S’il y avait un conseil d’administration du monde des geeks, assurément il en serait une haute autorité. A lui-seul, il représente une part de la culture télévisuelle française et de l’histoire de Canal + (en ses bonnes années).
Il est l’une de ses personnalités qui savent fédérer un public et rassembler des castings de choix. Dans son sillage, on trouve bien évidemment Chantal Lauby ou Dominique Farrugia, mais aussi Gérard Darmon, Jean-Pierre Bacri, Agnès Jaoui, Alexandre Astier, Michel Hazanavicius… Et bien d’autres.
Il est aussi celui à qui on pardonne ses absences, ses blagues nulles et dont on savoure les retours. En terme de taulier télévisuel, il est une référence pour toute une génération.
Mais fi des préambules ! Ladies and gentlemen, veuillez accueillir comme il se doit le pire ventriloque burger qui soit, mais un homme de talent incontestablement.
Have You Met Alain Chabat ?
Fiche signalétique
Nom complet : Alain Chabat
Date de naissance : 24 novembre 1958
Nationalité : française
Profession : acteur, scénariste, réalisateur, producteur, animateur
Signes distinctifs : Coupe de cheveux de Moïse. Humour irrésistible. Fait super bien le chien mais est nul en ventriloquie.
Les Nuls et la gloire
Animateur radio à ses débuts pour France Inter ou RMC, Alain Chabat voit la chance lui sourire lorsqu’il fait la connaissance en 1984 de Pierre Lescure. Celui-ci est en train de lancer Canal + et va l’embarquer dans l’aventure.
C’est dans ce contexte qu’en 1987 va naître Les Nuls, quatuor d’humoristes composé d’Alain Chabat, Dominique Farrugia, Chantal Lauby et Bruno Carette. Un groupe qui doit tout au hasard des rencontres et des amitiés et qui va reposer sur une énorme complicité et la liberté de ton incomparable dont on jouit à l’époque sur la chaîne cryptée.
Une dynamique se met rapidement en place avec une inventivité sans faille. Les Nuls osent, testent, s’amusent. Canal + leur offre un véritable laboratoire de l’humour. Ils jouent avec les limites de l’humour, frisant parfois la vulgarité, sans jamais y plonger complètement. Incisifs, ils utilisent l’humour absurde pour parodier. Ils finissent ainsi par créer un style bien à eux qui va marquer le public et le paysage audiovisuel et sera récompensé par deux 7 d’or.
Après Objectif Nul (série parodique composée de sketchs), apparaît rapidement le JTN (Journal Télévisé Nul), rubrique parodique de l’émission Nulle Part Ailleurs. Puis en 1990, c’est l’apparition de Les Nuls, l’émission qui regroupe d’une certaine façon les deux concepts. Les Nuls ont désormais leur propre programme dans lequel les suit un certain nombre de guests et de copains.
Mais entre temps, en 1989, le quator a subi une lourde épreuve : la disparition de Bruno Carette. Un drame qui a marqué le groupe et signé l’arrêt de A,B,C, D Nuls. En 1992, Les Nuls l’émission s’arrête.
Pourtant en 1994, ils se retrouvent et se lancent dans le propre film, La Cité de la Peur réalisée par Alain Berberian, qui avait déjà signé la réalisation de leurs émissions. Délicieusement absurde, jouant avec bonheur sur le style du nanard assumé, le film deviendra une référence pour les amateurs de l’humour Nuls et en matière de répliques cultes. Une petite scène pour le plaisir.
C’est La Cité de la Peur qui fera passer ce qui est désormais un trio du petit au grand écran, et notamment Alain Chabat.
« C’est le phare à on. Qui est comme le chef des nous. «
Après La Cité de la Peur, Alain Chabat continue sa route au cinéma. En tant qu’acteur comme à la réalisation, il confirme ses talents. Petits rôles, premiers rôles, coups de pouce à des copains, de Gazon Maudit (où il impressionne la critique en 1995) à Astérix et Obélix, Mission Cléopâtre (2001) en passant par Le Goût des Autres (2000), Sur la Piste du Marsupilami (2012), Rrrr (2003), Qui a tué Pamela Rose (2002), Papa (2004), La Guerre des Boutons (2011), Santa&Cie (2017), Kaamelott (2007), un clin d’oeil dans La Nuit au Musée 2 (2009) , Alain Chabat touche à tout. Il passe de l’humour à l’émotion et signe le meilleur comme le pire, restant toujours fidèle à lui-même. On le croirait dispersé, pourtant toujours il choisir ses projets.
Il en déconcerte certains, en rebute d’autres, mais jouit d’une côte de sympathie sans faille auprès du public. Car, envers et contre tout, reconnaissons-le, il faut avoir le charisme et le talent d’un Chabat pour arriver à faire jouer un truc aussi farfelu que Didier (1997) à Jean-Pierre Bacri et en faire un carton.
Rappelons qu’avec des répliques telles que « On ne sent pas le cul des gens !« , le film réussit à décrocher le César du meilleur premier film en 1998 et une nomination pour le meilleur second rôle !
Didier semble d’ailleurs un des films les plus représentatifs de la touche Chabat. Ce truc indéfinissable entre loufoquerie, humour potache et pourtant une certaine subtilité, une émotion, un équilibre.
