La Brodeuse de Winchester

Résumé

Editions Table Ronde.  Parution 25/06/20. Prix : 23,50€

Angleterre, Winchester, 1932, à trente-huit ans, Violet Speedwell mène une existence étriquée de vieille fille, entre la tyrannie de sa mère et son travail de dactylo qui lui permet tout juste de vivre.

La guerre lui a volé un frère et un fiancé, la reléguant dans le camp des femmes célibataires, laissées pour compte, dont la société ne sait que faire. Quitter le foyer familial ne lui a pas permis de prendre son envol comme elle l’espérait et son statut de femme célibataire restreint ses possibilités du fait des conventions.

Jusqu’au jour où le hasard va guider ses pas vers le cercle des brodeuses de Winchester dirigé par Louisa Pesel. En dépit de ses règles et de son austérité, le cercle va créer un nouveau lien social et lui ouvrir de nouvelles possibilités…

La Brodeuse de Winchester : Voyage dans le temps.

L’immense talent de Tracy Chevalier c’est de savoir faire de l’ordinaire,  l’extraordinaire, de l’intime, une aventure. De savoir broder la grande Histoire à travers la petite.  Ouvrir l’un de ses romans, c’est comme voir un album photo prendre vie.
Soudainement, à travers les lignes, tout s’anime. Son écriture douce et fluide fait vivre ses personnages avec une telle force d’évocation, que l’on en oublie tout simplement qu’on est dans un roman.
Les visages, les bruits, les décors nous deviennent d’un coup familiers. Au fil des pages, on reconnaît le claquement d’un talon, le tissu d’une robe…

Avec une précision qui force l’admiration et grâce à moult recherches, elle explore des thèmes inusités, des recoins de l’Histoire laissés dans l’ombre. Chaque roman foisonne, fourmille de détails et nourrit un peu plus l’esprit, sans en avoir l’air.

Après les premiers pas des femmes dans la paléontologie et le destin de Mary Anning dans Prodigieuses Créatures ou le mystère de la peinture de Vermeer dans La Jeune Fille à la Perle, elle s’attaque cette fois-ci à la place sociale de celles que l’on nommera après la Première Guerre Mondiale, les femmes « excédentaires ».

Suite à la perte de trop nombreux hommes au front, que faire désormais de ces millions de femmes sans fiancés, sans maris, célibataires et sans ressources. Dénigrées, objet de suspicion, de mépris et de condescendance, ne pouvant espérer aucune émancipation, elles restent à la charge de leurs familles, emprisonnées dans leurs désirs et leurs rêves par les conventions sociales.
Elles sont la vieille fille, la tante dont on attend qu’elle prenne en charge les parents vieillissants, qu’elle serve de garde pour les enfants, sans échappatoire.

Tel est le destin que subit Violet Speedwell qui préfère la faim que lui inflige son maigre salaire de dactylo à la persécution de sa mère. Installée à Winchester pour tenter de démarrer une nouvelle vie, son destin va basculer lorsque sa route croise de façon inattendue celle du Cercle des Brodeuses de Winchester et celui de l’authentique Louisa Pesel, brodeuse, professeur et collectionneuse de tissus, première présidente d’une guilde de brodeuses en 1920. Cette même Louisa Pesel dont le travail si impressionnant conduira le Doyen de Winchester à la mandater en 1932  pour réaliser les linges et coussins de la cathédrale.
A côté de cet univers féminin fermé et secret, mené par cette femme au charisme si particulier, Violet va découvrir un autre univers, masculin cette fois, celui des sonneurs de cloches. Deux univers, deux arts pour la gloire d’une cathédrale.

Vous pensez que personne ne saurait faire un roman passionnant avec une histoire de vieilles filles, de broderie et de cloches ? Laissez-moi vous dire que Tracy Chevalier va tranquillement et haut la main vous démonter le contraire. Et qu’il n’y a qu’elle, à ma connaissance, à savoir le faire si subtilement, avec un style que Jane Austen, à qui elle rend hommage, n’aurait pas renié.

De point de tige en point de riz, les couleurs chamarrées des agenouilloirs, des coussins de sièges et des coussins d’autel de la cathédrale de Winchester se déploient sous vos yeux, comme autant de chemins qui s’ouvrent à Violet.

Un roman envoûtant qui remet en lumière autant de détails oubliés de l’Histoire. Tracy Chevalier brode là l’une de ses plus passionnantes fresques.

4 réponses à “La Brodeuse de Winchester”

  1. Très bonne chronique ! En voyant le titre de ce roman je n’étais pas super emballée, mais ta façon d’en parler me donne vraiment envie de le découvrir. Je ne connais pas Tracy Chevalier, mais si tous ces romans ressemblent à celui-ci ça vaut le coup que je m’y intéresse.

    Aimé par 1 personne

  2. Je n’ai encore jamais lue cette autrice mais la façon dont tu en parles me donne terriblement envie de découvrir sa plume.

    Ce « paragraphe » m’a achevée : « Vous pensez que personne ne saurait faire un roman passionnant avec une histoire de vieilles filles, de broderie et de cloches ? Laissez-moi vous dire que Tracy Chevalier va tranquillement et haut la main vous démonter le contraire. » :’)

    Tu évoques Jane Austen en plus alors là, je dis OUI! aha

    Un excellent article super bien écrit et qui donnes très envie, comme à ton habitude *.*

    Aimé par 1 personne

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