Résumé.
Editions Bragelonne. Parution Septembre 2005. Prix : 20€
Editions Mylady. Réédition : Mai 2015. Prix Poche : 8.20€
Sur les murs de Dros Delnoch, la forteresse drenaïe réputée imprenable, se dresse la silhouette imposante de Druss. Celui qui est pour tous une Légende s’apprête à mener un ultime combat. Au pied des murailles grondent les féroces armées nadires. Un peuple fier au côté duquel le vieux guerrier s’est battu par le passé.
Pour donner du coeur au ventre à Pellin, une jeune recrue, Druss se replonge dans ses souvenirs et lui raconte ce pan d’histoire nadire auquel il a participé. L’histoire d’un guerrier légendaire, d’un tombeau oublié, de joyaux magiques, de la grandeur retrouvée d’un peuple. L’histoire du Roi-Dieu gothir fou et des Yeux d’Alchazzar…
Mon avis.
Nous voilà donc partis avec les Petits Pédestres Croustillants pour une nouvelle aventure en terre drenaïe. Broco le Hobbit porte la réserve de saucisson, Isa La Rousse les fringues propres et Mimine (Charmant Petit Monstre) le jaja. Quant à moi, j’ai la carte, ce qui veut dire qu’on va se paumer.

La Légende de Marche-Mort est l’un de mes tomes préférés du cycle drenaï. Et le pire c’est que j’aurais du mal à vous expliquer pourquoi.
Il y a sans doute un petit côté sentimental qui joue. C’est que je l’aime bien mon vieil ours bourru. Lui, ses raisonnements abrupts, sa morale tranchée et sa diplomatie particulière.
Venez mourir, bande de fils de pute !
Avec Druss, on ne s’ennuie jamais. Si il ne tombe pas au bon milieu d’une guerre, il en naît une sur son chemin. Comme dit ce cher Sieben :
« Tu sais comme les arbres attirent la foudre pendant l’orage. Eh bien Druss est pareil. Où qu’il aille, les batailles surgissent autour de lui. C’est désespérant. »
Druss est un guerrier avant tout. Il ne s’embarrasse pas de grands raisonnements : il fait ce qu’il pense juste, parfois même contre tout bon sens. Fidèle à son code, il se place toujours du côté du faible ou de l’opprimé.
« Ne viole jamais une femme, ne fais pas de mal aux enfants. Ne mens pas, ne triche pas, ne vole pas. Laisse cela aux gens médiocres. Protège les faibles contre les forces du mal. Et ne laisse jamais l’idée de profit te guider sur la voie du mal. »
L’une des morales que nous apprend Druss est que le vrai courage est de se battre pour une juste cause. Même si cela l’oblige, comme dans le cas présent, à se retourner contre l’armée de son propre peuple.
Ce n’est pas un héros, un preux chevalier en armure. Il n’est ni blanc, ni noir. Druss… c’est Druss. Bourru, malin, intègre, fidèle et loyal. Il fait ce qu’il doit faire et essaie de ne jamais rien regretter. C’est ce qui définit toutes ses actions.
Voilà pourquoi j’aime tant le personnage de Druss et La Légende de Marche-Mort le révèle pour moi dans toute sa splendeur. D’ailleurs, nous avons deux Druss pour le prix d’un. Et si !
Ne faites pas cette tête, je n’ai pas encore tourné la carte, comme on dit. Nous avons bien deux Druss: l’un, vieux briscard d’une soixante d’années perché sur les remparts de Dros Delnoch, qui regarde à travers la brume des souvenirs son double de trente ans prendre place dans les rangs nadirs. Une singulière mise en abîme qui éveille une certaine sympathie chez le lecteur.
Lorsque nous avons quitté Druss pour la dernière fois, il avait une vingtaine d’années et venait de retrouver sa belle Rowena. C’est un homme plus posé, plus mature que nous retrouvons dans ce récit. Adieu l’impulsivité et la fougue du jeune chien fou. Que ce soit au présent ou au passé, Druss a déjà bien des batailles et des morts derrière lui. Son nom est connu jusque dans les steppes nadires. C’est le Druss que nous allons côtoyer pour le reste de nos aventures drenaïes. C’est lui, la Légende.
