Cet homme-là est un cadeau du destin. Il a suffi d’un court-métrage et d’une conjonction des éléments pour le lancer telle une étoile filante vers les sommets de la gloire. Onze ans, six saisons, deux spectacles et des centaines de répliques cultes plus tard, il s’est imposé malgré lui comme une figure de référence.
Sa curiosité et sa façon d’aller au fond des choses, de se spécialiser sur chaque sujet qui le passionne en font une sorte de modèle de geek.
Perfectionniste, maniaque, incapable de déléguer, « chiant » de son propre aveu, sa façon très tranchée de dire les choses renvoient parfois une image faussée de quelqu’un de pédant. En réalité, ce caractère entier a à coeur de créer de façon qualitative pour éveiller la curiosité de son public, ouvrir des horizons, élever la culture populaire…
On redoute ses réparties, il est péremptoire, c’est peu de le dire. Mais indéniablement il fascine et reste une figure attachante à l’instar de laquelle le public fait preuve d’une fidélité sans faille.
So have you met Alexandre ?

Fiche signalétique
Profession: Auteur, scénariste, réalisateur, compositeur/musicien, humoriste, comédien.
Né le : 16 juin 1974
Nationalité : français (Oh oui !)
Signes distinctifs : Notre souverain (rain, rain), dégaine la répartie plus vite que son ombre (attention ça pique !). Marathonien de la dédicace.
L’homme de tous les talents.
Il est strictement impossible de résumer Alexandre Astier tant cet homme-là a le don agaçant de toucher à tout et d’y exceller ! Tenter de le résumer d’ailleurs serait réducteur. Paradoxal pour un homme qui semble ne pas avoir de limites dans ses domaines de prédilection.
Fils de comédiens ( Lionnel Astier et Joëlle Sevilla), il fait ses premiers pas en tant que comédien au théâtre mais dédie ses premières amours à la musique. L’interprétation et la composition ne lui suffisant visiblement pas il glisse du théâtre au cinéma et attaque l’écriture et la réalisation.
Evidemment il y est bon ! Dies Irae son court-métrage remporte le prix du public du Festival Off-Courts en 2003, ouvrant la voie royale à Kaamelott. Ironie de l’histoire, lui qui n’a pas la télévision, se retrouve à mettre sur pied cette série pour M6.
Kaamelott : attention série culte !
Les valeurs de la famille Astier
Kaamelott c’est l’incarnation du style Astier. Toute la tribu, au sens large du terme, y distille sa touche à sa façon. Car, Alexandre Astier a une conscience aiguë de ceux pour qui il écrit. Il ne caste pas, il écrit pour ceux qu’il a déjà vu jouer. Alors forcément les rôles collent à la peau.
Chez les Astier, le talent artistique se cultive en famille, en famille étendue même. Ainsi dans Kaamelott on retrouvait au casting père (Lionnel Astier), mère (Joëlle Sévilla), demi-frère (Simon Astier), belle-mère (Josée Drevon), enfants accessoirement et la compagne aux costumes (Anne-Gaëlle Daval). FAMILLE !
Et quand je parle de famille étendue, je pourrais même dire très étendue, car on y retrouve aussi les amis de toujours. Est-ce l’esprit de famille/tribu ou un fonctionnement spécifique ?
Allez savoir, le fait est que ça marche.
D’ailleurs, ce fonctionnement n’est pas propre à Alexandre, car son demi-frère Simon fait de même sur Hero Corp où on retrouve sa mère, son père… et son demi-frère ! Et où à l’instar de son frère aîné, il enfile différentes casquettes en compagnie de quelques amis communs!
Parfois, je me demande si cette tendance à s’entourer de proches n’est pas une forme de garde-fou. Si la conscience de leurs défauts/travers ne les pousse pas à s’auto-cadrer par le biais de la présence de gens qui les connaissent bien et peuvent mettre le holà… Il faut bien toute une tribu pour supporter, dans tous les sens du terme, un tel phénomène.
Ceci était la minute freudienne de l’article.
« Peut-être… mais je préfère quand c’est vous le roi ! »
Mais ne vous y trompez pas, si le sens de l’humour et de l’écriture semble être une histoire familiale, aux commandes sur Kaamelott, il n’y en a qu’un : c’est Alexandre Astier. Du scénario à la bande-originale, en passant par l’interprétation et la réalisation, il chapeaute tout et s’attache au moindre détail.
Le sens du rythme, de la composition, de la mise en scène, les situations, les réparties cinglantes et décalées, les références historiques, les décors, les costumes, la lumière, autant de points sur lequel il a l’oeil et qui portent la marque de son perfectionnisme forcené. C’est affiné, ciselé, poli comme un bijou. A tel point que les répliques deviennent un second langage pour les inconditionnels. On cite du Kaamelott comme on citerait Cyrano.
Kaamelott devient incontournable et rentre dans la case Culte bien avant la fin de ses six saisons. Et une génération de geeks choisit spontanément Alexandre Astier comme chef de file. Dix ans plus tard, la moindre de ses dédicaces mobilise les foules.
Pourtant, à l’époque, il est loin d’avoir dévoilé tout son potentiel.

