. Un postulat original, une intrigue alléchante, du suspens dans tous les recoins, une bonne ambiance d’Agatha Christie, un manoir qui tombe en décrépitude tout comme la famille qui l’habite et un panel d’invités pour le moins épicé. Le tout couplé à un mélange de genre alliant policier à une touche de fantastique. Le meurtre était presque parfait, oserais-je dire.
D’entrée de jeu, nous voilà propulsé en plein mystère. Hop là ! Blackheath vu du ciel, direct dans la forêt obscure, au petit matin, avec un amnésique en panique et un assassin aux fesses. Un début sur les chapeaux de roue qui ne manque pas de charme, mais quelque peu déstabilisant. L’absence totale de repères du personnage n’aide pas le lecteur à prendre les siens. Aussi pendant les cent premières pages, il faut accepter de lâcher prise et de pédaler un peu dans la semoule, englué dans un contexte riche mais aussi intriguant que complexe.
Et complexe est un moindre mot, la trame est plus retord et tarabiscotée que la toile d’une araignée maniaque atteinte de Parkinson.

Une fois passé le cap des cent premières pages, tout roule à peu près. Je ne dirais pas qu’on est en mesure de tracer le plan du manoir et de réciter la liste des invités, mais on est parvenu à saisir les règles du jeu machiavélique qui se joue. Du moins, dans les grandes lignes… Les grandes révélations finales éclairciront le tableau, hélas peut-être pas forcément sous le meilleur éclairage. Mais ce n’est que mon point de vue.
En attendant, loupe en main, pipe à la bouche (ou tasse de thé), on sillonne le sinistre et bien nommé Blackheath House, sautant d’un hôte à l’autre en quête de précieux indices, découvrant les sombres petits secrets de chacun. Du mystère, de l’énigme, vous en aurez pour votre argent. Un véritable labyrinthe de révélations et de secrets dit la quatrième de couverture. Le terme est bien choisi. Car à trouver du secret en veux-tu en voilà, le lecteur finit par y perdre un peu son latin, embarqué dans ce tourbillon d’hôtes et de coups de théâtre. Il nous a fallu parfois quelques brainstorming de neurones conjugués avec Mimine pour mettre de l’ordre dans nos investigations et être sûres d’avoir tout bien compris. On n’est pourtant pas des débutantes en matière de tordus. Personnellement, je n’étais pas loin de prendre des notes.

Ne nous le cachons pas, il y a même eu des francs moments de désorientation du type : Mais c’est qui lui déjà ? Comment il sait que l’autre sait ? Est-ce qu’il sait que l’autre sait ? Elle est morte ou pas ? Mais c’est le demi-frère de qui ? On est quel jour déjà ? Où est le bar ?

Moments qui n’entament pourtant pas une solide et tenace motivation à connaître le dénouement de cette histoire machiavélique. Pourtant, là encore, petit hic : Trop de complexe tue parfois dans l’œuf la jubilation du complexe et le goût des secrets de dernières minutes. Face à un soufflé merveilleusement monté, la dégustation de la révélation finale a un arrière- goût de : Tout ça pour ça ?

En résumé, Les 7 morts d’Evelyn Hardcastle bénéficient d’un nombre d’atouts certains qui font l’attrait du roman. Cependant, le postulat de départ était si merveilleusement vendeur et prometteur que le roman se perdre lui-même à tenter de se dépasser par des complexifications pas toujours indispensables.
Certains y verront là tout le piment de la chose. Mon point de vue est que cela risque de perdre du monde en route, moi la première. Ce n’est pourtant pas faute de s’être vaillamment relayée avec Mimine pour être sûre de ne rien rater. D’ailleurs l’aventure de cette lecture commune a fini par ressembler à un mixe entre une partie de Cluedo sous amphétamines, un épisode fantastique d’Hercule Poirot et une petite dose de Sherlock sous cocaïne

Je m’attendais à dévorer le pavé d’une traite, il m’a fallu faire des étapes relais et, ainsi que j’ai coutume de le dire, quand un romance a visité plus d’une fois toutes les pièces de la maison avec moi, c’est qu’il y a comme qui dirait une couille dans le potage.

4 réponses à “Les 7 morts d’Evelyn Hardcastle”
« D’ailleurs l’aventure de cette lecture commune a fini par ressembler à un mixe entre une partie de Cluedo sous amphétamines, un épisode fantastique d’Hercule Poirot et une petite dose de Sherlock sous cocaïne » Qu’est-ce que ça m’a fait rire XD
Vous avez eu plus de courage que moi, j’ai dû abandonner à 50 pages, tant ça m’énervait de ne rien, mais rien comprendre (en plus le polar c’est pas trop ma tasse de thé à la base). C’est vrai qu’il avait l’air très prometteur, mais vraiment très complexe, comme vous le dites bien.
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Si au moins j’ai pu vous permettre d’en rire et de vous sentir moins seule sur le retour de cette lecture plus qu’épique alors je n’aurais pas souffert pour rien 😆
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Je l’ai fini il y a peu et effectivement, construction brillante mais on se dit un peu « tout ça pour ça »…
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