A l’inverse des précédents tomes, en ouvrant cet ouvrage, ce n’est pas au début d’une aventure que nous assistons, mais à sa fin. Autant vous le dire de suite, tout cela ne va pas bien se terminer. Pas bien du tout même. La Légende de Marche-Mort est par un paradoxe temporel de narration particulier le chant du cygne de Druss.

Mais June, que veux-tu dire en parlant de paradoxe temporel de narration ? Je vais essayer de vous expliquer ça, le plus clairement possible.
Bien que les murs de Dros Delnoch représentent le temps présent à partir duquel nous glissons dans les souvenirs de Druss dans le récit, pour nous lecteurs, ce tome est un saut temporel dans le futur de notre héros. En effet, nous allons encore le retrouver dans Loup Blanc et Légende (tomes à suivre), alors que nous savons pertinemment depuis Druss la Légende que Dros Delnoch est l’ultime rendez-vous du héros fatigué. Même que c’est un vieux moisi rencontré dans les bois qui le lui a prédit. C’est pénible les vieux moisis !
Cela s’explique par le fait que David Gemmell a écrit Légende avant ces autres tomes. Et si on tente de prendre le cycle de façon approximativement chronologique, ce que nous tentons de faire, à partir de La Légende de Marche-Mort, nous faisons des allers-retours temporels sur la ligne de vie de Druss. Ce qui fait, selon moi, de ce volume un tome charnière.

Oui, je sais, je vous ai un peu perdus là, c’est difficile à se représenter. Fort heureusement c’est très facile à lire parce-que David Gemmell écrit merveilleusement bien et qu’on ne s’ennuie pas deux secondes.
Si d’aventure, vous aviez une pause entre deux batailles, il y aura toujours une âme en détresse à aller sauver dans le Vide, un démon à dézinguer sans se faire acidifier, un joyau à trouver, un ami à sauver, un chaman avec des intentions diaboliques à taper, des hommes à motiver… Bref, on n’est pas là pour rigoler. D’ailleurs vous commencez à le savoir, sinon à le comprendre, Druss n’est pas du genre à faire dans la dentelle.
– Qui suis-je mon garçon, demanda-t-il en le fixant le regard de Pellin de ses yeux bleus, glacés.
-Qu…quoi ? bégaya Pellin.
-Qui suis-je ?
Pellin cligna des yeux pour évacuer la sueur qui coulait le long de ses cils.
-Vous êtes Druss la Légende, répondit-il.
-Reste à mes côtés, Pellin, dit le vieil homme d’une voix grave, ensemble nous les arrêterons. (Soudain le capitaine à la hache se fendit d’un sourire.) Ca ne m’arrive pas souvent de raconter des histoires, mon garçon, et je déteste qu’on m’interrompe. Dès que nous aurons repoussé leur petite sortie, je t’offrirai un godet de lentrian rouge et je te raconterai l’histoire du Roi-Dieu gothir et des Yeux d’Alchazzar.
Pellin prit une profonde inspiration.
-Je ne vous quitte pas d’une semelle, monsieur.
Avec une grande subtilité de plume, David Gemmell réussit à tresser les différentes voies de sa narration, sans nous perdre, jusqu’à en arriver au dénouement final. Les différents points de vues s’alternent, offrant chacun une perspective différente de la situation. Talisman, Druss, Sieben, Nostra Khan, Gargan, Oshikaï, chacun de ces personnages porte en lui une histoire différente et poursuit ses propres intérêts dans ce qui est en train de se jouer. Chacun d’entre eux va influer sur le cours de l’Histoire nadire.
D’ailleurs, ce roman est aussi une occasion de mieux saisir les relations entre les peuples qui se côtoient dans l’univers de Gemmell. Gothirs, lentrians, drenaïs, nadirs et chiatzes, jeux de guerre, de diplomatie, de domination et de rivalité, c’est probablement dans la Légende de Marche Mort, que les liens, croyances, cultures et coutumes de ces peuples sont le mieux expliqués. Ce qui permet au passage d’avoir une meilleure compréhension des tomes qui suivent.
Au passage, on ne peut s’empêcher d’établir un parallèle entre les jeux inter-nations qui se tiennent à Gulgothir (capitale Gothir), le Roi-Dieu fou avec sa garde (prétorienne ?) et ce que nous pouvons connaître de la Rome impériale. De même, l’étrange relation entre chiatzes et nadires n’est pas sans rappeler celle qui fut un temps entre la Mongolie (Nadirs) et la Chine (Chiatze). D’ailleurs, la figure d’Ulric l’unificateur nadir serait inspirée de Gengis Khan, tandis que Talisman, le jeune chef de guerre nadir se baserait sur Attila. Spoilers : Les deux personnages étant les facettes d’une seule et même pièce.
