Parade’s End.

Je vous propose aujourd’hui de vous arrêter sur une mini-série, sortie en 2012, et que j’ai moi-même vue il y a déjà deux ans de cela. Mais dont, à ma grande honte, je n’ai jamais pris le temps de vous parler.

Et pourtant elle mérite le détour. Les amateurs de séries historiques et de Downton Abbey devraient apprécier.

Fiche technique.

Sortie : 2012

Production : BBC

Scénariste : Tom Stoppard

Réal : Susanna White

Casting : Benedict Cumberbatch, Rebecca Hall, Adelaïde Clemens, Rupert Everett

Format :  6 épisodes de 45 min.

Synopsis

Après une aventure avec la ravissante SylviaChristopher Tietjens, aristocrate et brillant statisticien, se retrouve en fâcheuse posture, car la jeune femme est enceinte. Sylvia est connue pour être volage et l’enfant pourrait ne pas être le sien, mais pétri de valeurs conventionnelles à l’extrême, il décide de l’épouser, se lançant ainsi dans un mariage malheureux. En effet, si la situation a contraint Sylvia à accepter sa proposition, la jeune femme compte bien continuer à vivre sa vie en dépit de son mariage, et elle cocufie ostensiblement son époux, avec le plus grand mépris pour celui-ci.  Tenu par un carcan de conventions sociales qui régissent tout son univers, Christopher ne peut se résoudre à étaler son humiliation en place publique en demandant le divorce, alors même que Sylvia va jusqu’à déserter le domicile conjugal. Alors même qu’il est épris d’une autre femme, une jeune suffragette du nom de Valentine, qui le séduit par son esprit vif et ses idées modernes.

Profondément malheureux, il continue à jouer la parade des apparences sociales et sa conduite demeure irréprochable. Pourtant sa réputation qui se trouve entachée …

Mais la Première Guerre Mondiale gronde, apportant avec elle un vent de changement. En partant au Front, Christopher Tietjens ignore que le monde qu’il quitte ne sera plus jamais le même. Et que lui-même aura profondément changé à son retour…

Mon avis.

Adapté de la tétralogie de Ford Madox Ford, rédigée entre 1924 et 1928, Parade’s End se place dans un contexte historique et social, similaire à celui de Downton Abbey. Mais si les deux séries se suivent dans leur production, c’est un énorme travail d’adaptation qui aura commencé bien en amont, qu’il aura fallu à Tom Stoppard pour adapter un tel monstre littéraire. Cela lui aura demandé pas moins de quatre ans pour mener à bien ce projet.

Par ailleurs, si nous retrouvons l’intimité d’une aristocratie britannique figée dans ses conventions à la veille de la Première Guerre Mondiale, l’angle d’approche est tout autre et se base essentiellement sur la psychologie des personnages qui agissent comme des révélateurs de leur époque. Christopher, en dépit de son esprit brillant, vit dans le passé, alors même que Sylvia, si volage et peste qu’elle soit, se montre résolument moderne dans son indépendance et sa façon de vivre. Valentine, elle-aussi, en tant que suffragette, représente l’avenir, le changement de la place des femmes. A eux trois, ces personnages forment le prisme d’une société sur le point d’être fracturée par le drame de la guerre.

La modification du tempérament de Christopher à son retour du Front est d’ailleurs le symbole de ce changement. Lui qui avait su prédire et voir tous les signes de la guerre deux ans avant son déclenchement, n’avait pu imaginer l’horreur qu’il allait vivre. Revenu chez lui, son existence prend un tout autre sens.

Le tandem incarné par Benedict Cumberbatch et Rebecca Hall se révèle tout simplement impeccable à ce jeu. Elle, beauté flamboyante et passionnée, insolente, méprisante et pourtant vulnérable. Lui figé dans ce masque de glace qui dissimule sa vulnérabilité, son malheur, et qui va lentement se fissurer au fil des épisodes. C’est un étrange tango qu’ils nous dansent au coeur de ces événements dramatiques, plein de passion, de mépris, de drames, de trahisons qui se révèle fascinant à observer. L’échec de leur mariage joue la partition de  « la fin d’un monde entraînée par la guerre » comme l’écrivait  Ford Madox Ford à propos de son oeuvre.

C’est avec une grande finesse de plume que Tom Stoppard a su adapter les subtilités historiques et psychologiques de la saga originale à l’écran. Dans chacun de ces personnages se révèle quelque chose de touchant et de troublant, enveloppé par cet étau de craintes et d’incertitudes qu’est l’approche de la guerre.  Le lent naufrage du mariage de Sylvia et Christopher est une représentation métaphorique d’un monde à la dérive, entraîné vers sa propre mort, sa nécessaire mutation par la tourmente de la guerre.

Pour les adeptes de Benedict Cumberbatch c’est une étape nécessaire dans sa filmographie où il révèle une fois de plus l’étendue de son talent. Au delà de cette rigidité physique qui est une manifestation d’un conformisme moral excessif, toute la fragilité, l’émotion contenue du personnage transparaît dans le regard, parfois juste dans la simple subtilité d’un battement de paupière.

Trivia : Pour se conformer à l’image de son personnage et adopter une certaine diction, l’acteur a même porté une prothèse qui modifie la forme de la mâchoire et du bas du visage.

Source :

15 réponses à “Parade’s End.”

  1. J’avais remarqué cette série quand elle est passé sur Arte, mais je n’ai pas pu la regarder à ce moment-là. Et ensuite impossible de la retrouver parce que je ne me souvenais plus de son titre. Alors merci !! ça a vraiment l’air d’être un bijoux ! j’ai hâte de la regarder 😉

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