Inventing Anna

Inventing Anna : fiche technique

Sortie : 2022
Saison 1 – Episodes 9
Chaîne / Plateforme : Netflix
Production : Shondaland production, Netflix
Scénariste : Shonda Rhimes
Casting : Anna Chlumsky, Julia Garner, Katie Lowes, Laverne Cox, Arian Moayed

Inventing Anna : le pitch

Octobre 2017, Anna Delvey est arrêtée dans un restaurant de Malibu. Sur sa personne pèsent plusieurs plaintes de plusieurs banques, amis et fournisseurs pour vol, grivèlerie et escroquerie. Incarcérée à la prison de Rickers, son procès commence en juin 2018.
Une journaliste Vivian Kent décide de mener une enquête et d’écrire un article l’histoire d’Anna Delvey ou Anna Sorokine.

Est-elle vraiment l’escroqueuse de haut vol que l’on prétend ou est-elle véritablement une riche héritière allemande prise dans un imbroglio judiciaire et financier ?

Qui est véritablement Anna Delvey ?

Inventing Anna : Qui se cache derrière Delvey ?

Inventing Anna est inspirée directement de l’article How Anna Delvey Tricked New York’s Party People par Jessica Pressler pour le New-York Times. Dès juin 2018, alors que le procès de la jeune femme commençait à peine, Netflix et Shondaland, flairant le sujet juteux, ont acquis les droits de l’histoire d‘Anna Sorokin et de l’article rédigé par Jessica Pressler.

Il faut dire que le personnage d’Anna Delvey a de quoi fasciner. Immigrée russe, naturalisée allemande, elle s’installe à New-York en 2016 avec l’intention de monter une fondation d’art extrêmement VIP et d’acheter à cette fin la Church Missions House, située sur la prestigieuse Park Avenue.
Un projet d’envergure et surtout plus extrêmement coûteux, l’immeuble vide à lui-seul vaut au bas mot 40 millions de dollars. Mais en se présentant comme une riche héritière allemande disposant d’une fortune de 60 millions, Anna réussit rapidement à séduire la jet-set new-yorkaise et obtenir les bonnes connections. jusqu’à intéresser d’importantes banques et investisseurs à son projet.

Comment Anna Sorokine a-t-elle réussi à construire Anna Delvey ? D’où a-t-elle sorti les sommes dépensées entre 2013 et 2015 ? De quelle façon a-t-elle réussi à séduire et duper autant de monde, avant l’échec de son plan face au rejet des banques ? Est-elle un simple escroc visant à vivre une vie luxueuse en parasitant la jet-set ou pensait-elle vraiment réaliser son projet ?

Suivant l’investigation de la journaliste Vivian Kent (calquée sur Jessica Pressler) , la série nous présente les différentes facettes d’Anna à travers les yeux de ce qui l’ont côtoyée et/ou qu’elle a escroqué. Partant des cercles les plus éloignés, au fil des 9 épisodes, on s’approche progressivement des intimes d’Anna, jusqu’à en arriver à l’intéressée elle-même.

Il est important de garder en tête qu’il ne s’agit pas d’un documentaire. La série affirme d’emblée, à chaque épisode, dès le générique, son caractère de fiction :

« Toute cette histoire est complètement vraie, sauf les parties qui ont été totalement inventées »

Une telle affirmation pose d’emblée le cadre de la série et le contrat avec le spectateur : il y aura forcément des distorsions par rapport aux faits réels, afin de pouvoir servir le fictionnel. La série propose une image d’Anna Delvey forcément subjective.

Le talent de Shonda Rhimes, à laquelle on doit déjà entre autres Grey’s anatomy, Scandal ou Bridgerton, est justement de ne pas proposer une version d’Anna, mais plusieurs.
Le regard porté sur Anna change à chaque épisode, car il adopte à chaque fois le regard du personnage qui apporte son témoignage. Aussi le doute est permanent. L’opinion du spectateur vacille constamment en fonction des faits, des éléments.
Un détail qui change suffit à faire basculer la version d’un événement et transformer la victime en bourreau. Le récit des événements concernant Rachel Williams en est d’ailleurs le meilleur exemple.