Lorsqu’on prend le temps de saisir tous ces éléments, on perçoit que l’univers de David Gemmell se révèle toujours plus riche, étoffé et passionnant au fil des tomes, sans jamais perdre ce qui fait son charme narratif : des batailles épiques à la stratégie implacable, des héros en demi-teinte, des bonnes réparties, de la séduction, des démons, de la magie, du sang, des tripes, des larmes et de la bravoure.
Sans oublier des salopards à la pelle, de méchants pourris jusqu’à la moelle et des sorciers retors. Mais ça, Mimine en parle drôlement mieux que moi. C’est une question de goût, hein Mimine.
Et au milieu, toujours, Druss, comme un roc.
Je ne referme jamais La Légende Marche-Mort sans un petit serrement de coeur. J’ai l’impression de dire adieu à un ami. Un vieux compagnon de route. Et cette sensation est plus vive encore depuis que David Gemmell nous a quitté en 2006.
Ils doivent être quelque part tous les deux, à boire un godet de rouge lentrian, en se racontant des histoires épiques. Lui, l’auteur de batailles légendaires, et en face la Légende à la double hache. Marche-Mort.
Retrouvez les avis de mes valeureuses compagnes …
13 réponses à “La Légende de Marche-Mort.”
Haaaaan nous citons les mêmes passages!! excellent!!!
Tu sais, je pense qu’un jour, tout comme toi et tout comme j’aime relire les Potter, je relirai tout le cycle! Oui je vais déjà le termioner une fois lol
par contre, quand tu écris, je cite; »C’est un homme plus posé, plus maure que nous retrouvons dans ce récit. », est- ce pour vérifier si on suit bien ce que tu écris ou parce que tes doigts ont ripé? ^^
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Mes doigts ont ripés. Il manque un « T ». Mais ça pue le lapsus.
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ça arrive ^^
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Mazette, qu’elle est belle ta chronique, j’ai presque versé ma petite larme devant tant d’amour (et non, cela n’est pas ironique, sarcastique ou tout autre mot en ique)
C’est vrai que plus j’y repense, plus je pense bien que c’est celui que j’ai préféré, ce qui est un comble vu comme notre relation avait mal commencé. Comme quoi, c’est toujours dans les vieilles soupières qu’on fait les meilleurs ragoûts, ou un truc comme ça (ce commentaire contient beaucoup trop de « comme », c’est scandaleux) Hâte de lire la suite ! Même si c’est Loup Blanc et que j’étais persuadée que c’était Légende après, Mary m’a cassé mon rêve, c’était violent, j’en tremble encore.
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Oui mais dans Loup Blanc, il y a Skilgannon le Damné qui ressemble un peu à Waylander et Druss. Je pense que tu vas aimer
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Et même si tu auras comme un petit air de déjà vu, tu verras c’est sympa. Il y des terres lointaines, des Unis, un temple perdu, des pouvoirs mystérieux.
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Tu racontes bien, dis. Et puis alors merci pour les musiques, j’ai failli lâcher une larme devant mes nouilles chinoises.
Nan c’est vrai que c’est un très bon tome. Comme tu dis le pont temporel est si bien utilisé. Ulric face à Druss, ça fait quèque chose quand même.
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Ce qui m’a achevée perso c’est cet espoir que Druss le reconnaisse… ça me brise le coeur à chaque fois.
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Mais tellement !
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En tous cas j’ai galéré. J’ai écrit la chronique deux fois pour que ce soit comme je voulais
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Je me note aussi ces David Gemmel :).
Bisous à toi et à plus sur nos blogs respectifs!
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[…] on a bien attaqué l’année en reprenant notre folle aventure drenaïe dès le 6 janvier avec La Légende Marche-Mort, dont vous trouverez les chroniques ci-dessous […]
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[…] Druss qui ne reconnaît pas en Ulric le jeune Nadir qu’il aida à défendre le tombeau Oshikaï et les Yeux d’Alchazzar (cf La Légende de Marche-Mort) […]
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