A Study in Scarlet.

Comme je vous en informais dans mon p’tit récap de marsLight and Smell et Satorukudo m’ont fait l’honneur de me convier à une lecture commune de l’intégrale des aventures de Sherlock Holmes. Une invitation irrésistible si vous me connaissez bien, d’autant plus que je n’ai jamais chroniqué ce monument littéraire (cf confession du Throwback Thursday #9). Le petit plus de cette aventure étant que nous avions le choix de nous attaquer à l’objet du délit soit en français, soit en anglais. L’opportunité idéale pour un petit défi personnel et d’un petit tête-à-tête avec Doylie en VO.

Commençons donc par le commencement avec A Study in Scarlet.

Résumé.

Editions Barnes & Nobles. Parution : 2015 Prix : 37.49€

A Study in Scarlet

Médecin militaire parti en Afghanistan comme assistant chirurgien, le docteur John Watson est renvoyé en Angleterre suite à une blessure à l’épaule. Il rentre donc à Londres dans un piteux état, souffrant des suites d’une fièvre jaune et du traumatisme de la guerre. Sans ami, ni parents pour l’accueillir le bon docteur voit ses finances rapidement aussi mises à mal que lui, s’il veut rester à Londres, il va devoir partager un appartement. Dans son malheur il croise le chemin d’un ancien camarade de médecine Stamford qui se fait fort de lui présenter un colocataire potentiel assez particulier : Mr. Sherlock Holmes. 

En dépit du caractère singulier de celui-ci, l’affaire est promptement conclue et les deux hommes emménagent dans une adresse qui va devenir légendaire : le 221b, Baker Street. Rapidement, la curiosité de Watson est piquée par les activités, la personnalité et les connaissances de son étrange compagnon. Mais il n’est pas au bout de ses surprises. Car au 3, Lauriston Gardens, dans une maison abandonnée, un homme vient d’être retrouvé mort, sans blessure apparente, mais du sang sur le sol. Et sur le mur, une inscription : Rache.  Entraîné dans l’enquête aux côtés de Sherlock Holmes, le docteur Watson va découvrir qu’il adopté comme colocataire le plus surprenant des hommes et qu’avec le seul et unique détective consultant, l’aventure n’est jamais loin. Celle-ci les mènera bien au delà du brouillard de Londres, jusqu’aux plaines de l’Utah.

The game is on

Mon avis.

Tout au long de sa carrière de détective consultant, Sherlock Holmes vivra 60 aventures sous la plume de son créateur Sir Arthur Conan Doyle. 60 aventures à travers 56 nouvelles et 4 romans.

A Study in Scarlet, en raison de sa longueur, fait partie des quatre romans. C’est un roman d’exposition qui introduit les personnages et où ceux-ci se mettent en place. Sherlock Holmes entre en scène et nous le découvrons par les yeux du Docteur Watson. Ce qui est amusant car, en tant que lecteur, on profite pleinement de ses réactions, que l’on partage même parfois.

D’un point de vue narratif, on a droit à une poupée russe ou un oeuf de Pâques, c’est à dire une histoire dans une histoire. De mon point de vue, le récit pourrait  globalement se décomposer  ainsi :

  1. Entrée en scène des personnages  : l’histoire du docteur Watson, sa rencontre avec Holmes et leur première phase de cohabitation où Watson intrigué observe longuement son comparse, cherchant à le cerner, prenant même des notes sur ses connaissances. C’est un moment assez comique dans le récit car Watson est  tout à tour curieux, incrédule, étonné, méfiant, stupéfait. Il craint de se faire duper par les démonstrations de Holmes, tel un spectateur avec un magicien.
  2. L’enquête : le télégramme de Lestrade vient faire basculer le récit en introduisant l’élément perturbateur : l’homme mort trouvé à Lauriston Gardens.  Désormais une nouvelle enquête se présente à Holmes, il va pouvoir faire preuve de ses talents sur le terrain. Watson le suit sur son invitation sans hésiter, il va donc pouvoir nous faire suivre le déroulement de l’enquête mais aussi observer Holmes en action, nous décrire ses méthodes et son attitude.
  3. Résolution : Le coupable est attrapé, mais tout n’est pas résolu. D’une histoire nous glissons dans celle que l’homme va nous conter. De retour au présent, Holmes nous donne le fin mot final de l’enquête, dévoilant ses méthodes d’investigations, comme il le fera toujours à l’avenir, sous le regard d’un Watson littéralement bluffé. Et nous aussi d’ailleurs.

On pourrait penser que le style pourrait être poussiéreux, lourd, ampoulé ou rédhibitoire,  A Study in Scarlet date tout de même de 1887, mais étrangement il n’en est rien.  Par quelle magie, quel tour de plume, Doyle réussit-il à garder un style si moderne ? C’est un mystère qu’il faudrait que Sherlock Holmes lui-même résolve.

Le récit vécu à travers les yeux de ce bon docteur est fin, drôle et enlevé. La plume d’Arthur Conan Doyle est incisive et précise, sachant poser des descriptions là où il faut pour entraîner le lecteur dans son univers, le placer dans les chaussures de Watson, nous faire voir ce qu’il voit, et peut-être ce qu’il aurait dû voir mais que Holmes lui n’a pas manqué. Ce point de vue apporte la touche d’humour qui dynamise l’ensemble car, à l’instar de Watson, on a l’impression de s’être fait dupé à chaque fois. Mais Doyle utilise des tournures de phrases simples, des structures grammaticales qui ne sont pas alambiquées à l’excès, afin de pas plomber le rythme du récit. Élément qui contribue non seulement à la fluidité du récit, à sa dynamique mais rend aussi plus aisée la lecture en langue originale, bien que le niveau de langage soit soutenu et le style littéraire admirable.

