JUNE & CIE

Souvenez vous, pour ceux qui me suivent depuis suffisamment longtemps, en janvier 2019, je décidais de bien commencer l’année avec un billet vous contant combien Jérémy Ferrari était un humoristique brillant.

Une diatribe approuvée par le maître en personne, dans toute sa modestie.

En 2021, cinq ans et une pandémie après Vends Deux Pièces à Beyrouth, notre Prince de l’humour noir, notre Belzébuth à tous, est donc revenu avec un nouveau spectacle sur le thème de la santé. Histoire de rigoler un peu, si tant est qu’on ne s’était pas assez marré sur le sujet pendant le COVID.

Si vous le connaissez, vous savez qu’avec un thème comme la santé, notre Satanas bien aimé allait forcément être un peu taquin.
D’autant qu’encore une fois, le contexte croustillant était de son côté. Ah ben attendez Vends deux pièces à Beyrouth, bam Bataclan ! Débuts d’Anesthésie Générale bim pandémie mondiale. Comme il le souligne lui-même :

Soit je prédis les choses et je suis votre messie. Soit je les provoque et je suis Satan. Mais il faudrait me prévenir parce ce n’est pas exactement le même projet.

Du coup la Santé Publique il lui taille un costard maison à la Ferrari, finitions garanties, épinglant les laboratoires pharmaceutiques, les politiques, les opportunistes, les charlatans et autres profiteurs de tous les acabits. Coucou Jacques Servier ! Coucou l’homéopathie ! Ah ben coucou Nicolas Sarkozy ! Oui il est là lui aussi.

La Santé Publique, il nous en fait l’histoire, l’oraison funèbre et le requiem dans la foulée, nous laissant avec ce constat en guise d’épitaphe : un service de Santé Publique gratuit ne peut survivre dans le système capitaliste dans lequel nous sommes. C’est pour cela que les politiques laissent lentement agoniser l’hôpital publique, pour nous forcer à nous tourner vers des organismes privés.
Je vous livre ça avec mes mots, il le dit évidement bien mieux que moi.

Allez un petit extrait pour se mettre dans l’ambiance. Celui diffusé par le patron lui-même pour ne rien vous spoiler.

En cours de spectacle, un petit coup de pied au chien à la désinformation en se jouant du public au passage, ça fait toujours du bien et ça ne mange pas de pain. Oui on s’est fait avoir comme des bleus et en plus j’ai oublié de noter la recette de la tarte aux pruneaux. Comprenne qui pourra.

Anesthésie Générale c’est le spectacle de tous les record. Outre d’avoir survécu au COVID et au confinement, Anesthésie Générale cumule, en 3 ans de tournée à guichets fermés, plus de 300 000 spectateurs, dont 110 000 pour son dernier week-end à l’Accor Arena de Bercy (10 0000 en salle et 91 684 sur 350 salles de cinéma).

Au delà des chiffres, Anesthésie Générale c’est surtout un spectacle à part et un exploit personnel.

Outre ses recherches toujours très fouillées sur la thématique visée, Jérémy Ferrari puise loin dans son expérience personnelle et ses errances de diagnostic pour venir nourrir cette autopsie de la Santé Publique.

Et ça mes enfants, pour le faire comme il le fait, il fallait oser. Vraiment. Il fallait avoir un courage de fou.
Déjà commencer un spectacle en parlant de sa tentative de suicide, sans mettre de malaise et faire rire les gens. Bordel quel talent !

Mais ensuite mettre à nu le registre de ses pathologies, le tout en déroulant pendant 3h20 de show, sans faiblir. C’est tout simplement époustouflant.

Sans compter que, il ne m’en voudra pas de le souligner je pense, en matière de diagnostics psy et de maladies invisibles notre Belzébuth bien aimé a la formule complète entrée-plat-dessert.
Arriver à mettre ça en scène, sans lourdeur, sans temps mort, sans malaise, en restant caustique, pertinent et drôle à s’en claquer les zygomatiques : il y a plus que du level. On dit Monsieur Ferrari.

Là où vous, moi, le péquin moyen, le commun des mortels serions en PLS rien d’évoquer ces sujets devant des salles pleines, lui le tourne en dérision avec une énergie incroyable. Cette même énergie qui le fait monter sur scène jour après jour et se battre contre lui-même.

Jérémy Ferrari a inventé un nouveau concept : le spectacle où on rit et on pleure en même temps. Pas l’un après l’autre. En même temps. C’est hyper chaud à gérer je vous promets.
Bon, on pleure beaucoup de rire aussi.
On est émus. On est touchés. On se prend des claques. On a les zygomatiques qui chauffent, mais on voudrait presque lui faire un câlin. Presque… N’oubliez pas que tout ce que vous pourrez dire ou faire pourrait se retourner contre vous durant ses spectacles.

Jérémy Ferrari a le don de mettre toujours la barre plus haut. Vraiment très haut Un spectacle sur la santé, quand on le connaît un peu, on croit deviner à quoi s’attendre de sa part… et lui vous cueille précisément là vous ne l’attendiez pas. Pas du tout.
D’une vérité bien assénée, il vous coupe le souffle. D’une vanne, il vous retourne les neurones. Mime, tour de passe passe, un sourire, coup de pied retourné et te voilà plaqué dans ton fauteuil, le cerveau en ébullition.
Virtuose il ne laisse pas une seconde de pause pendant 3h20 de spectacle survolté. Même ses silences sont des chausses-trappes.

Anesthésie Générale c’est un réquisitoire sans faille. C’est une conversation à coeur ouvert avec le public. C’est un uppercut qui vous laisse KO debout. Ou plutôt assis.

Pour ceux qui l’ont raté, il faudra vous ruer sur le DVD à sortie (à guetter par ici : Dark Smile shop)

En 2019, je vous écrivais que Jérémy Ferrari était un humoriste plus que brillant. Aujourd’hui je peux vous dire que c’est aussi un mec bien avec une incroyable force de caractère.

Monsieur Ferrari, si vous avez toujours besoin d’être là pour nous aider et faire des spectacles, on sera ravis d’être là pour vous soutenir et profiter de votre talent.

NB : pour ceux qui ne connaissent pas du tout Jérémy Ferrari. Je vous conseille ne pas commencer par ce spectacle. Mais de reprendre par les bases avec Halleluiah Bordel pour savoir si vous êtes Jérémy compatible.