Proud to be a fan.

Il y a quelques jours de cela, dans la folie sociale autour de la saison 4 de Sherlock, zonant un thé à la main sur Twitter, je suis tombée sur ceci :

Délicat message à l’intention de l’équipe de Sherlock, d’autant plus émouvant qu’elle avait trouvé les mots parfaits pour écrire ce que chacun d’entre nous ressentait. J’aurais pu écrire le même texte, à quelques virgules près.

Et pourtant, il y a quelques années de cela, l’univers des fandoms, je considérais que ce n’était pas pour moi. J’étais certes une mordue de cinéma et de séries, mais je les trouvais un peu étranges tout de même. Sic !

En réalité, j’étais une fan (et une geek) qui s’ignorait. Je ne voyais pas les signes d’une quelconque appartenance à un fandom. Débiter des répliques de Kaamelott au kilomètre, allons donc ! Tout le monde fait cela ! Pouvoir reclasser un épisode de Stargate ou de FRIENDS au premier coup d’oeil dans la chronologie, une évidence ! Connaître l’intégralité de la production de NCIS, une base. Non ?

J’étais tenue à distance par le regard négatif que l’opinion portait (et porte toujours) sur ce genre de phénomène. Ma bonne éducation me limitait à la vision de cette forme de morale bien pensante qui voit dans le fandom un lieu de décérébration.

En réalité, je pense que je m’émerveillais secrètement et j’enviais ce naturel, cette aisance qu’ont les fans entre eux. Cette incroyable connexion que crée le fait d’avoir les mêmes références et de les partager ensemble à travers des moments particuliers. Le fait de n’être séparés ni par l’âge, ni par la culture, ni par les préjugés ou le physique. Le fait de ne pas craindre le ridicule et s’amuser de soi, protégé par la barrière invisible de la communauté.

Cela vous semble difficile à croire ? Pourtant… Mais cela, c’était avant et j’en souris moi-même aujourd’hui. Je n’imaginais pas alors tout ce que pouvait recouvrir le terme de fandom et même de geek, les deux se rejoignant dans mon cas.

Lorsque j’ai rencontré l’Alter Ego, nous avons dévoré et exploré nombre de séries et de films ensemble. Enfin, je pouvais partager ce genre de sujets avec quelqu’un qui en était aussi imprégné que moi et me lancer dans des débats sans fin. J’avais finalement trouvé un interlocuteur qui ne me regardait pas de biais ou avec une pointe de condescendance quand je me lançais sur de tels sujets. Cela me semblait mon maximum d’espace de liberté en la matière.

Oh douce naïveté…

En réalité, je n’avais pas encore rencontré mon fandom, celui qui par un magistral coup de pied dans le fondement, me ferait franchir le pas et m’assumer en tant que telle.

Un soir de janvier 2011, l’intuition du directeur de la programmation de France 4 devait renverser mon univers. Béni soit ce saint homme qui eut le nez creux. Et si je vous dis que j’aurais pu écrire chacune des lignes de ce message, voilà pourquoi.

  • Thank you for your time, passion, talent, sense of humor and interactions with fans.  Je n’en ai jamais appris autant sur la façon de mener une production cinématographique et les métiers du cinéma qu’avec l’équipe de Sherlock, en particulier sur Twitter. Je leur dois beaucoup. Je n’ai jamais autant ri non plus.
  • This show not only made television history, but it brought us so many special moments and shared memories. It brought so much people together and made possible dozen of lifelong friendships.  Sans Sherlock, il est possible que jamais je n’aurais mis les pieds dans une Convention. Un lieu rempli de gens qui parlent anglais, vous ne vous rendez pas compte ! Elle est où June ? Roulée en boule dans le coin, elle fait une crise d’agoraphobie sociopathique, elle arrive ! Cela m’a amenée à me dépasser, à avoir de l’audace, à oser et surtout à rencontrer des gens totalement différents avec qui partager. Su, Annabelle, Mimine, Broco, Bianca, Isa et tant d’autres, autant de personnes qui ont pris une place dans ma vie. Et que je n’aurais pas connu si je n’avais pas pris ma place en tant que fan. Experte, dirait Anne-Ju. Merci d’ailleurs à elles de partager tous ces moments, ça leur donne une saveur incomparable. Merci pour les références, les clins d’oeils, les brainstormings délirants, les expéditions londoniennes. J’ai aussi pu rencontrer, écouter et discuter avec des professionnels formidables et ça, ça n’a pas de prix.
  • It turned thousands of miles to just inches, it inspired us to follow our dreams and  it made us battle our demons. Si Sherlock a été l’impulsion qui m’a permis de m’assumer en tant que fan, c’est parce-qu’enfin ce show apportait à la télévision l’excellence à laquelle j’avais tant aspiré pendant de nombreuses années. Franchir ce pas m’a permis de devenir vraiment moi-même. D’être enfin complète. De ne plus avoir le cul entre deux chaises, comme on dit, en tentant de refréner, moduler ou tempérer mes propos sur certains sujets, pour éviter d’avoir ce type de regard convexe de mon interlocuteur.
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Regard dû au fait qu’il était presque suspect d’être autant spécialisée sur certains sujets, comme le cinéma. A n’en pas douter, je ne devais pas avoir la même existence que les gens dits « normaux », d’où, parfois, ce genre de réactions lorsque j’ouvrais la bouche pour parler d’une série ou d’un film lors d’un dîner par exemple.

whaaaaat

M’assumer en tant que fan m’a permis de m’assumer en tant cinéphile, que sériephile, m’a redonné l’envie d’écrire et de partager. Et maintenant, j’ai passé un palier. Je suis level expert. Quand je l’ouvre sur le sujet, ça donne plutôt ceci :

J’exagère un peu, mais clairement ma crédibilité est passée level 80. Oui les 20% restants sont la marge d’erreur en fonction du sujet exact et des goûts de ton interlocuteur. D’un coup, oser révéler avec assurance mes connaissances sur le sujet change radicalement l’image du fan gloussant sur un acteur physiquement intelligent. En même temps, mon fandom a pour héros une loutre avec un nom qui le fait le bruit d’un pet dans le bain, je suis relativement à l’abri de ce genre de suspicion.

