Résumé
Editions l’Archipel. Parution poche : octobre 2020. Prix : 6,99€
Avril 1912, tandis que dans le port de Cherbourg, le Titanic s’apprête à larguer définitivement les amarres, après son escale, pour sa traversée inaugurale, Tess Collins décide sur un coup de tête d’aller tenter sa chance en Amérique. Engagée in extremis comme femme de chambre par Lady Duff Gordon, elle espère bien faire pouvoir faire valoir ses talents de couturière auprès de la célèbre créatrice.
Mais le naufrage du Titanic va la placer au coeur d’événements et d’une polémique qui va secouer l’Histoire.
Que s’est-il passé dans le canot n°1 ? Les Duff Gordon ont-ils fait passer leur survie avant tout ?
La petite couturière du Titanic : le petit biais de la grande Histoire
Dans La Petite Couturière du Titanic, Kate Alcott prend le parti intéressant d’intégrer ce morceau marquant d’Histoire en y faisant entrer le lecteur par la porte de service, grâce au personnage de Tess Collins.
Tess est un personnage de fiction, judicieusement placée auprès de la fantasque et bien réelle Lucy Duff Gordon, figure marquante de l’aristocratie de l’époque. Lucy Duff Gordon s’est fait une place dans les cercles mondains grâce à ses créations de mode et le naufrage du Titanic va contribuer à donner à son image un tout autre éclat.
Face à la tragédie, Tess va se trouver entre sa fascination pour le talent de Lucy, son envie de faire ses preuves de ses dons de modiste et la fracture évidente, criante d’inégalités entre les classes que met en lumière. Peut-elle réellement fermer les yeux sur l’attitude révélatrice de Lucy cette nuit-là ? Sur leur mensonge évident à Cosmo et elle pour épargner leur réputation. Comment se fier à ceux qui n’ont pas hésiter à sacrifier les autres ?
Si évidemment bien des choses sont largement romancées, le regard de Tess nous permet de nous glisser dans les coulisses du drame, au coeur de la commission d’enquête menée par le sénateur Smith pour faire la lumière sur les circonstances du drame. Basée sur les transcriptions des procès-verbaux de cette commission sénatoriale, le roman s’émaille de témoignages et de détails véridiques, menant ainsi à une question cruciale : pourquoi n’y-eut-il qu’un seul canot qui revint cette nuit-là chercher des survivants ?
D’autres interrogations surgissent dès lors autant dans l’esprit de Tess que du lecteur : Pourquoi certains canots à moitié pleins ne sont-ils pas retournés sur les lieux du drame ? Revenir présentait-il un risque vital pour les occupants des canots ?
En plaçant Tess dans la tourmente, Kate Alcott nous conduit au coeur du drame du Titanic et de ses enjeux. Les passionnés du Titanic sauront apprécier sa précision historique sur nombre de détails, tout en appréciant que cela n’altère pas la fluidité du récit et la saveur du romanesque. Ma seule déception fut le triangle amoureux qui, à mon sens, n’a pas présenté d’intérêt véritable vu le dénouement, excepté celui de mettre en valeur de façon exacerbé les dilemmes intérieurs de Tess qui se voit prise en deux mondes, entre ses aspirations et la réalité d’une injustice sociale.
Bien mené, avec un style agréable à lire, La Petite Couturière du Titanic se laisse dévorer.
Une réponse à “La petite couturière du Titanic”
Il me tente bien celui-ci, je trouve l’angle choisi par l’auteure intéressant – partir de la commission d’enquête avec de vrais témoignages.
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