Voilà, résumé en 45 secondes, Hero Corp c’est ça.
Mais pour moi c’est aussi deux choses essentielles :
- Une histoire de copains (je vous explique plus loin pourquoi) et de famille (puisque, outre ses casquettes de scénariste, d’acteur et de monteur, Simon Astier est très accessoirement le demi-frère d‘Alexandre Astier (Kaamelott pour les incultes) et le fils de Lionnel Astier (Léodagan dans Kaamelott).
- Un concept original et décalé de supers héros qui n’ont plus grand chose de super. A mille lieux des blockbusters de Marvel&Cie on garde tout de même de belles références au monde des Comics et le ton décalé de la série en fait un petit ovni à part entière.
Le résumé en deux mots.
Suite au décès de sa tante Marie, sa seule famille avec qui il était fâché depuis dix ans, John se rend dans un petit village perdu au fin fond de la Lozère, pour les funérailles. Mais les habitants ont un comportement pour le moins étrange.
Suite à un malencontreux concours de circonstances, John va découvrir qu’ils sont tous des supers héros aux pouvoirs devenus approximatifs et que sa tante n’est pas si morte qu’elle en avait l’air.
Mis à la retraite par leur agence Hero Corp et cachés à l’abri du monde dans ce site secret, l’existence de ces anciens supers était paisible jusqu’à ce que The Lord, le plus grand super vilain de toute l’Histoire, refasse surface. Tous leurs espoirs reposent désormais sur John et la vision qu’a eu l’un d’entre eux, Théodore, le concernant.
Le problème c’est que, jusque là, le seul exploit de John est d’avoir fait malencontreusement évader The Lord qu’ils avaient réussi à capturer par surprise.
Les forces de la série
L’univers
Simon Astier a réussi à construire tout un univers qu’on pourrait aisément rattacher au monde des Comics si on le désirait. Beaucoup plus complexe et sombre que ce qu’il n’y parait au départ, on découvre au fil de la série pas mal de choses sur la fondation de l’agence Hero Corp et sur la fameuse Grande Guerre qui est sensée l’avoir précédée.
L’autre fil principal de l’intrigue ce sont les origines obscures de John qui nous sont dévoilées au fur et à mesure de son évolution. Qui est-il exactement ? Quels sont ses pouvoirs ? Pourquoi doit-il être la solution ? Telles sont les questions auxquelles répondent pas à pas les saisons 1,2 et 3.
Le petit bonus a été de lier l’univers de la série à une bande dessinée expliquant les origines des supers héros. Puis à une mini-série web (entre les saisons 3 et 4) pour faire l’inter-saison et préparer la suite de l’intrigue
L’humour
Forcément avec un tel postulat de base pour les personnages, ça ne pouvait pas partir sérieusement. Et si vous avez aimé Kaamelott, il y a des chances qu’Hero Corp vous chatouille. On n’échappe donc pas aux répliques cultes. Allez morceaux choisis (mais j’ai eu du mal).
John : Je suis dans un village de super-héros moisis. Tu m’as fait venir dans un village de super-héros moisis ! Mais si j’raconte ça quand j’rentre on va m’lancer des cailloux quoi !
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Simon Astier, Hero Corp, saison 1, épisode 4 (Révélations), écrit par Simon Astier, première diffusion par Comédie !.
Mique : Vous savez, John et moi, on est un peu comme frère et soeur !
Laurence : La soeur, c’est vous, non ?
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Étienne Fague, (voix de) Didier Benureau, Hero Corp, saison 1, épisode 13 (Die hard), écrit par Simon Astier, première diffusion par Comédie !.
John : Et vous faites quoi attaché là ?
Le prisonnier, incapable de bouger : Je fais sécher du jambon.
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Simon Astier, Christian Bujeau, Hero Corp, saison 1, épisode 2 (Le test), écrit par Simon Astier, première diffusion par Comédie !.
Klaus : C’est bon, y’en a un qui arrive.
Stève : On y va ?
Klaus : J’ai dis y’en a UN qui arrive.
Stève : Et ben alors ?
Klaus : Ben, en-dessous de huit j’y vais tout seul. Je vois même pas pourquoi je te le rappelle.
Stève : Oui c’est vrai, je suis con.(Klaus, à un personnage retourné)
Klaus : Hé machin !
Inconnu : *pas de réponse*
Klaus : Bon, bah pinage alors…
- Alban Lenoir, Hero Corp, saison 2, épisode 14 (Une nouvelle ère 1/2), écrit par Simon Astier, première diffusion par Comédie !.
