Quitte à avoir un père, autant qu’il s’appelle Gabin…

Résumé.

516kz7uqholEditions Le Livre de Poche. Parution : 2004. Prix: 5.50€

Ecrivain, scénariste, scripte et réalisatrice, Florence Moncorgé-Gabin a grandi dans l’ombre paternelle d’un monstre du cinéma.  Dans ce délicieux vagabondage à travers ses souvenirs de femme et de petite fille, elle trace un double portrait : celui, intime, de son père et celui de sa propre carrière dans le monde du cinéma. Au fil d’anecdotes tendres, drôles, émouvantes, mordantes parfois, elle raconte cette étrange aventure qu’est le fait de grandir au cœur du monde du  cinéma, d’y faire ses premiers d’adulte, en étant la fille de… Mais quitte à avoir un père, autant qu’il s’appelle Gabin.

Mon avis.

De son père, Florence Moncorgé-Gabin aura hérité  trois choses : son sens du cinéma, son amour des chevaux et son sacré caractère. Ni biographie, ni autobiographie, avec cet ouvrage, elle nous invite tout simplement à feuilleter l’album de photos de sa vie. De Versailles à la Moncorgerie (1), en passant par Deauville, on suit les (multiples !) migrations de la famille au gré de la bougeotte de Monsieur Père.

Au fil des pages, se dessine la relation filiale entre cette jeune femme forte, décidée et ce Gabin intime. Un père singulier, plein de contradictions, un peu bohème, un peu bourgeois, tendre mais tyrannique dans ses exigences, poussant ses enfants à faire leurs preuves mais dérouté quand Florence décide de quitter le nid. Il y a les côtés qu’on connaît de ce Gabin là, sa mauvaise foi, son coup de fourchette, son amour des plats roboratifs, des chevaux et des copains. Et il y a ceux que l’on n’imaginait pas, sa peur des incendies, son anxiété, son aversion pour la chaleur, ses goûts simples et ses élégances, ce papa poule obsédé par la santé de ses enfants. Et surtout sa relation compliquée à la vocation de Florence pour le cinéma.

Mais à travers le regard de son Florence sur son père et par la suite sa propre expérience professionnelle, c’est tout un pan de l’histoire du cinéma des années 50 à 80 qui se révèle. Page après page, au fil des anecdotes, on fait des détours dans le cours du temps et apparaissent des noms comme Ventura, Grangier, Renoir, Audiard, Blier, Fernandel, Delon. Des visages, des présences qui gravitent dans l’univers de la petite Florence, nourrissant certainement une vocation. Plus tard, elle fera ses premiers pas de scripte aux côtés de certains d’entre eux, notamment avec Michel Audiard.

Mais son père, toujours exigeant sur ce type de sujet, la laissera faire ses preuves seule, sans chercher à lui donner un coup de pouce pour encourager sa vocation et il lui faudra attendre 1975 et l’Année Sainte pour exercer son métier aux côtés de son père. Mais Florence n’est pas une Gabin pour rien et il en faudrait plus pour la décourager. Elle tracera son chemin en compagnie des grands réalisateurs de l’époque et elle nous révèle ici les déconvenues, les p’tits bonheurs et les grands moments de son métier, ce qui l’en a éloignée et ce qui l’a ramenée au cinéma.

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Avec simplicité, Florence Moncorgé-Gabin nous livre à travers ses souvenirs des parts d’elle-même. Sa relation au monde du cinéma se fond dans sa relation filiale et chaque anecdote ajoute une touche au portrait de la fille comme du père. Tendre, intime, drôle aussi et émouvant, ce petit ouvrage sans prétention est tout simplement un beau moment de cinéma, écrit par une professionnelle passionnée pour qui le grand écran est une histoire de famille au propre comme au figuré. Et en toile de fond, plane l’ombre familière de Jean Gabin.

Source Collection Musée Jean Gabin. Tous droits réservés.

(1) La Moncorgerie est le nom donné à la maison familiale construite par Jean Gabin sur le domaine de la Pichonnière en Normandie, acquis en 1952. En raison de son statut d’acteur, il ne sera jamais accepté par le monde agricole, en dépit de son travail acharné pour mettre en valeur ce domaine qui sera une partie de sa vie. Une délégation de paysans s’introduit même de force dans sa propriété pour tenter de le contraindre à vendre des terres, le voyant comme un « cumulard », alors même qu’il a été exclut des aides pour la sécheresse qui avait sévit cette année-là.  Meurtri, il finira carrément par mettre le domaine en ventre en octobre 1976. Il décédera en novembre de cette même année.  

28 réponses à “Quitte à avoir un père, autant qu’il s’appelle Gabin…”

  1. J’adore le cinéma classique alors Gabin m’intéresse beaucoup.
    C’était quelqu’un de bien mais de pas commode et quand je pense à comment il a laissé la pauvre Marlène Dietrich.
    Bisous à toi et à plus sur nos blogs respectifs!

    Aimé par 1 personne

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