Cela se lit bien. Cela se lit avec plaisir. C’est savoureux, palpitant, drôle. Même en anglais, la lecture reste fluide. Ayant lu par deux fois l’intégrale en français et grande fan de la série de la BBC, je ne pouvais être grandement surprise par le récit. Je craignais même que ma lecture soit laborieuse. Tout au contraire, j’ai été agréablement étonnée. J’ai eu la sensation singulière mais très agréable de rentrer à la maison, de retrouver quelque chose qui m’avait manqué. Le style de Doyle m’est apparu encore plus piquant, plus vif que dans sa traduction française (qui était pourtant très bonne).

Et ce cher Watson m’a semblé plus fin d’esprit, moins simplement admiratif. On ressent ses doutes, sa méfiance, son incrédulité. C’est d’ailleurs là que j’ai pu constater que le personnage incarné par Martin Freeman était très en accord avec le Watson écrit par Doyle. J’aurais pu caler certaines de ses mimiques sur certaines phrases précises de l’original.

Quant à Holmes, ma foi, comment ne pas être au plus près du personnage qu’en retrouvant les mots de son créateur ? Sherlock était Holmes, fidèle à lui-même, mystérieux, brillant, un peu cabotin, un peu frimeur, un peu théâtral, parfois agaçant, mais toujours époustouflant.

Cette première lecture de l’original était un plaisir renouvelé. Une redécouverte pleine de saveurs (en dépit des excellentes traductions françaises) et je ne peux que conseiller aux aficionados de notre détective consultant de tenter l’expérience.

23 réponses à “A Study in Scarlet.”

  1. Je ne me suis jamais lancé dans les œuvres originales. J’avais trop peur d’être déçu par le style un peu passé. Vu comment j’adore le personnage, je pense que je ne me serais pas remise d’une déception. Mais ton article m’a vraiment rassuré et me confirme le fat qu’il faut que je me lance dans les Conan Doyle.

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  2. Contente de te compter parmi nous pour la lecture commune 🙂
    Je partage ton avis sur le roman en général et le style très actuel de l’auteur. C’est impressionnant de voir comme il aurait sa place parmi nos auteurs actuels. J’ai eu peut-être un peu plus le sentiment d’un Watson contemplatif que toi, mais j’ai aimé sa vision des choses.
    Bref, très belle chronique qui m’aurait donné envie de lire le roman si cela n’était déjà pas fait 🙂

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  3. Bonjour,
    ravie d’avoir participé à cette expérience qui me donne un coup de fouet pour lire cette série que j’adore de façon décousue mais que je ne connais pas entièrement. Contente de partager cette expérience avec vous. Et à très bientôt pour la prochaine lecture et surtout lire vos avis et voir si nous avons les mêmes impressions de lecture.

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  4. Tu me donnes très envie de redécouvrir l’oeuvre que je ne suis même pas sûre de m’avoir déjà lu ! (me frappe pas par pitié !) Je sais juste que j’ai lu Le chien des Baskerville à l’école, pour le reste, mon cerveau ne retrouve aucune sauvegarde…

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  5. On te sent frétiller à travers les lignes XD
    D’après le résumé, j’ai l’impression qu’effectivement ton adaptation favorite a pour beaucoup de choses essayé de coller le plus possible à l’original. C’est un peu surprenant pour les néophytes comme moi qui connaissent surtout via d’autres adaptations.

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    • J’avoue qu’ils ont fait un joli mélange entre modernisation et fidélité à l’original, avec des références bien placées. Du coup quand tu lis l’original tu retrouve toutes les références. C’est un petit plaisir supplémentaire.

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  6. J’avais aussi été stupéfaite de constater à quel point le langage est accessible pour une œuvre datant du 19e siècle. Je n’ai pas encore lu tous les livres mais une fois fait. J’essayerai sûrement la VO histoire de prolonger le plaisir 😊 Super article 👌🏽

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  7. J’ai acheté l’intégrale en anglais dans une belle édition lorsque j’ai visité le 221b Baker Street à Londres, mais j’ai honte d’admettre que depuis le livre trône (à une bonne place) dans ma bibliothèque et que je ne l’ai toujours pas lu. J’avais en effet un peu peur d’un style laborieux en anglais…
    Ta chronique m’a convaincue du contraire, je vais enfin pouvoir me lancer! 🙂

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  8. J’ai un amour presque inconditionnel pour ce roman et ce malgré quelques faiblesses dans la narration, et dans le découpage. A l’époque, en feuilleton, se devait être moins sensible que le roman actuel.
    Bref, c’est ma première lecture SH, et je suis tombée sur le charme du personnage!

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  9. Un jour, lorsque j’aurai le temps (voeu pieu), je me referais l’intégrale de ses aventures en V.O – V.F puisque je possède les éditions Omnibus, avec les BONNES traductions (éviter les éditions du Masque et leurs traductions à la 6-4-2).

    Ce ne sera jamais que la 4 ou 5ème fois que je me refais tout le canon 😉 Quand on aime, on ne compte pas…

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