Résumé : le chewing-gum de Nina Simone
Editions de la Table Ronde. Parution 06 octobre 2022. Prix : 28.50€
1er juillet 1999, une Nina Simone souffrante mais toujours époustouflante subjugue le public dans un moment d’extase et de communion totales, à la hauteur de sa légende.
Musicien et complice de Nick Cave qui dirige cette année-là le Meltdown Festival où se produit Nina Simone, Warren Ellis, pris d’une inspiration, saute sur la scène à l’issue de la performance et a un geste insolite : il récupère le chewing-gum de Nina Simone resté sur le piano, l’enveloppe dans la serviette de l’artiste et s’en fait le gardien.
C’est le début d’une étrange et fascinante épopée.
Le chewing-gum de Nina Simone : voyage au bout de la légende
C’est l’aventure, l’épopée d’un chewing-gum. Une histoire insolite et extraordinaire autour d’un banal, même trivial, petit bout de gomme à mâcher qui fût marqué du sceau de la légende.
Devenu relique, notre chewing-gum dégage désormais une étrange aura. Petite chose insignifiante et périssable transformé en symbole d’une glorieuse époque passée. En artefact magique d’une nostalgie.
La fascination autour de ce chewing-gum cristallise toute l’intensité de ce moment au Meltdown Festival.
Ce concert où la communion entre la foule et Nina Simone s’éleva au niveau du spirituel et dont il ne reste rien, pas un enregistrement. Juste un chewing-gum, précieusement gardé dans une serviette et dans un sac jaune Tower Records.
Pour Warren Ellis, c’est le catalyseur qui lui permet de dérouler ses souvenirs, comme des notes que l’on pose sur une partition.
Tout va vers et découle de ce moment où il est pris de l’impulsion de récupérer ce chewing-gum. Sa carrière musicale, ses inspirations, ses collaborations et ses amitiés, notamment avec Nick Cave, qui vont le conduire à ce fameux concert.
Puis tout ce qui se construit autour de ce chewing-gum dont il est devenu dépositaire. Sa décision de le partager, de le faire répliquer pour le préserver et surtout les réactions qu’il suscite. Cette troublante mais touchante dévotion.
La prévenance, l’inquiétude et l’amour inspiré par cet objet ne cessaient de grandir. C’était contagieux. Avant même que les gens posent le regard dessus ou le prennent en charge. Son histoire suffisait à générer des élans de bonté et d’attention.
Artefact sacré devenu objet de musée, le chewing-gum lui échappe, comme un enfant qu’on laisse prendre son envol.
Pourtant l’histoire ne s’en arrête pas là… Désormais il fallait à Warren Ellis conter cette folle aventure, afin de la partager pleinement avec le monde.
Raconter l’histoire du chewing-gum de Nina Simone.
Alors avec sa voix, ses mots, son style, si singulier, doucement, presque hésitant, il raconte. Il réveille une époque, des musiques.
Fait revivre des voyages, des tournées, des rencontres et des amitiés.
Il raconte la musique et l’art.
Il raconte son violon cabossé, sculpté, rafistolé.
Il raconte l’importance que l’on accorde aux choses quand elles nous parlent de nos émotions, de nos souvenirs, et de la façon dont elles nous lient, nous connectent.
Même les plus petites d’entre elles. Même un banal chewing-gum, pour peu qu’il ait été celui de Nina Simone.
Je n’avais déplié la serviette contenant le chewing-gum depuis 2013*. La dernière personne à l’avoir touché était Nina Simone, sa salive et ses empreintes digitales étaient encore intactes. Le simple fait de le savoir là, niché au creux de sa serviette, me donnait de la force.
J’étais convaincu qu’un peu de l’esprit de Nina Simone s’évaporerait à chaque fois que je l’ouvrirais. Et, de bien des façons, cette pensée était plus importante que le chewing-gum lui-même.

*Note : Nina Simone est décédée le 21 avril 2013 d’un cancer du sein.
Une réponse à “Le chewing-gum de Nina Simone : voyage au bout de la légende”
J’aime beaucoup la citation que tu mets dans ton billet.
Nina était une très grande artiste, j’adore sa voix.
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