Résumé : Des roses au Texas
Editions Charlestons. Parution janvier 2013. Prix 8,40€ (poche)
Automne 1836, des descendants des maisons ennemies des Lancaster et des York enterrent la hache de guerre pour s’établir à l’Est du Texas et fonder avec d’autres colons la ville de Howbukter. Tandis qu’une des maisons s’établit dans le bois, les Warwick, l’autre choisit le coton roi, les Toliver.
Howbukter, juillet 1916, le testament de Vernon Toliver sonne comme le coup de tonnerre qui fait éclater sa famille. Au détriment de sa veuve et de son fils aîné Miles, il lègue la plantation de Somerset à sa fille Mary, âgée de seize ans. La jeune fille ne sait pas encore que cette décision sera au coeur de bien des drames dans sa vie. La malédiction de Somerset existerait-elle vraiment ?
Mignonne, allons-voir si la rose…
Préambule
Alors que les jours succédaient aux jours, en plein confinement, le téléphone résonna un jour, fissurant la morosité. C’était le Aziraphale de mon Crowley. Mon Charmant Petit Monstre toquait à mon combiné avec une lecture sous le bras.
Voyons cela : Le Texas, des familles rivales et prospères, une riche plantation, une romance impossible, la trahison d’un frère… Mince ! C’est Bohort qui a fait le synopsis ou quoi ? Ah non pas de dragon… Dommage… De la jalousie, des vengeances, des drames familiaux et, au milieu, une héroïne qui ne manque ni de caractère, ni de tempérament pour l’époque. Ma foi on était bien parties pour….
Dallas, d’accord, mais version historique, au milieu des champs de coton, avec une petite sauce Autant en Emporte le Vent et un contexte historique qui va bien. Un mélange détonnant qui pouvait envoyer du pâté.
Spoiler : on aurait justement peut-être du se méfier.
Jusqu’à un certain point, tout va bien. Même très bien. Certains personnages sont même aux petits oignons. Ah Darla ma grande ! Tu as élevé la vengeance à un tel niveau de raffinement que Monte Cristo lui-même aurait pu te jalouser. Je ne verrais plus jamais une pelote de laine de la même façon.
Notre héroïne a donc dans ses bagages une famille … sympathique qui ne lui pardonnera jamais son héritage et s’acharne minutieusement à le lui faire payer. Le frère étant aussi lâche et imbu de lui-même que la mère est sournoise, l’ambiance est fabuleuse. Ajoutons à cela le contexte socio-historique du moment qui leur donne raison et là vous sentez que Mary a beau avoir du caractère, elle va en manger de la vache enragée.
Et puis, à un moment, inexplicablement ça se gâte. La mécanique se grippe. Il y a baleine sous gravillon, couille dans le potage. Dites-le comme vous voulez, rayez la mention inutile, mais en résumé ça se met à pédaler dans la semoule sévère.
Essayons d’expliquer la chose par une métaphore qui vous parlera. C’est comme le paquet de cookies sur lequel vous craquez en supermarché parce-qu’il vous fait trop envie. Au début, vous vous les enfilez avec bonheur et, arrivé au milieu du paquet, la bouche encore pleine, vous vous dites que, bof, ce n’était pas les meilleurs en fait. Et cela ne vous fait plus envie.
On est d’accord que dans tout récit à tendance saga familiale digne de ce nom, on a toujours une romance plus ou moins impossible au coeur de l’embrouille. C’est un peu ce que j’appellerais le principe Roméo&Juliette. Le problème qui se pose ici c’est que la romance, elle finit par prendre toute la place. Mais touuuuuuute la place. Elle finit par occulter l’histoire de la plantation en fond et empêcher les autres personnages de se développer.
Résultat, de Dallas, on a l’impression de subitement tomber dans :
Sans compter qu’à un moment, je ne saurais vous dire lequel, on finit par s’apercevoir avec horreur que le couple maudit qui occupe le récit, eh bien… On n’a plus vraiment envie de les voir finir ensemble. Comme dirait Mimine, elle n’est pas belle leur histoire en fait.
Percy est patriarcal au possible, bien ancré dans son époque pour le coup. Il attend que la force de son amour parvienne à transformer Mary en une petite femme qui tiendra la maison avec ses joyeux douze enfants et l’attendra pour lui masser les pieds.
J’admets que je suis un peu raide sur le gif et la description, car ce pauvre Percy n’est tout de même pas un rustre, loin de là et va réussir à s’auto-punir de façon magistrale. Un exploit.
Mary, quant à elle, a un grand problème : ses motivations intimes sont toujours cachées derrière Somerset. Plutôt que d’exprimer vraiment à Percy que la plantation c’est sa passion et qu’elle s’épanouit à ramasser le coton, crevée, habillée en manouche, elle ne parle que de la survie de Somerset. Alors qu’on le sent bien que le trip maison et tricot ce n’est pas compatible avec son caractère.
Même quand la situation part à vau l’eau, Somerset passe avant tout, en dépit de tout et de tout bon sens. Elle n’hésite pas à embarquer tout le monde dans sa galère. Résultat, elle en parait parfois tout simplement butée et capricieuse.
Derrière ce couple infernal, les autres personnages s’en retrouvent réduits à l’état d’outils narratifs. Preuve en est le sort de ce pauvre Ollie, présent dès le départ pour finir limité au rôle de plot device, qui a le bon goût de faire son devoir avant d’aller mourir discrètement. Gars, je ne me souviens même plus de quelle façon tu meurs. Désolée…
Pour finir de gratiner ce soufflé qui retombe lentement, à partir d’un certain moment, les personnages vont commencer à nous réexpliquer les choses en boucle, chacun leur tour. C’est un phénomène curieux, comme un espèce de boucle temporelle qui donne l’impression que l’auteure veut s’assurer que tous les personnages aient le fin mot de l’histoire. Au risque que le lecteur qui, lui, a bien compris, finisse par se lasser.
De fait, la dernière partie n’en finit plus.
Le choix de construction narrative de l’auteure de lier les destins à travers les générations finit par ôter toute surprise. On voit certains éléments arriver de loin, voir de très loin…. La conclusion est plus que cousue de fil blanc, elle en est brodée.
Cette chronique est sévère, je le reconnais, car le bouquet est joli et les Roses ne manquent pas de charme. Pour vous dire toute la vérité, on s’est tout de même bien amusées avec Mimine. On s’est piquées au jeu une large partie du récit. Vraiment. Et cela nous aura valu de bons fous rires.
Son avis
Mais avec un tel cocktail de départ, j’en attendais largement plus que du conventionnel.
6 réponses à “Les Roses de Somerset : attention ça pique !”
[…] (son avis) […]
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Vos deux chroniques sont excellentes, ça ne donne pas du tout envie de lire ce bouquin (ça tombe bien, je n’en avais pas l’intention) mais c’est génial de lire vos avis bien critiques ! Et ces gifs… ❤
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Vous m’avez beaucoup fait rire avec vos deux critiques parallèles. Un pur plaisir de critique à la foi délirante et réaliste, et cabotine ! 😀
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Parfois il faut y aller à fond et avec humour 😉
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J’ai beaucoup ris devant vos deux chroniques ! Bon, pas le genre de chronique qui donne vraiment envie de découvrir ce livre mais bon aha
C’est vraiment le genre de livre que tu commences en sachant pertinemment que la chronique qui en sortira sera pas jojo x)
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[…] ou deux pour vous marrer, on vous conseille d’aller jeter un œil à ceux publiés par June & Cie et Charmant petit monstre à l’occasion de leur lecture commune d’un livre dont elles […]
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