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  • It made possible pour many of us not to feel lonely again. En dépit de certains aspects négatifs du fandom (car il en existe), être fan m’a permis de trouver une communauté. Des gens de tous horizons avec qui échanger, partager des moments qu’on ne peut pas forcément partager avec les gens qu’on côtoie au quotidien, car eux (et ce n’est pas une critique) ne le comprendraient pas. C’est un enrichissement culturel et social autant qu’un exutoire émotionnel. C’est aussi intense que supporter une équipe sportive pendant une finale, sauf qu’il y a un aspect culturel élargi en plus.
  • Thank you very much. Si j’avais eu 14 ans et des hormones en folie, sans doute n’aurais-je pas une vision si rationnelle des choses, néanmoins, plus je m’intègre dans ce fandom, plus je me rends compte à quel point  il a apporté des choses à ceux qui le composent,  autant humainement que socialement ou  artistiquement. Ce petit tweet n’étant qu’un exemple parmi tant d’autres. Je ne pense pas que cela soit spécifique à Sherlock. Avec Internet, le fandom est devenu un formidable vecteur social, permettant à tous ces gens si différents de se retrouver autour de références communes, brisant des tabous ou des préjugés. Non, le fandom n’est pas réservé aux minettes de 12 à 16 ans. Non, être fan n’est pas une preuve d’immaturité. Oui, être fan peut être synonyme de la possession d’une certaine culture. Nombreux sont les fans de Sherlock qui connaissent Sir Arthur Conan Doyle, sa vie, son oeuvre et ses adaptations sur le bout des doigts, sont des cinéphiles ou des lecteurs assidus.Être fan m’a apporté mille fois plus que ce que j’aurais pu penser de prime abord. Et, loin de tourner à une obsession malsaine, c’est aujourd’hui la source de nouvelles inspirations professionnelles, une ouverture vers de nouveaux horizons. Je ne dirais pas que « si j’existe, c’est d’être fan » , car il est dérangeant pour moi d’imaginer qu’on puisse vivre uniquement à travers quelque chose ou quelqu’un. Mais il est certain que c’est désormais une part de moi. Sherlock termine sa saison 4 et, peut-être touche à son heure dernière. Jamais je ne pourrais les remercier autant que je le voudrais ou expliquer tout ce qu’ils m’ont apporté. Cependant, comme beaucoup d’autres, je me tiens aujourd’hui fière de tout cette équipe cast & crew que je soutiens, fière d’avoir partagé cette étonnante aventure. Proud to be a Sherlock Fan
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16 réponses à “Proud to be a fan.”

  1. Cet article mérite plein de coeur ❤ ❤ ❤ ❤ ❤ ❤ ❤ ❤ <3, etc. Marrant la référence au sport, car lors de la diffusion dimanche du dernier épisode de Sherlock, on a frappé à ma porte pour me demander un truc et j'ai hurlé "N'ENTRE PAS, JE REGARDE SHERLOCK", telle une supporter qui refuse de laisser s'échapper une seconde d'attention pendant la grande finale de la coupe du monde. On a certainement dû me prendre pour folle, mais tant pis. J'assume. J'ajouterai également que dans mon entourage, j'ai eu le plaisir, l'immense joie de voir et d'entendre que mon fangirlisme pour Sherlock n'était pas "mal vu", mais au contraire totalement accepté et apprécié. Que se soit ma famille ou les regards intéressés à Noël quand ma mère a crié (on crie beaucoup dans la famille pour s'exprimer, on a un gros organe vocal) que sa fille était aller à Londres pour la convention Sherlock, les copains et copines qui dès qu'on parle de Sherlock Holmes me sourient sans aucune condescendance… Bref. C'est comme si cette "reconnaissance" faisait que c'était bien réel tout ça. Ouais parfois j'oublie que ce n'est pas que dans ma tête Sherlock. C'est bien là. Bien réel.

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  2. Love sur ta maman et sa fierté. La mienne rêve de venir à la Convention, true story. Je l’imagine bien taper la discussion avec Una pendant que je traduis. Je pense que c’est quelque chose de mieux en mieux perçu, même si on demeure comme des spécimens rares aux yeux de certains. Oui Sherlock c’est bien réel. Il y a un avant et un après. Définitivement cela un impact inattendu sur nos vies. Et c’est amusant de penser que tout ça a commencé avec deux amis, fans d’un certain Détective Consultant, fruit de l’imagination d’un certain docteur. Deux professionnal fanboys comme dit Su.

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  3. Quel article émouvant! Bravo! Je me reconnais aussi dans ton parcours. Pour ma part, c’est le Seigneur des Anneaux qui a provoqué cela. J’avais 17 ans en 2001 quand il est sorti et je me rappelle que je n’assumais pas du tout mon fandom (j’avais même honte d’acheter des magazines sur le sujet). Alors que lorsque le Hobbit est sorti, plus de problème! J’assumais pleinement car j’avais pris confiance en moi. Et aujourd’hui, je te garantis que s’il y a une Convention LOTR même à Paris, je cours m’y rendre!

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