Résumé
Editions Plon Parution : mai 2018 Prix : 21€
1679, le règne de Louis XIV se déploie dans tout son faste. Versailles n’est qu’en construction, mais le roi, déjà Soleil, et sa cour éblouissent le monde de leur splendeur et de leur raffinement. Mais derrière les ors et les fêtes, les ambitions motivent de sombres pratiques. On ne recule devant rien pour monter toujours plus haut, toujours plus près du roi. Tandis qu’à Saint-Germain, on s’émerveille devant les jets d’eau et les jardins, à Paris, dans les rues sombres, on prépare mixtures et potions, poudres de succession ou d’envoûtement, on célèbre des messes noires et même… on sacrifie.
Au hasard d’une révélation, Gabriel Nicolas de la Reynie, lieutenant général de police, découvre avec effroi que ces tristes pratiques n’ont point cessé avec l’exécution de la marquise de Brinvilliers. Pire encore ! Elles s’étendent jusque dans l’entourage proche du roi. Son entourage très proche.
Comment diable notre lieutenant général va-t-il gérer cette délicate affaire ? Comment préserver le roi, sans pour autant compromettre son intégrité ?
Gabriel Nicolas de la Reynie va avoir fort à faire, d’autant plus que l’ombre, un ennemi travaille à sa perte, cherchant certains secrets qu’il a su préserver jusque-là.
Mon avis : Ah les poisons !
Ah les poisons !
La fameuse et bien connue Affaire des Poisons ! Celle qui va jeter l’opprobre sur la cour de Louis XIV. Pauvre Louis ! Quel coup pour la grandeur du Roi Soleil que d’admettre que l’on ait pu ingurgiter, à son insu, quelques mixtures à base de rognures d’ongle, de sang de chat ou de coeur de tourterelle, et que sais-je encore ! Et pire ! Administrée de la main de son éblouissante favorite, mère de ses bâtards. Voilà une couleuvre bien difficile à avaler.
Heureusement son lieutenant général de police minutieux et intègre veille.
Gabriel Nicolas de la Reynie, quel personnage formidable pour un roman policier ! S’il n’avait pas existé, il aurait fallût l’inventer. Réformateur des polices parisiennes (et des polices du royaume tout court par la suite), il crée les commissaires de police, met la ville de Paris au pas, la rend plus propre et plus sûre, institue un éclairage publique, établit les premières règles de circulation et stationnement et bien d’autres choses encore. Dont son enquête et sa participation à l’instruction de l’Affaire des Poisons de 1679 à 1682.
Voilà donc le sombre contexte et l’incroyable personnage qui servent de matière au roman captivant d’Olivier Seigneur. Naviguant entre Paris et Saint-Germain, entre l’entourage du Roi et celui de la Reynie, l’auteur nous fait plonger dans les méandres de cette fascinante enquête qui défraya la chronique et qui reste encore un objet d’étude pour les historiens.
Avec doigté, Olivier Seigneur joue de l’Histoire et du romanesque, incluant quelques rebondissements et péripéties supplémentaires, afin d’ajouter du piment à cette histoire tortueuse mais bien connue. Auteur déjà d’une vingtaine de romans historiques, il démontre sans peine qu’il sait s’emparer de son sujet et le modeler à l’envie pour happer son lecteur.
Faisant surgir entre les pages aussi bien les décors des rues de Paris que les couloirs du Château Vieux de Saint Germain, il fait renaître des personnages historiques qu’il mêle avec habileté à ses personnages de fiction. Le Gabriel Nicolas de la Reynie qui nous conduit dans cette enquête, prend complètement corps, à la fois intransigeant et humain, implacable et attachant. Certes, les impératifs du roman obligent l’auteur à louvoyer un peu avec la réalité des faits et des dates (ce que les seuls les férus d’Histoire noteront), mais on lui pardonne volontiers, car le moins que l’on puisse dire est que La Marquise des Poisons ne manque pas d’attraits.
Si Gabriel Nicolas de la Reynie eût, en son temps, bien du mal à démêler les fils de son investigation, entre aveux véritables et affabulations, le lecteur lui-aussi se trouve pris dans la toile des fausses pistes et des faux-semblants avec cette Marquise des Poisons. Qui se cache dans l’ombre ? Et qui détient la vérité dans cette affaire ? Quelques ultimes rebondissements sur la fin créeront parfois des longueurs, mais sur l’ensemble, le rythme du récit reste dense, soutenu et on ne s’ennuie guère. On se pique facilement à suivre cette palpitante enquête.
Historien avisé, amateur friand d’enquêtes historiques ou lecteur simplement curieux, chacun y trouvera son compte. La Marquise des Poisons se révèle une lecture plaisante et instructive, à la fois pleine d’action et de frissons.
2 réponses à “La marquise des poisons”
J’ai envoyé le lien de ton article à une amie passionnée de Louis XIV. Je ne sais pas encore si elle l’a lu.
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[…] Une fiole de roman historique : La marquise des poisons […]
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