Le Roi sur le seuil : attention à la marche !

Résumé.

 

Editions Bragelonne / Milady. Parution : mai 2001

Prix GF: 20.30€ Prix poche : 8.20€

Ça sent le pourri au royaume drenaï. Alors que les héros de Dros Delnoch sont depuis longtemps tombés en poussière, une nouvelle plaie ronge les territoires drenaïs, mais cette fois-ci la menace vient de l’intérieur. Sur le trône, le tyran Ceska laisse ses armées  ravager le pays, rançonner les populations, semer la terreur, secondées par de terribles créatures, mi-hommes, mi-bêtes : les Unis.

Mais pour conquérir le pouvoir, Ceska a commis une terrible erreur, il a trahit la garde d’honneur, la fine fleur de l’armée drenaïe, un corps d’armée d’élite: Le Dragon. Il a fait massacré tous ses membres. Seul un a survécu. Un homme qui porte dans ses veines le sang d‘Ulric, l’unificateur nadire et de Regnak, le dernier comte de Bronze. Un homme qui, au nom de l’honneur, a juré sa perte : Tenaka Khan. Sur sa route, il ralliera à sa quête de nombreux alliés dont de valeureux combattants tel Decado le Tueur Glacé ou Ananaïs le Guerrier doré. Mais que représente une poignée d’âmes courageuses face à des milliers de soldats … et aux Unis ?

Editions Bragelonne (GF)

Mon avis.

Alors oui, je sais, présenté comme ça, cela vend du rêve, c’est plein de promesses, mais en fait le Roi sur le Seuil, il rate la marche.

Que je m’explique. Tous les ingrédients sont là : un héros, une quête, un ennemi, des créatures terrifiantes, des personnages charismatiques, le style inimitable de Gemmell. Seulement voilà, le gros défaut du livre est que David Gemmell a voulu développer plein de personnages, certes très intéressants pour certains. Mais trop. Résultat les voix narratives se multiplient, les points d’action aussi et on a du mal à suivre le récit qui y perd en dynamique. On se perd dans l’action et aussi un peu dans les personnages et parfois on se sent embrouillés.

Par ailleurs, pour garder le rythme, l’auteur se trouve obligé de couper un peu la chique, pour le dire ainsi, à certains personnages qui avaient du potentiel. Ce qui est frustrant. Je pense en particulier à Scaler (aka Arvan), cousin de Tenaka, et héritier direct de la lignée du Comte de Bronze. Sa quête pourtant passionnante et relative au titre est éclipsée par la destinée de Tenaka qui, elle, n’est pas sans offrir un sentiment de redite par rapport à l’histoire d’Ulric (aka Talisman) dans les tomes précédents. Disons-le franchement, à partir de son arrivée en territoire nadir, Tenaka m’a filé de furieuses envies de lui donner des claques et c’est quand même à cause de sa valse hésitation que ses camarades qui attendent son aide se font joyeusement massacrer. Merci Zizi !

Comprenons-nous bien, il s’agit pas ici de remettre en cause les qualités d’auteur ou de conteur de David Gemmell. L’histoire respecte les règles de l’heroïc fantasy et tout ce qui fait le charme de l’auteur est présent : Le sens de l’aventure épique, le style fluide, dynamique, l’humour, des personnages bien trempés avec une histoire, un parcours et un sens bien spécifique de la romance :

« – Qu’est-ce-qui se passe ? demanda la voix de Tenaka Khan.

– Moins fort ! lâcha Scaler

Païen retourna à la fenêtre et se pencha pour voir Tenaka qui regardait vers le haut.

– Il a un rendez- vous galant… ou quelque chose dans le genre, annonça Païen.

S’il tombe, il va se briser le cou.

– Il ne tombe jamais, déclara Belder d’une fenêtre sur la gauche. Il est doué naturellement pour ne pas tomber.

– Est-ce que quelqu’un peut m’expliquer pourquoi il y a un homme en train d’escalader le mur ? cria Rayvan.

– Il a un rendez-vous galant ! hurla Païen.

– Pourquoi est-ce-qu’il ne passe pas par les escaliers ? répondit-elle.

On a déjà posé cette question. En fait, on lui a demandé de venir par ce chemin !

– Oh. Alors, c’est qu’il a rendez-vous avec Ravenna. dit-elle;

Scaler s’accrochait fermement au mur, en pleine discussion avec les Eternels Séniles.

Pendant ce temps, dans la chambre sombre au-dessus, Ravenna mordait l’oreiller pour ne pas rire.

Mais elle n’y parvint pas. « 

Vous voyez le tableau. Il y a presque quelque chose de Kaamelott dans l’ambiance par moment. Mais cela ne suffit pas à faire monter la pâte. Trop d’ingrédients sûrement.

D’ailleurs : Païen, Scaler (jeu de mots sur scale : échelle ?), Tenaka, Ravenna, Belder, Rayvan… Ajoutez Decado, Ananaïs, Renya, Vataya, Pasal, Galand, Les Trente (Acuas, Balan, Katan, Abaddon) et enfin Ceska. Et j’en oublie. Rien que l’énumération est un exercice de souffle. Si vous tenez compte qu’il ne s’agit là que des personnages principaux et de l’essentiel personnages secondaires récurrents dont on suit les différents voix/parcours, vous aurez compris la complexité de l’embrouille.

Le Roi sur le Seuil n’est pas un mauvais roman. Franchement si on considère ça comme mauvais, je connais des livres qu’il faudrait recycler en rouleaux de papier hygiénique d’urgence. Il faut pas plaisanter non plus, ça reste du Gemmell. Cependant il est en deçà des précédents Gemmell dont il ne parvient pas à égaler la saveur. Ce n’est clairement pas celui que je recommanderais à qui voudrait aborder le cycle drenaï. Pour autant, il peut se laisser lire à l’occasion pour compléter le puzzle de l’histoire drenaïe dont il ouvre un nouveau chapitre.

N’hésitez pas à retrouver les chroniques de mes valeureuses compagnes des Petits Pédestres sur cette aventure :

Pour le moment, nous arrêtons là notre aventure drenaïe, car nous partons avec David Gemmell, dans les arcanes de la Grèce antique et mythologique. A Troie. Enfin à Troie. Nous on est quatre. Cinq avec notre dessinateur Mary. Je parle de Troie, la cité mythique, Achille, Hector, Paris tout ça… Pas là où on fait les andouillettes. Ça c’est Troyes.

 

Bref vous aurez compris, ça va envoyer du pâté et du héros antique. Pas des andouillettes…

7 réponses à “Le Roi sur le seuil : attention à la marche !”

  1. Comme on dit dans ma famille : on demande beaucoup à ceux à qui beaucoup est donné. Gemmel a du talent, alors forcément, quand il a une petite baisse de régime, ça se remarque et on pardonne moins qu’à d’autres.

    Aimé par 2 personnes

  2. Ok ok. Donc, ce n’est pas le meilleur. Lisible et surtout « incontournable » dans le cadre du cycle. Je pense que le niveau moyen perçu peut être lié à des attentes élevées que nous avons vis à vis de cet auteur.
    Autrement, j’ai une palanquée de romans qui postulent pour le recyclage en rouleaux PQ…

    Aimé par 1 personne

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