Have you met… Mark ?

Un certain 22 septembre 2015, apparaissait sur ce blog une rubrique que j’allais particulièrement affectionner, le fameux Have You Met.

Le principe ? Inspiré de la célèbre réplique de Barney Stinson, « Have you met Ted ? », le concept est simple : présenter des personnalités culturelles remarquables (acteur, auteur, artiste, scénariste, réalisateur, etc.) connues, peu connues ou inconnues, vous les faire découvrir ou redécouvrir.

Pour l’ouvrir en grande pompe, je choisissais, avec une totale objectivité de vous présenter un acteur, scénariste, réalisateur, auteur et comédien à qui je voue une grande admiration.

Le pauvre ayant un peu, essuyé les plâtres comme on dit, j’ai mis un point d’honneur à remanier et compléter dignement sa présentation, que j’en ai profité pour actualiser au passage.

Alors, pour la seconde fois, mais avec tapis rouge

Have you met Mark Gatiss ?

Fiche signalétique

Profession: Scénariste AKA serial killer, acteur, auteur, producteur.

Né le : 17 octobre 1966

Nationalité : britannique

Signes distinctifs : En duo symbiotique avec Steven Moffat, appelé Mofftiss

Source Sherlockology. Tournage Sherlock saison 3.
Source Sherlockology. Tournage Sherlock saison 3.

Au bonheur des fans

Acteur de télévision comme comédien de théâtre, en 20 ans de carrière, Mark Gatiss a multiplié les apparitions : à la radio, à l’écran (petit ou grand) et sur les planches.

Il aime le théâtre et celui-ci le lui rend bien. D’ailleurs il reçoit en 2015 une récompense pour son second rôle dans la pièce Corionalus. Et la même année il est sur les planches du National Theater à Londres pour Three Days in the Country où sa performance est largement saluée par la critique.

Connu au départ, notamment en Grande-Bretagne, pour ses talents comiques d’acteur dans The League of Gentlemen pour lequel il reçoit le Edinburgh Festival’s Perrier award (1997) et qui marque le début de son succès et de sa popularité auprès du public britannique. Mais il ne s’arrête pas là et s’illustre aussi en signant des scénarios pour la télévision, notamment pour…

Allons-y, tous en choeur !

Copyright BBC
Copyright BBC

Série dans laquelle il fait du même coup quelques apparitions et qui grave dans le marbre sa collaboration avec Steven Moffat et Sue Vertu du même coup.

Pas pour la joie de tous, visiblement. Beaucoup critiqueront la ligne scénaristique choisie par Moffat. Certes, Russell.T. Davies avait fait un coup de maître en relançant brillamment la série en 2005, mais les changements faits par Moffat méritaient-il de crier à l’hérésie ? J’en doute. Cependant c’est un large débat qui dépasse notre sujet. Pour ma part, il est inédit, que, Moffat ou non, je dédaigne un épisode de Doctor Who,à fortiori ceux écrits par Mark. Tout comme ceux où il fait une apparition.

Quoiqu’on en pense, il nous faut néanmoins rendre grâce à cette collaboration. Car, au détour d’une discussion dans un train au retour de Cardiff (dit la légende), elle donnera naissance à un nouvel incontournable de la télévision britannique.

De nouveau, tous en choeur !

Copyright Hartswood Film/BBC
Copyright Hartswood Film/BBC

Dans lequel il incarne Mycroft, membre mineur du gouvernement britannique et/ou CIA en free-lance selon son petit frère Sherlock.

Ses multiples activités ne l’empêchent pas de continuer à faire d’autres apparitions télévisées. Son interprétation de Tychos Nestoris dans Game of Thrones ne passe inaperçue, en dépit de son épaisse barbe et de son air dépressif.

Photo Mark Gatiss
Source Allociné Copyright : © HBO

Il se glisse également dans les épisodes 7 et 8 de la saison 4 de Being Human, passe faire un coucou dans Wolf Hall, pour hop sauter en 2015 dans London Spy aux côtés de Ben Wishaw et Jim Broadbent, entre autres.

Au cinéma, il joue les figurants en audio dans Shaun of the Dead (présentateur radio) et un peu de doublage dans Wallace & Gromit le mystère du Lapin-Garou (Miss Blight). Il apparaît aussi dans Starter for Ten (2006) dans lequel il croise un certain Benedict Cumberbatch.

Continuant son crochet par le cinéma, il rejoint les copains du casting de Sherlock (Andrew Scott, Louise Brealey, Alistair Petrie), Daniel Radcliffe et James McAvoy dans le Victor Frankenstein de Paul Mc Guigan. Et non il ne joue pas la créature !

Dans le futur, on devrait le voir figurer au casting de The Good Omens, l’adaptation en série de l’oeuvre éponyme de Neil Gaiman avec David Tennant et Michael Seen. Mais il a d’autres projets sur le feu…Notamment être à l’affiche du film Christophe Robin (qui reprend l’histoire de de Winnie the Pooh) dont la sortie est annoncée pour août 2018.