Astier en scène
Alexandre Astier est un touche à tout. Un esprit brillant qui prend plaisir à explorer sans scène de nouveaux sujets. La bonne nouvelle pour nous c’est qu’il transforme cette curiosité dévorante en création. Il prend, il se perd de recherche en recherche, dévore, explore et au final nous tire de cela des spectacles aussi ludiques que détonants.
Que ma joie demeure.
La musique est un incontournable de la carrière d’Alexandre Astier. De sa personnalité même. En 2012, il offre à son public un spectacle inattendu : Que ma joie demeure ! Glissé dans la peau de Jean-Sébastien Bach, il délivre une singulière leçon humoristique de musique et d’histoire. Le sujet est ardu mais il s’y révèle un vulgarisateur d’une virtuosité hors du commun. Du coup, il ne va pas s’arrêter là…
L’ExoConférence
De la musique il passe à un autre sujet qui le passionne depuis l’enfance : l’espace ! Lui qui rêvait enfant de s’envoler dans les étoiles, va nous y emmener. C’est parti pour la conférence sur la question de la vie extraterrestre la plus drôle et la plus ludique qui soit. Et pour bien mener la chose il a mis son ami Jean-Christophe Hembert aux manettes de la mise en scène.
Accrochez-vous, car le monsieur a travaillé son sujet à fond. Comme toujours. La communauté scientifique récompense même son travail de vulgarisation en lui dédiant un astéroïde. Lui qui ne se voit pas comme une star, c’est ironique.
En attendant, la magie Astier opère toujours : il séduit son public tout en le cultivant, le fait rire en titillant sa curiosité.
Alexandre le conquérant
En parallèle de tout cela, Alexandre Astier ne chôme pas. Il multiplie les incursions au cinéma, réalisant même son premier long métrage David et Mme Hansen. « Réalisant » étant toujours réducteur, puisque comme à son habitude, il est à tous les postes.
Je pense même qu’il a du faire le café… On en parle de ce problème dans le fait de déléguer ?
Le film dévoile une jolie facette de la sensibilité d’Astier, déjà entre-aperçue dans la tournure dramatique des dernières saisons de Kaamelott. Pourtant le film reçoit un accueil très mitigé de la presse. Mieux accueilli par le public, ce n’est tout de même pas un succès retentissant.
Mais côté cinéma, comme dans beaucoup de domaines, Alexandre a plus d’un tour dans son sac. Il tire encore une fois son épingle du jeu en 2014 avec le film d’animation Astérix et le Domaine des Dieux.
Au scénario et en partie à la réalisation (qu’il partage avec Louis Clichy) le style Astier inimitable ressuscite à l’écran l’esprit de la bande dessinée de René Goscinny et Albert Uderzo. Un délice !
Et on n’arrête pas un tel TGV en route, puisque Astérix et le secret de la potion magique est prévu pour le 5 décembre 2018. Et hop bande annonce tout chaude, sortie aujourd’hui !
La quête du Graal
Et puis il y a toujours dans les cartons la fameuse trilogie Kaamelott sur grand écran, annoncée depuis 2010 et tant attendue par les fans. Longtemps retardée par le différent juridique avec CALT sur les droits de Kaamelott, le projet avait semblé reprendre vie lorsque Alexandre Astier avait récupéré les droits.
S’installe un hiatus qui semble interminable aux fans, avec en sus, interdiction d’en parler au maître qui en a un peu ras le bol qu’on vienne lui remettre ça à toutes les sauces sur le tapis des réseaux sociaux. Comme certains n’ont vraiment pas le sens de la mesure, ça peut se comprendre. Et le 22 janvier 2019, bloum !
Personne n’ose encore vraiment y croire, car on le sait, Monsieur Astier aime peaufiner le détail. Pourtant, un an après, rebloum !
Il faut croire que le destin est farceur et qu’il va falloir la mériter cette trilogie, car le film qui devait sortir en avance, voit finalement sa sortie reportée de deux mois et annoncée au 25 novembre 2020.
Il faudra plus pour décourager les fans de Kaamelott qui ont appris depuis longtemps à avoir confiance en les promesses de leur Souverain(rain, rain) et que la patience était une arme dans la quête du Graal.
La croisade culturelle du Roy Astier
Ne faites surtout pas l’erreur de prendre Alexandre Astier pour un dilettante ou un amateur amusé. Si ses talents de comédien ou musicien ont été formés de façon « académique », il met un grand soin à documenter et à approfondir chacun des sujets qu’il aborde.
Qu’il s’agisse de la légende arthurienne avec Kaamelott ou des théories scientifiques sur la vie dans l’univers, Alexandre cherche, fouille, enquête, écoute, consulte et croise les sources. Il nous sortirait une thèse à chaque spectacle qu’on ne serait que moyennement surpris.
Il n’a pas prétention à apparaître comme un spécialiste sur les sujets abordés, seulement les recherches le passionnent. Vulgariser semble être un de ses talents, apporter un plus entre deux tranches d’humour, une vocation.
Cette exigence permanente, jusque dans ses discours, passe parfois aux yeux de certains, pour de la pédanterie. Ce qui m’apparaît une grossière erreur quand on écoute les discours du monsieur…
Alors oui, c’est un petit peu brut. On pourrait même dire que ça tranche.