Oui c’est beau, c’est poétique, c’est bucolique. C’est beau comme du Audiard mais façon Astier.
Le casting:
Pas vraiment de grands noms mais quelques têtes connues, en l’occurrence Simon, Lionnel et Alexandre Astier, Christian Bujeau ( le maître d’arme dans Kaamelott) , Arnaud Tsamère.
Et quelques têtes qui nous sont devenues plus familières après la diffusion de la série : Sébastien Lalanne, Josée Drevon (Ygerne dans Kaamelott/ Maman de Simon Astier), François Podetti, Aurore Pourteyron.
Avec aussi quelques guests sympathiques comme Pascal Légitimus, Michel Courtemanche, Didier Bénureau, Odelaf, Baptiste Lecaplain ou Manu Payet.
Ce qu’il faut savoir c’est qu’Hero Corp c’est avant tout une histoire de copains puisque le scénario est écrit par Arnaud Joyet (Stan dans la série) et Simon Astier. Que l’idée originale a été imaginé par Simon Astier et Alban Lenoir (Klaus dans la série). Enfin qu’à la direction artistique on retrouve Sébastien Lalanne (qui interprète Doug).
Ce qui démontre, comme je l’ai déjà dit, derrière une bonne série, il y a le plus souvent une bonne équipe soudée.
Le graphisme
Oui c’est un détail. Mais Hero Corp s’offre le luxe d’un très joli travail sur le graphisme du générique signé par Olivier Peru, qui reprend l’esthétique d’un comics. En plus d’être sympathique, ça vous plonge directement dans l’ambiance et vous avez un premier contact avec les personnages et l’histoire.
Le fandom
Soyons francs, Hero Corp au départ ça a été monté avec 3 toiles de tente et deux cacahuètes. Oui ce n’est pas glamour. Et je vous épargne la description des « effets spéciaux ». Mais ça passait parce que ça collait à l’ambiance de la série, c’était raccord.
Seulement pas de budget, pas un gros créneau de diffusion sur Comédie ! et beaucoup de piratage. Inutile de dire que la série a faillit mourir, tuée par ceux qui en étaient les premiers fans.
Mais le fandom d’Hero Corp a su aussi se faire l’instrument de sa salvation.
Hé oui, là aussi je vais vous faire un je vous l’avais bien dit, mais ne jamais sous estimer la force du fandom.
Grâce à une formidable mobilisation, la série a été reprise par France 4 et a obtenu le budget pour les saisons 3 et 4.
Et c’est là que c’est le drame…
Les failles
J’aime beaucoup Hero Corp. C’est marrant, original, construit. Mais le passage d’un format de 20 min à 7 min sur la saison 3 a cassé le rythme. Difficile d’expliciter un personnage aussi complexe que John (non mais si il est complexe en fait. Pas juste relou.) et toutes les ramifications de l’histoire en un laps de temps aussi court. Le tout de façon à ce que le pékin lambda qui tombe sur la série au hasard puisse accrocher et ne pas être largué.
Autant je comprends ceux qui ont râlé en disant que ça avait gagné en budget mais qu’on y avait perdu sur la série. Autant je comprends aussi les difficultés de scénario et réalisation de Simon Astier dans un tel contexte. On ne développe pas de la même façon 14 ou 15 épisodes de 26 min que 33 de 7 min. Ça modifie toute le rythme de l’action et la densité du propos. Même remarque sur la saison 4 où on repasse de 7 min à 13 min pour 19 épisodes cette fois.
(Note au producteur et autres décideurs : Sérieusement, ce genre de choses c’est aussi pénible pour le scénariste que pour le spectateur. Quand on connait la série, on sent bien que le scénariste/réalisateur en a bavé pour s’adapter au format.)
Du coup effectivement on eu l’impression de ne pas avancer à certains moments, que le personnage de John devenait franchement lourd. Mais je trouve qu’au jeu du teasing et du cliffhanger, Simon Astier ne s’en sort pas si mal et que malgré tout on a envie de voir la saison suivante, juste pour connaître le fin mot de l’histoire.
Pour ceux qui n’ont pas encore tenté l’aventure, ne vous laissez pas décourager par la lenteur des 4 premiers épisodes. C’est ce qu’on appelle les scènes d’exposition (rappelez-vous vos cours de français de collège et lycée), de fait c’est moins rythmé que le reste. Mais si vous passez le cap, on rentre vite dans le truc.