Et si vous vous posez la question : il joue le méchant. Même dans Winnie.

Disons-le simplement, Mark Gatiss prend un malin plaisir à multiplier les domaines d’actions, ce qui n’est pas pour gâcher le nôtre.

Le dandy littéraire

Au milieu de tout ça, monsieur trouve également le temps de commettre des oeuvres littéraire et s’illustre en tant qu’auteur avec en particulier la série The Lucifer Box qui comprend :

  • The Vesuvius Club,
  • The Devil in Amber
  • The Black Butterfly.

Cette trilogie relate les aventures de Lucifer, dandy, mauvais garçon et agent secret de la Couronne, avec le style et l’humour mordant caractéristiques de Mark Gatiss et que les amateurs de Sherlock sauront reconnaître.

En même temps une série de livres avec les mots Lucifer, Devil, Black dans les titres… qui d’autre aurait pu écrire ça ?

Pour les curieux non-anglophones, savez que que The Vesuvius Club et The Devil in Amber ont été traduit et sont disponible en français chez Bragelonne, sous les titres Le Club Vésuvius et L’ambre du Diable.

« Our professional fanboys »

C’est ainsi que mon adorable amie Susana appelle le Moftiss infernal. Ce en quoi elle a tout à fait raison. De la bouche de Mr Moffat himself, il est un homme qui écrit des fanfictions pour vivre. Comme quoi il y a 50 shades of Grey et il y a… le talent. Oups ! J’ai écrit ça à voix haute ? Désolée.

Certes, de prime abord, Mak Gatiss ne respire pas toujours la joie de vivre et la passion qu’on attribue d’ordinaire aux fans. Quand il s’y met, il peut même avoir une tête de serial killer à vous faire éviter les recoins sombres.

Sherlock's Chronicles. Copyright BBC Books
Sherlock’s Chronicles. Copyright BBC Books

Vous sentez ce côté Je pourrais vous arracher la jugulaire avec les dents ? En même temps, quand il le fait, on a parfois l’impression que c’est juste pour nous narguer… Et puis il a parfois des réflexions/expressions de psychopathe qui traumatisent tout Internet.

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Mais Mark Gatiss est un fan avant tout.

Derrière la Lucifer Box, c’est son amour de James Bond et d’Oscar Wilde qu’on sent vibrer. J’ai même l’impression d’y trouver un peu de ce qu’il a mis dans Mycroft.

Derrière An History of Horror, documentaire en trois parties qui explore l’histoire du cinéma d’horreur, c’est le passionné du genre cinématographique qui nous fait découvrir son univers.

Derrière Doctor Who, c’est le gamin qui regardait la série, entre trouille et fascination.

Derrière Sherlock, c’est l’amoureux de Doyle.

C’est sans aucune doute d’ailleurs cette passion commune avec Moffat pour Doyle qui fait tout le charme de la série.Ils prennent un malin plaisir à utiliser les éléments originaux, à les adapter, à parsemer les épisodes de références à différentes nouvelles.

Des amateurs de bons vins devant une cave pleine de millésimes. C’est un travail d’artistes amoureux.

Amoureux oui. C’est bien le mot.

Posez-vous donc deux minutes et écoutez-donc Mark Gatiss parler d’Undershaw.

{Nota : Undershaw est la maison conçue par Doyle pour sa femme malade Louise dans l’espoir de sa guérison. L’endroit emblématique où il se décida à ressusciter Sherlock Holmes. Pour en savoir plus : Undershaw, the rebirth of Sherlock Holmes.}

Vous la sentez vibrer cette corde sensible ? Cet émerveillement de gosse ? Étrange sensation n’est-il pas que de découvrir le fan derrière le scénariste ? Pourtant, qui mieux qu’un fan pourrait comprendre les fans eux-mêmes ?

A ce jeu-là, Mark Gatiss s’y entend mieux que personne.

Si son travail sur Doctor Who a valu l’animosité d’une partie de la population britannique à Steven Moffat, Mark Gatiss, en revanche, bénéficie d’une aura de sympathie chez les fans qui fait concurrence à celle de Mr Cumberbatch lui même.

{Nota : Ne jamais lâcher Mark Gatiss et Andrew Scott ensemble. C’est un carnage. Ceci dit je vous encourage, en dépit de la qualité (rire ou filmer il faut choisir) à regarder les vidéos, Vous en resterez  » beach body party ready« .}

Plus qu’un showrunner, cet homme est un teaser à lui-seul. Il sait comme personne, établir une complicité avec les fans et surtout jouer de leurs attentes. En témoigne ce tweet pour les quatre ans de diffusion de Sherlock.

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On peut le voir comme un incorrigible sadique. Mais je crois surtout qu’il jubile autant à préparer ses scénarios que les fans à en regarder le résultat.

Who is Mark Gatiss ?