Obligée de mettre une Arthur’s face au Papa d’Arthur… LE comble !
S’il a la formule élégante, il a le verbe haut, pas toujours le sens de la diplomatie et un certain côté péremptoire. Mais peut-on pour autant lui donner complètement tort ? Après tout, ce n’est pas un tort que de vouloir élever le débat et distiller largement la culture générale.
Vous avez quatre heures. Merci de ne pas me pourrir les commentaires.
Chez Alexandre Astier, il y a l’intelligence, la curiosité et l’exigence. Quelquefois, on a l’impression que ce qui fait son charme, est aussi un peu un poids pour lui. Qu’il est en décalage permanent d’une part et que, d’autre part, ce qu’on en vient à projeter comme image sur lui n’est pas l’image qu’il a de lui.

Le personnage est complexe, parfois abrupt. Il n’est pas toujours diplomate et on ne peut pas dire non plus qu’il ait la langue dans sa poche. Mais cet homme-là est passionnant, fascinant. Quel que soit le sujet dont il s’empare, cela pourrait être une thèse sur l’utilisation des toilettes dans l’espace, on pourrait l’écouter parler pendant des heures. Il a le verbe, le talent d’orateur et la passion.
Comme beaucoup de fans de Kaamelott, je lui suis reconnaissante de savoir jouer de son humour, de son talent, de son style pour élever le débat et titiller notre curiosité.De nous emmener vers d’autres terrains de jeux et parfois nous éclairer.
C’est notre souverain (rain,rain).

Celle-là est plus pour le fun que pour le côté lumière de l’esprit…
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Kaamelott : Le Graal par ci, le Graal par là.
Breaking News, les framboises sont perchées sur le tabouret de ma grand-mère.
9 réponses à “Have you met … Alexandre ?”
A reblogué ceci sur Bigrebloget a ajouté:
Impossible de ne pas avoir au moins lu son nom quelque part. Cet homme est le Roi des rois, le Dieu de la répartie, celui qui a réussi le tour de force de déglinguer ma légende préférée et que je m’en foute royal.
Alors, parce que ma Califette l’encense comme il faut cette semaine, What’s his name? Alexandre Astier of course! 😀
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Un superbe article qui lui est dédié ! Tu as de la chance de l’avoir rencontré !
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Très bel article mon Dragon ! ❤
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Superbe article ! Mais je suis un peu vendue, j’adore aussi le bonhomme… J’aime son talent de vulgarisateur, sa folie de nous vouloir faire apprendre plein de choses sous couvert de l’humour.
La petite anecdote du jour : lorsque j’étais tutrice en fac de lettres, j’ai voulu utiliser des citations de Kaamelott pour faire les contrôles de grammaire. L’enseignant qui m’encadrait a tout simplement impressionné par tous les jeux de mots, de langue, de construction présents à absolument chaque réplique que j’ai pu sortir de cette série ! L’année suivante, j’ai validé une matière en présentant un oral sur cette série. Le bonheur.
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Ça c’est du fan level ! Chapeau !
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[…] cette semaine. Un détail infime mais qui en dit long sur vous, lecteurs. Voir Jane Austen et Alexandre Astier se talonner dans les articles consultés. Postés respectivement lundi et mardi, les deux articles […]
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Génial ton article, je pense qu’on est d’acccord à son sujet. C’est un parcours assez incroyable. J’adore ton style aussi, je trouve que tu arrives bien à transcrire ce qu’il est, ce qu’il transmet !
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[…] ce mois-ci, je vous propose de lire la lettre d’amour de June à Alexandre Astier. Ce sera tout et c’est déjà […]
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[…] Octobre, mois de la geekitude, et vous ne vous y êtes pas trompés ! Au programme : des rencontres, des retrouvailles aussi, des répliques de Kaamelott plein la bouche et… not’ bon Sire. Merci encore à lui pour ce superbe moment et à mes compagnons d’aventure pour… tout ! J’en profite pour vous remettre le lien du Have You Met consacré à notre souverain (rain, rain) remis à jour pour l’occasion : Have you met Alexandre Astier ? […]
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