Les Lumières de Cape Cod.

Editions Belfond. Collection Le Cercle.

Parution : juin 2017. Prix : 21€

De prime abord, Tiny Schuyler dite désormais Madame Hardcastle, a tout pour être comblée, à l’exception d’un enfant : une vie confortable et luxueuse, un mariage prestigieux qui l’a faite entrer dans une vieille famille de la bonne société bostonienne, un mari fringant, charismatique et séduisant en bonne voie sur la route de la Maison Blanche.

Un conte de fée pour une jeune femme bien éduquée des années 60 ayant un temps soit peu d’ambition, selon les conventions de l’époque

Mais Tiny n’est pas heureuse. Elle étouffe dans ce rôle d’épouse modèle au sein de cette famille soudée par le devoir et les conventions avant tout.

Lorsqu’un inconnu lui parvenir une lettre de chantage accompagnée de photos qui pourraient compromettre sa réputation, il n’en faut pas plus à son monde pour vaciller et réveiller de vieilles hésitations. D’autant plus que, par une ironique coïncidence, le cousin de Frank, son époux, fait son grand retour en héros du Viêtnam, à la maison. Un homme au charme duquel Tiny n’est pas insensible et qui en sait plus sur elle que son propre mari…

Mon avis.

A la lecture de ce résumé, vous pensez avoir tout deviné ? Oubliez vos hypothèses. Vous vous trompez.

Dès le premier abord, tout m’avait séduite dans ce livre : l’époque, le contexte, l’intrigue en apparence simple mais qui devait forcément cacher quelque chose (oh oui !), l’esthétique rétro de la couverture qui mettait déjà dans l’ambiance.

Il y avait un petit quelque chose Jackie Kennedy dans ce livre-là…

Deux ans. En deux ans, la vie de Tiny change du tout au tout et, perdant sa liberté, elle se coule dans ce moule d’épouse parfaite pour lequel elle a été éduquée, souriant aux photographes, faisant des mondanités, soutenant sans faille son politicien de mari. Mais qui est la Tiny qui existait auparavant ?

En alternant deux voix de narration, celle du narrateur omniscient qui nous raconte la Tiny du passé en 1964 et celle des pensées actuelles de Tiny en 1966, Beatriz Williams nous permet de saisir toute la complexité de son personnage principal et de découvrir une toute autre facette que celle de la jeune femme riche et gâtée qui s’ennuie dans son mariage. Au fur et à mesure des chapitres, la lecture devient de plus en plus haletante, on découvre avec angoisse dans quel piège vicieux de tractations et de conventions la jeune femme s’est prise. Suivant cette épouse soucieuse au départ de préserver la carrière prometteuse de son mari de son passé, on en vient à se dire que l’urgence serait plutôt de protéger Tiny elle-même.

De façon subtile, au coeur de la fiction, le roman lève sur le voile sur les codes et morales d’une bonne société sans pitié pour les femmes et la place qu’elles se doivent de tenir… quoi qu’il en coûte. On ne peut s’empêcher de se demander ce qu’ont vécu dans ses années-là les Jackie Kennedy et autres Nancy Reagan. Quelles couleuvres ont-elles du avaler avec le sourire, au détriment d’elles-mêmes ? Quelles aspirations personnelles ont-elles laissé sur le bas-côté de la route du pouvoir ? Et au final, quand on réalise le carcan moral, social et intellectuel dans lequel elles étaient éduquées, peut-on considérer qu’on leur a vraiment laissé le choix ?

Voilà toutes les questions que le périple de Tiny suscite chez son lecteur.

De doutes en sueurs froides, on n’aura de cesse de suivre ce personnage que l’écriture posée, précise et addictive de Beatrix Williams n’a de cesse de rendre plus attachante. Tirant tranquillement mais subtilement sur les fils de son intrigue dans une ambiance feutrée, l’auteur n’a de cesse de nous surprendre, alors même qu’on pensait tout avoir deviné.

D’une route tranquille, la vie de Tiny se transforme en virage en épingle à cheveux où survient l’urgence de prendre une décision. Si Les Lumières de Cape Cod perdent au fil de la lecture de leur éclat, le roman lui n’en devient que plus brillant. Une lecture qui a comblé mes attentes… A dévorer sans modération !

7 réponses à “Les Lumières de Cape Cod.”

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