Certains protagonistes ont d’ailleurs remis en question ou critiqué le traitement de leur personnage ou l’image donnée d’Anna jugée trop positive, notamment son ex-amie Rachel Williams. Un personnage qui dégage justement en permanence une certaine ambiguïté, que ce soit dans la fiction ou la réalité.
Il faut d’ailleurs noter que parmi les nombreuses charges retenues contre Anna, la charge concernant Rachel DeLoache Williams a été abandonnée par la cours.
Par la suite, Rachel a publié un livre son histoire My Friend Anna et vendu les droits de sa version à HBO.
Difficile de nier qu’au final, dans le cas de Rachel, Anna aura plus rapporté qu’elle n’aura coûté. Alors Rachel, victime collatéral du système Delvey ou habile profiteuse de sa revanche ? Encore un mystère.

Le point intéressant à retenir, tout du moins de la série, c’est Todd, l’avocat d’Anna, qui nous le dévoile lors de sa plaidoirie finale : nous sommes tous une fraude. Nous trichons tous. Nous mentons tous. Sur nos compétences dans le CV que nous améliorons. Sur nos dernières vacances que nous embellissons. Sur notre apparence à travers les filtres que nous utilisons. Les réseaux sociaux ont amplifiés cette habitude sociale en devenant une arme de communication. Nous sommes devenus une marque dont nous construisons l’image.

Peu importe au final qui est Anna ou quelles étaient ses motivations. Si elle pensait réellement construire sa fondation d’art ou si elle n’était qu’une profiteuse douée. Le point essentiel c’est qu’Anna Sorokine n’a fait qu’utiliser la faille créée par ce mode de fonctionnement social pour construire Anna Delvey et toute l’escroquerie derrière. Et elle l’a fait avec un brio qui laisse pantois et qui la rend fascinante.

Rendez-vous compte ! On parle d’une escroquerie d’un montant estimé à 275 000 dollars rien pour ses amis et les hôtels, sans parler des frais bancaires impayés et de la tentative d’escroquerie pour le prêt qui se serait élevé à un montant entre 22 et 50 millions dollars. Tout cela par une jeune femme seule qui a construit par elle-même son réseau et ses appuis. Anna Delvey, riche héritière allemande, est du reste née bien avant New-York, dès 2013, lors de son stage au magazine Purple, à Paris. Le premier test avant le grand saut ?

Libérée de par son postulat de départ de la réalité pointilleuse des faits, la série utilise intelligemment la fiction pour mettre en lumière l’ambiguïté du personnage et l’attrait inexplicable qu’il exerce sur les autres. Pensez donc que tous ces gens n’ont pas remis en doute la fortune d’Anna ou son intégrité car ils avaient envie de faire partie de son cercle… Ils voulaient être proches d’Anna Delvey.

Tout au long des épisodes, le personnage nous captive et nous répulse à la fois. On est autant admiratif autant de son audace ou de son intelligence à utiliser les failles du système ou à s’allier les bonnes relations, qu’on est rebuté par sa froideur et son égoïsme.
Julia Gardner dans ce rôle nous offre d’ailleurs une performance époustouflante, maintenant le spectateur dans une sorte d’instabilité, de malaise permanent.

Anna Delvey croyait-elle vraiment à ses chances de faire naître sa fondation ? Etait-ce véritablement un but, un aboutissement ? La série ne le dit pas mais met l’accent sur l’insistance d’Anna à se voir comme une femme d’affaire avec des compétences qui montait un projet et non une petite arnaqueuse démasquée. Fiction ou réalité ? Ego mal placé ou dérangement psychologique ?

Anna Delvey reste un mystère. Un mystère qu’elle aura continué d’entretenir, même pendant son procès.

Si la série n’apporte pas de réponse, elle entretient cette aura fascinante du personnage, piquant notre intérêt. Durant 9 épisodes, on reste captivés, absorbés par la question : mais qui est Anna ?

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