Il n’y a pas de réponse à cette question. Car, la véritable réponse n’appartient qu’à l’intéressé et se situe dans la sphère privée.

Ce qu’on peut en voir ne nous donne que des éléments parcellaires de ses multiples facettes. Mais après des années de Sherlock et de Doctor Who à découvrir le personnage au fil des rôles, des talks, des interviews, des conventions, je peux vous dire que le peu qu’il laisse voir compose un tableau passionnant.

Un brin dandy, empruntant autant à Doyle qu’à Oscar Wilde, avec un brin de docteur Frankenstein. Passionné, cultivé, pince-sans-rire, à l’humour délicieusement mordant. Auteur, acteur, scénariste, producteur, qui sait laisser sa marque si particulière sur tout ce qu’il touche.

Personnalité engagée aussi, qui milite pour les droits des homosexuels (Voir An afternoon with Mark Gatiss and Friends) tout comme pour la préservation d’Undershaw ou la sauvegarde de la BBC. Il n’a guère la langue dans sa poche et n’hésite pas à tacler avec son sens de la formule légendaire.

« It’s blindingly obvious, and what the BBC needs to do – and is doing much more of – is just to grow a pair of bollocks and be robust about it and fight back! »

Mark Gatiss Source : Interview Digital Spy du 10 août 2015

Mais derrière la Gatiss Touch, l’armure de cynisme et de mordant, transparaît une certaine fragilité, une sensibilité écorchée. En novembre 2017, dans une interview au Financial Times, le scénariste confiait :

« I am so, so depressed about the state of the world that it is physically affecting.[…]
Things like the destruction of Palmyra by Isis physically affected me. I cannot bear an assault on history, I can’t bear it. And now that’s hand in hand with an assault on science and reason. »

Source Financial Times Magazine

Décidément, Mark Gatiss semble cacher encore bien des facettes et il n’a pas fini de nous étonner. D’ailleurs avec son comparse diabolique, ils ont mis sur les rails une version de Dracula pour la BBC qu’ils devraient nous livrer pour 2019. Tout un programme connaissant sa fascination pour les films d’horreur.

Si j’en avais le cran, je lui répondrais, un jour, face à face, à propos de ce tweet, qu’il est normal qu’un homme talentueux ait un jour à part entière pour le célébrer, mais que deux grands esprits ne doivent jamais rester trop éloignés.

Voilà pourquoi l’anniversaire d’Oscar Wilde et le sien se suivent.

Apparemment, il doit y avoir une corrélation astrale niveau talent sur cette semaine d’octobre.

Pas de bol, j’suis née en juin.

17 réponses à “Have you met… Mark ?”

  1. Merci pour ce joli portrait, qui m’inspire deux réflexions qui ne sont pas des critiques.

    D’abord, pour le grand public britanniques, Gatiss est d’abord et principalement un membre de la troupe de The League of Gentlemen. C’est comme ça qu’il s’est fait connaître et c’es toujours en partie grâce à ça qu’il bénéficie d’un gros capital sympathie.

    Deuxièmement, il ne faut pas exagérer l’animosité dirigée contre Steven Moffat: le milieu des fans de Doctor Who est très toxique depuis, au moins, les années 1970, et le producteur en place fait toujours l’objet de critiques extraordinairement agressives. Elles sont ensuite oubliées dès qu’arrive son remplaçant, qui se retrouve alors dans la même situation.

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    • Merci pour ces réflexions complémentaires. Effectivement The League of Gentlemen est indissociable du succès de Mark Gatiss, c’est ce qui l’a rendu populaire auprès du public britannique. Je n’ai peut-être pas assez appuyé sur ce point.
      Quant à Doctor Who, Russel.T Davies avait joué un coup de maître en relançant brillamment la série et beaucoup n’ont pas apprécié les changements faits par Moffat. Personnellement j’ai apprécié presque autant l’un que l’autre, même si parfois les épisodes sont légèrement inégaux en qualité. Je vois juste deux styles différents mais tout autant que les interprètes successifs révèlent des facettes différentes du Docteur. Pas de quoi donc crier au sacrilège. Je n’ai pas encore vu le résultat sous la direction de Chris Chibnall mais étant donné que j’ai aimé son style dans Broadchurch et qu’il a travaillé sur Torchwood, je suis optimiste.

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      • C’est juste qu’au delà d’être un artiste, Gatiss est une personnalité, et forcément son profil n’est pas le même dans son pays qu’à l’étranger. Si Alain Chabat se rendait mondialement célèbre en réalisant des films de fantasy, les Français continueraient malgré tout à le voir comme un comique avant tout, alors que le reste de la planète le verrait comme un réalisateur.

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      • Tu as tout à fait raison de le souligner. C’est important de s’en rendre compte. Car dans mes Have you met je m’efforce de donner un portrait aussi complet que possible, ce qui peut parfois biaiser l’image, c’est vrai.

        Aimé par 1 personne

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