En 2002, Chabat marque un nouveau coup d’éclat : Astérix et Obélix, Mission Cléopâtre. En adaptant cette célèbre aventure des gaulois irréductibles d’Uderzo et Goscinny, il accomplit un singulier tour de force que seul Alexandre Astier parviendra à relever à son tour en 2014 en version animée.
Non seulement il donne un coup de jeune à la bande-dessinée tout en respectant scrupuleusement l’histoire et l’esthétique, mais il parvient à imprimer son style et son humour sans que cela détonne.
Nul ne fait plus doute alors de ses qualités en tant que réalisateur ou scénariste. D’autant qu’à voir le casting, quand Chabat écrit, il sait pour qui il écrit et les rôles sont taillés sur mesure.
Le film est soigné de A à Z, splendide dans les costumes, méticuleux jusque dans la moindre bêtise, les références geeks et le carton pâte des décors. De fait, il rentre direct dans la case culte.
Dans le sillage d’Alain Chabat, on trouve une tribu d’habitués et de copains avec qui souvent il signe ses projets. Les vieux de la vieille comme Chantal Lauby, Dominique Farrugia, Jean-Pierre Bacri ou Gérard Darmon et puis les jeunes, biberonnés à l’humour des Nuls, comme Jamel, Maurice Barthélémy, Marina Foïs… C’est cette tribu qui le suivra lorsque, en août 2001, il crée avec Kader Aoun, le Burger Quiz.
Quatre nuggets, un menu et l’addition s’il vous plaît !
Le Burger Quiz est donc un jeu télévisé qui est au départ diffusé sur Canal + de 2001 à 2002. Présenté par Alain Chabat, il se présente sous forme de quiz de culture très générale, en plusieurs parties, où s’affrontent entre deux équipes Mayo et Ketchup, composées chacune de deux guests et un candidat.
Voilà pour la partie conventionnelle des choses. Dans la réalité, l’émission oscille entre le show et le jeu car, sous la tutelle de Chabat, entourés d’invités très bien choisis, les choses dérapent vite, même si on respecte les règles. Les copains répondent d’ailleurs présents sans difficulté et le jeu se caractérise par une ambiance franchement conviviale. Le maître mot est de s’amuser, puisque l’important est de participer, non de gagner.
Et c’est un succès !
Mais en juillet 2002, le show s’arrête. Sans explications officielles. Quelques mois plus tôt, Pierre Lescure a été limogé par Jean-Marie Messier de Canal +.
Cependant, à la surprise générale, l’émission fait son grand retour après 16 ans d’absence, en mai 2018 sur TMC, avec l’équipe d’origine et toujours sous la tutelle capillairement fantasque d’Alain Chabat. La mayonnaise reprend comme si c’était hier avec un public et des guests toujours au rendez-vous.
Le Burger Quiz ressemble à son animateur et concepteur. Curieux, polyvalent, ouvert à tous les sujets de culture générale. Impertinent, dissipé, foisonnant d’auto-dérision, les vannes fusent joyeusement, les bons mots font le régal des spectateurs et on n’hésite pas à tacler sur des sujets d’actualité dans le feutré. Bon enfant et respectueux, l’ambiance reste conviviale et on ne tombe jamais dans l’humiliation gratuite. Ce qui explique que tout le monde n’y ait pas sa place, mais ceci est un autre sujet.
Monsieur Chabat
Si on s’y arrête deux secondes, on constate qu’Alain Chabat est quelqu’un de discret, de secret même. On n’en sait peu sur lui, si ce n’est ce qu’il consent à nous montrer à l’écran. Il fait rarement des vagues, mais reste toujours honnête sur ce qu’il pense, ne court pas les plateaux télé mais multiplie les projets. Pourtant, là où il s’implique, il parvient à imprimer sa patte, ce petit quelque chose à la fois drôle et très humain qui le caractérise. Il fait rire mais il touche aussi Chabat. Très fort. Surtout quand les copains lui taillent un joli rôle.
C’est probablement cette façon d’être fidèle aux copains, égal à lui-même qui fait sa force. Le talent, il l’a, sans conteste. Mais il possède également un charisme et un style qui n’appartiennent qu’à lui. On aime la touche Chabat et on aime Monsieur Chabat, car il est comme il est. Ni plus, ni moins.
6 réponses à “Have you met Alain ?”
❤ Parce qu'il n'y a rien d'autre à dire. ❤
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A reblogué ceci sur Bigrebloget a ajouté:
On peut lui construire une allée avec plein de statues, ou un truc pointu, on peut lui offrir un Yorkmouth ou une bolinette, et lui faire expliquer comment on fait les bébés.
Lui, c’est l’excellent Alain Chabat, qu’on ne devrait plus présenter même si. Alors préparez-vous à bien rigoler, et lisez donc ce qu’en a dit ma Califette! ❤
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Suis fan . Et j aime bcp le film prête moi ta main aussi
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Bel hommage à ce grand homme français, trop rares dans l’humour. Il a marqué et marque encore. D’autres sont là et seront oublié demain, pas lui. (Une remarque : le titre de la vidéo que tu as mis d’Astérix mission Cléopâtre indique « scène culte », mais en vrai, la totalité du film est une juxtaposition de « scènes cultes » ! Quand j’y pense, je serais bien incapable de définir le film par une seule scène !)
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❤❤
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Cléopatre reste pour moi son meilleur film!
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