Le petit plus de la maison Hero Corp
Comme dit c’est une équipe plutôt dynamique et soudée, du coup ça a donné naissance à un autre concept intéressant: des matchs d’improvisation ouverts entre le casting et des ligues d’improvisation de partout en France et même du Luxembourg ou du Québec puisque certains membres sont québécois comme Jennie-Anne Walker ou Courtemanche. L’idée a rencontrée un certain succès puisque cela tourne à travers la France depuis 2011. On est super héros ou on ne l’est pas !
Conclusion
En dépit de ma déception sur les deux dernières saisons, problématique dûe selon moi au format imposé je persiste, Hero Corp reste à mon avis une bonne série qui gagne à être connue. C’est une production qui a en réalité les défauts de ses qualités: tout simplement c’est une série française.
Française donc pas de budget ou contraintes de diffusion rédhibitoires.
Mais c’est parce que Simon Astier est français qu’il a eu une vision suffisamment décalée du monde des supers héros pour en faire un concept original.
En dépit de tout, je regarderais la saison 5, qui sera de toute façon la dernière. Alors les enfants, PINAAAAAGE !
8 réponses à “Hero Corp”
Pour la saison 4 ce n’est pas que le format qui fait que la série a perdu de sa superbe, le scénario en lui même était chiant, j’adore Hero Corp, j’ai bien embêté ma copine à attendre très tard les épisodes de cette saison 4 pour être souvent déçu, ça ne bougeait pour ainsi dire pas, c’était lent mais lent, et l’humour aussi a un peu faibli.
J’attends la S5 car les derniers moments de la S4 donne de l’espoir pour un ultime regain d’intérêt, mais avec beaucoup moins d’impatience que les autres.
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Je me demande si à vouloir trop en dire en trop peu de temps, Simon Astier ne s’est perdu lui-même dans son scénario. Trop de fils, trop d’histoires, trop compliqué et rien qui avance. Je suis comme toi j’ai retrouvé mon enthousiasme sur la fin. C’est ce qui me donne l’envie de regarder la saison 5.
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L’intrigue dans la prison était tellement chiante, je me suis souvent demandé quand ça allait bouger, j’espérais qu’on en finirait en deux ou trois épisodes, et non ça a pris toute la saison …
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Tu vois : trop de choses, pas assez de temps. Du coup pas le temps de faire évoluer toutes les intrigues assez vite. Perte de rythme. Pareil pour Klaus. Pourquoi le mettre autant à part. C’était marrant mais ça aussi ça freinait le truc.
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Ils l’ont mis à part car il y avait une websérie sur lui en même temps que la série enfaite
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Je sais bien. Mais du coup le temps de réintégrer le personnage dans l’intrigue principale ça n’a pas vraiment avancé. Enfin je trouve. Après je ne dis pas que ça n’avait pas de sens. J’aime bien leurs innovations.
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Et Étienne Fague fait les musiques si je ne m’abuse 🙂
J’avoue que j’avais beaucoup rigolé à la première saison, et je m’étais fait les mêmes réflexions que toi sur les problèmes de rythme des suivantes.
Accessoirement, je pense qu’au niveau contenu aussi il y avait un problème, dans certains pans il y avait des trucs qui semblaient là juste pour la blague ou sans raison. Mais je pense que c’est parce qu’il se passait tellement peu de temps entre la décision (enfin!) de faire une saison de plus et le tournage de celle-ci, que ça ne laissait pas le temps à Simon et Arnaud de faire le tri dans ce qu’ils écrivaient pour ne garder que ce qui servait l’intrigue.
Et puis Simon a revendiqué que Hero Corp est un laboratoire, donc peut-être que là aussi, des fois il se barrait dans des apartés sur des persos qui alourdissaient l’histoire sans rien rajouter au final…
Pour Klaus, je crois qu’ils l’ont mis dans la web série plus que dans la série en saison 4 parce qu’il était retenu sur d’autres projets durant le tournage principal (la série Lazy Company et/ou le film Un français).
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Effectivement pour Étienne Fague, il me semble aussi. Je pense qu’ils ont beaucoup de pistes en tête. Peut-être trop pour une seule série. 😆 ça donne de bonnes choses comme des trucs plus plats. J’aime beaucoup la relation John / Claudine par exemple. Je trouvais ça très drôle. Mais est-ce que ça a vraiment apporté quelque chose à l’intrigue je ne saurais pas dire. Entre le fun et l’histoire on sent que le choix est parfois dur et quand il faut caser le tout dans un format moindre forcément on y perd.
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