Résumé:dans les ténèbres du Miskatonic
Editions Bragelonne. Parution : Février 2019 Prix : 25€
Voilà déjà une quinzaine d’années que suite à l’affaire des Ombres de Shadwell, Sherlock Holmes et le Docteur Watson ont découvert les ténèbres qui entourent notre monde. Depuis ils n’ont de cesse de combattre les forces occultes et sombres des Grands Anciens, faisant face à une réalité parfois si monstrueuse qu’elle menace leur santé aussi bien physique que mentale. Et ce n’est pas cette nouvelle aventure qui va les ménager. Car ce qui se cache au fin fond du Miskatonic dépasse l’imagination.
Appelés a Bedlman, un asile psychiatrique, pour examiner le cas d’un homme terriblement mutilé, délirant dans une langue inconnue, ils vont à nouveau se retrouver sur le chemin des Grands Anciens, de créatures abominables et de forces qui les dépassent.
Face aux monstruosités du Miskatonic et à une aventure qui les amènera aux portes de ce que peut supporter l’esprit humain, sauront-ils en réchapper encore une fois ?
Mon avis : le génie sans l’étincelle.
Sur le papier, tout était prometteur. Et de fait, ce nouveau tome des dossiers Cthulhu réunit bel et bien tous les ingrédients de la recette qui fit la réussite du premier volume :
- Des liens forts et établis avec le Canon holmésien, avec notamment de multiples connexions avec les nouvelles sensées avoir été écrites par le Dr. Watson pour couvrir la réalité.
- Un alliage habilement réussi entre l’oeuvre de Doyle et la mythologie de Cthulhu établie par Howard Phillips Lovecraft.
- De multiples références aux deux qui ne pourront que ravir les amateurs.
- Le respect des traits de caractères des personnages et de la chronologie.
- Une intrigue angoissante et des créatures bien abominables.
- Le choix d’une histoire imbriquée dans une autre, à la manière de Doyle dans La Vallée de la Peur.
Pourtant, si le soufflé monte bien, ces Monstruosités du Miskatonic n’emballent pas autant le lecteur que leur prédécesseur. Certes, l’effet de surprise n’est plus là et l’on s’attend à l’étrange breuvage auquel on va goûter. Cependant, il n’y a pas que cela.
Notre cher Watson se répète. Il rabâche même. Sans doute pour ne pas perdre le nouveau lecteur qui viendrait se perdre en ces lieux sombres. Mais il insiste lourdement, à plusieurs reprises sur certains points comme l’épuisement de Holmes ou la réalité qu’il camoufle. A tel point que l’habitué se retient de lui signifier que c’est bon, on a compris. Peut-être faut-il y voir là une manifestation de l’épuisement psychologique du personnage face à tant d’horreurs et à la perte de sa chère Mary qui l’a si lourdement marqué… Le fait est que cela plombe singulièrement le rythme de la première partie du récit.
Après les fols rebondissements des Ombres de Shadwell, le lecteur s’attend à tout. Oserais-je dire au pire ? Et surtout à être surpris. Or là, il y a comme un cheveu dans la soupe de Cthulhu. Les éléments sont trop évidents pour qu’un lecteur un tant soit peu averti, ne sente pas venir une partie du dénouement dès le milieu de l’histoire. Ce qui gâche le piquant de la chose.
Certes, le twist final déconcertant ne manquera pas de surprendre, Holmes coiffant une fois de plus le lecteur au poteau dans sa déduction. Un twist qui fait d’ailleurs osciller le lecteur entre surprise et incrédulité, à l’instar du Dr. Watson.
avec une petite pointe de :
Pourtant le fait est là : il n’y a pas l’étincelle magique. C’est un peu lorsque vous réussissez une recette de façon délicieuse du premier coup et que, lorsque vous tentez de la reproduire, même en faisant scrupuleusement la même chose, ce n’est pas pareil.
Ce second tome des Dossiers Cthulhu fait le même effet. La recette est bonne. Le plat ne manque pas de saveur et se laisse déguster. Mais ce n’est pas l’instant magique de la première fois.
Peut-être le troisième tome nous surprendra-t-il ? Mais pour le savoir, il va falloir patienter un moment.
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