Résumé
Eté 1937, dans le Sussex, les Cazalet s’activent pour recevoir toute la tribu dans la demeure familiale. La Duche est aux commandes aidée par Rachel, sa fille. C’est un vrai plan de bataille pour accueillir les trois fils Hugh, Edward et Rupert, arrivant de Londres avec épouses et enfants, sans compter les grandes-tantes, les soeurs des épouses et leurs enfants et les amis de passage.
Un ballet fou perturbé par les rumeurs de guerre qui divisent les trois frères. Si certains encore d’y croire, d’autres membres du clan se préparent au pire. Comme le patriarche William qui s’active déjà pour acheter des masques à gaz et creuser un abri.
Mais la guerre pourrait-elle vraiment venir troubler la beauté tranquille de ces étés anglais ?
Mon avis : tea time sous les bombes dans la campagne anglaise.
La saga des Cazalet c’est un charme inexplicable et tout britannique. L’action coule lentement comme un ruisseau sous une canicule de juillet, pourtant on reste indéniablement fascinés. Comme pris dans cette langueur qui rythme la vie de la famille sous la chaleur de l’été.
Il y un parfum indéniable de Downton Abbey qui plane dans le sillage des robes du soir et des secrets d’alcôve. Mais ici point de Lady Violet pour épicer la chose de reparties bien senties et les intrusions chez le personnel sont très limitées. On reste dans le cercle familial. Le charme en est tout différent et les enjeux aussi.
Dans ces deux premiers tomes, la guerre s’approche lentement, telle une tempête dont les nuages s’amoncellent au loin. Le récit rend nettement l’état d’esprit de ces classes aisées, marquées par le conflit précédent, qui, en dépit de leur culture, leur expérience, leur accointances, ne veulent pas croire à ce qui se profile.
Cependant, la marche des événements va forcer à l’organisation, faisant renaître les angoisses. Les mères regardent les fils et les époux, se demandant déjà combien de générations va voler ce conflit.
Ces étés anglais ont la douceur et le charme de la campagne du Sussex. On s’y réfugie avec bonheur, comme on se love sous un plaid. Une tasse de thé chaude en main, on se demande si le secret de l’un ou l’infidélité de l’autre sera découvert.
La guerre qui n’était jusque-là qu’une sorte de lointaine toile de fond, nous pousse en se rapprochant à envisager d’un regard différent ces personnages dont les préoccupations ont parfois nous paraître si futiles. La famille survivra-t-elle sans éclater face à la réalité d’un nouveau conflit mondial ?
On regarde soudain avec appréhension ces enfants qui jouent dans la campagne anglaise à des jeux encore innocents. Que laissera la guerre à cette jeune génération ? La quiétude de l’été en ces années 37 et 38, se mue en une sourde angoisse.
Au coeur de tout cela, il y a les femmes. Amoureuses, maîtresses, commandantes ou soumises. Ces destins de mère, de soeur ou d’épouse nous dessinent des portraits de femmes assignées par une époque et une classe sociale à un rôle qui ne leur correspond pas. Prisonnières, elles n’en sont pas moins actives et actrices de l’action, même si leur périmètre est limité, et font face aux événements avec courage.
La lenteur et le côté parfois paisible du récit pourraient le rendre soporifique. Cependant, l’écriture habile de ces Etés anglais en font un roman fleuve fascinant que l’on peut poser par moment mais auquel on finit toujours par revenir avec une certaine délectation.
Plus qu’une saga familiale, c’est une forme de fresque sociale qui se peint doucement sous nos yeux. La photographie d’une classe prise lors de sa rencontre avec un tournant de l’Histoire.
Une réponse à “Etés anglais : tea time sous les bombes dans la campagne anglaise”
[…] Saga Cazalet : Etés anglais / A rude épreuve, tomes 1 & 2 […]
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