Résumé
Editions La Table Ronde. Parution octobre 2019. Prix : 26.80€
Au réel que l’on oppose traditionnellement à l’imaginaire quand on parle de cinéma, Henri Alekan substitue le vécu dans cette biographie. Et quel vécu ! Soixante ans de carrière durant lesquelles son regard et son savoir-faire technique se feront les complices de Renoir, Cocteau, Carné, Prévert, Jules Dassin, Henri Verneuil, Yves Allégret, Denis de La Patellière, Jean-Paul Le Chanois ou Amos Gitaï.
Ses lumières écrivent dans l’ombre une page mémorable du cinéma français et lui nous les conte avec l’humilité de ses débuts et l’enthousiasme de sa jeunesse. Un bonheur de lecture pour tous les cinéphiles.
Mon avis : Have you met the D.O.P ?
Lorsque je vous présentais la fonction de D.O.P / Directeur de la Photographie dans un Have you met, j’ai longtemps cherché comment vous représenter à la fois tout l’aspect artistique de ce métier et le côté pointu de son savoir-faire technique.
Je suis heureuse aujourd’hui, tellement heureuse, de pouvoir vous faire découvrir la biographie d’un maître en la matière, qui vous raconte tout cela tellement mieux que moi.
Henri Alekan c’est une légende du cinéma français, une carrière incroyable. On pourrait dirait presque dire que cet homme-là a tout éclairé : La Belle et Bête (1946) de Cocteau, Anna Karénine (1948) avec Viviane Leigh, Le port du Désir (1955), Vacances Romaines (1956) avec Audrey Hepburn, Le Cas du Docteur Laurent (1957) avec Jean Gabin, La Belle Captive (1982), Les Ailes du Désir (1987) ou Berlin-Jérusalem (1989). Mais seuls quelques initiés, des cinéphiles aguerris connaissent son nom, son visage.
Ses souvenirs de tournage, il les effeuille avec tendresse, comme on feuillette un album de famille, sans rien gommer de ses erreurs ou de ses galères.
Ne craignez pas un ouvrage aride, gorgé de logorrhées techniques inaccessibles au profane. Henri Alekan aimait bien trop son art pour ne pas le raconter avec fraîcheur et passion. Chaque projet qu’il nous conte, il le fait avec le bonheur du premier jour. Et si la technique s’invite, c’est pour mieux raconter ses tâtonnements et ses progrès. C’est pour mieux conter le cinéma et sa magie.
Dans le sillage des tournages, il nous mène de Paris à Nagasaki (Typhon sur Nagasaki, 1955), en passant par Pékin, la Sibérie (Les Cerfs Volants du Bout du Monde, 1958) ou Berlin (Les Ailes du Désir (1987).
Chaque nouvelle épopée, il la vit, il la narre avec un enthousiasme toujours renouvelé, une flamme qui ne semble jamais tarir.
La lumière d’Henri Alekan s’est éteinte le 15 juin 2001, mais cela le livre ne le dit pas. Il nous laisse dans les couleurs de ses souvenirs, plongé dans ce vécu qui dépasse parfois l’imaginaire à force de le construire.