A l’occasion de l’anniversaire de notre cher et estimé Colin Firth, qui, j’en gage, aurait rougi de vos commentaires flatteurs, mon cher Tanuki avait rappelé à mon bon souvenir cette scène d’anthologie :

J’avais croisé The importance of being earnest au détour d’une soirée morose, dans une quête désespérée d’un film intéressant à regarder.

L'Importance d'être constant : affiche
Source Allociné

Apparemment, il ne doit pas être vain de faire des souhaits, car j’en ai gardé le souvenir d’un moment délicieusement britannique et hilarant.

Fiche technique

Sortie: 2002

Réal: Olivier Parker

Casting: Rupert Everett, Colin Firth, France O Connor, Reese Witherspoon, Tom Wilkinson et Judi Dench.

L’histoire en deux mots.

… Ou un peu plus.

Difficile de résumer ce subtil imbroglio imaginé par Oscar Wilde en 1895 car tout l’intérêt de l’intrigue repose justement dans l’emmêlement des fils.

Algernon Moncrieff et John Worthing sont d’excellents amis qui usent chacun pour des raisons différentes d’un stratagème involontairement commun.

John ou Jack de son surnom s’est inventé un frère débauché nommé Ernest (Constant en français pour le jeu de mots) qui l’oblige à se rendre à Londres régulièrement.

Il échappe ainsi à la vie campagnarde trop morale que lui impose la garde de sa pupille Cécily pour endosser une vie plus libre sous cette identité.

C’est d’ailleurs sous ce nom que le connaît Algernon à Londres.

A l’inverse, Algernon s’évade régulièrement des contraintes sociales de Londres pour la liberté de la campagne, sous le prétexte de prendre soin d’un imaginaire camarade blessé nommé… Ernest.

Mais lorsqu’un projet de mariage fait découvrir la double vie de John à Algernon, et que l’un veut épouser la cousine de l’autre, tandis que l’autre veut épouser la pupille du premier, la porte est grande ouverte aux situations embarrassantes et inextricables.

De l’importance d’être constant en amour comme dans le mensonge !

Pourquoi le voir ?

Tout le comique de la chose se base évidemment sur l’utilisation commune du prénom Ernest pour les stratagèmes de nos deux larrons et du jeu sur la sonorité entre le prénom Ernest et le terme Earnest.

L’esprit et le rythme de la comédie écrite par Oscar Wilde sont préservés avec une grande justesse.

L’interprétation de Colin Firth et Rupert Everett apporte une force comique au film, avec une finesse très britannique.

C’est enlevé, joyeux et désopilant.

Dans cette Angleterre régie par les bonnes manières, le sens des convenances et des conventions sociales, l’incroyable affaire dans laquelle se trouvent embarqués nos deux comparses est tout simplement savoureuse.

De mensonges en quiproquos et de quiproquos en coups de théâtre, on se demande avec plaisir comment ces deux gentlemen vont parvenir à reconquérir le cœur de leurs belles et leur apparence respectable.

J’ai retrouvé à travers ce film un sens du comique d’Oscar Wilde que, ma foi, j’avais plutôt retenu chez Feydeau.

Bien loin de l’ambiance sombre et pesante du Portrait de Dorian Gray, le film restitue le regard amusé et ironique que l’auteur avait posé sur son époque à travers la pièce d’origine.

Ce petit vent de fraîcheur m’a tout simplement donné envie de relire la pièce pour redécouvrir Wilde.

Colin Firth à contre emploi dans un rôle de débauché mondain est juste un petit plaisir de fin gourmet.

On aimerait tant que ses protestations d’amour puissent s’adresser à nous, si tant est qu’elles fussent sincères.

Rupert Everett n’est pas en reste, déployant un charme, une finesse et une élégance qui rendent son personnage irrésistible.

Rose en sucre sur cette comédie, Judi Dench est une Lady Bracknell (mère de Gwendolen, la cousine d’Algernon. Enfin si j’ai tout bien retenu) plus vraie que nature, qui nous offre quelques sorties bien senties:

« To lose one parent, Mr. Worthing, may be regarded as a misfortune. To lose both looks like carelessness.

Une pièce parfois oubliée de la filmographie de Colin Firth, qui gagne pourtant à être connue.

Une agréable balade dans la société et la campagne anglaise de la fin du XIXème, à déguster avec du thé et des gâteaux, of course !

Tout cela méritait bien une ballade(1) sans doute !

Pour en savoir plus.

A noter que le Victoria & Albert Museum consacre une page sur son site aux différentes mises en scène de la pièce: Victoria & Albert Museum

(1) J’ai utilisé le terme ballade ici par licence poétique, comme dirait notre ami Alexandre Astier, pour jouer sur les termes de balade (promenade) et ballade (chanson).

Cependant, cela n’est pas tout à fait exact, car une ballade au sens strict du terme est non pas une chanson, mais une oeuvre poétique ou musicale médiévale respectant une forme établie (trois couplets et un envoi).

Que je ne détaillerais pas plus  ici parce-j’en entends déjà ronfler.

Donc mes plates excuses aux amis médiévistes et historiens qui me suivent.

3 réponses à « Exorciser le lundi : la ballade de Colin. »

  1. Avatar de « Manners maketh man »

    […] Exorciser le lundi: la ballade de Colin (The Importance of being Earnest) […]

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  2. Avatar de « Manners maketh man »

    […] The importance of being earnest  […]

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  3. Avatar de Hate Monday ! La haine du lundi

    […] y en a un qu’on ne saurait oublier et qui a le bon ton de tomber régulièrement un lundi (cf Exorciser le lundi : la ballade de Colin, article de 2015)… Oui je sais que la chose est mathématique, mais laissez-moi croire […]

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